La Turquie mise sur les investissements émiratis et du Golfe pour sauver son économie en difficulté
Le retour des relations entre la Turquie et le Golfe ouvre la voie à Ankara pour attirer des investissements et conclure des partenariats dans divers secteurs
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a entamé une visite aux Émirats arabes unis, la dernière étape d’une tournée dans le Golfe au cours de laquelle il a cherché à attirer des investissements dans son pays, qui souffre d’une grave crise économique et financière, tandis que les conditions de vie de larges segments de la population turque se sont détériorées en raison de l’inflation persistante.
La tournée de trois jours a inclus l’Arabie saoudite et le Qatar, où des accords ont été signés pour revitaliser l’économie de la Turquie, qui fait face à une inflation importante et à un effondrement du taux de change de la monnaie nationale.
L’Agence de presse émiratie « WAM » a rapporté qu’Erdogan était arrivé aux Émirats arabes unis pour une visite officielle dans le pays, accompagné de son épouse, Amina Erdogan, en provenance du Qatar, où il avait rencontré l’émir du pays, le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Les deux présidents ont confirmé lors de leurs entretiens « le fort désir des deux pays de renforcer la coopération bilatérale en améliorant les échanges commerciaux et les relations économiques ».
Le président Erdogan a offert à son homologue émirati, le cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyan, une voiture fabriquée localement appelée « TOGG ». Erdogan a offert la voiture de couleur blanche au président émirati après leur rencontre bilatérale au Qasr Al Watan à Abu Dhabi. Les deux dirigeants ont examiné la voiture pendant un moment dans la cour du palais, puis ont pris une photo devant elle.
La couleur blanche de la voiture s’appelle « Pamukkale », du nom des roches calcaires blanches qui ressemblent à du coton dans la zone touristique de Pamukkale dans la province de Denizli, à l’ouest de la Turquie. Ankara détient à 100% les droits de propriété intellectuelle et industrielle de la voiture et cherche ainsi à construire une marque mondiale et à former un noyau pour un système de transport turc complet.
Il s’agit de la deuxième visite d’Erdogan aux Émirats arabes unis depuis le retour de la chaleur dans les relations entre les deux pays à la fin de l’année 2021, après plusieurs périodes de tension au cours de la dernière décennie.
Les Émirats arabes unis et la Turquie ont soutenu des parties en conflit dans la guerre en Libye et ont divergé sur la question de l’exploration gazière en mer Méditerranée. Ankara a également apporté son soutien à des membres de groupes islamiques, dont les « Frères musulmans », classés comme organisation « terroriste » aux Émirats arabes unis et dans le Golfe.
Les relations ont également été tendues en raison du blocus imposé par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte au Qatar, allié le plus proche de la Turquie, qui a duré de 2017 jusqu’au début de 2021. Les tensions ont également augmenté avec les pays du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite, à la suite de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018.
Cependant, le retour des relations turco-golfiques ouvre la voie à une augmentation des investissements dans l’économie turque. En mars 2021, les Émirats arabes unis et la Turquie ont signé un accord de partenariat économique global visant à augmenter la valeur du commerce non pétrolier à 40 milliards de dollars par an dans les 5 prochaines années. En 2021, un fonds de 10 milliards de dollars a été créé pour soutenir les investissements en Turquie.
Le total du commerce non pétrolier entre les Émirats arabes unis et la Turquie s’élevait à environ 19 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 40 % par rapport à 2021 et de 112 % par rapport à 2020, faisant de la Turquie l’un des 10 principaux partenaires commerciaux des Émirats arabes unis, selon des données officielles émiraties.
