Politique

Refus international croissant du plan israélien d’occuper Gaza


Le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra dimanche une réunion pour examiner le plan israélien, au milieu d’avertissements onusiens sur une escalade dangereuse et d’appels à y mettre fin immédiatement pour sa violation du droit international.

La décision du cabinet de sécurité israélien d’approuver un plan militaire de grande envergure visant à prendre le contrôle de la bande de Gaza a suscité une condamnation internationale généralisée de la part de multiples acteurs à travers le monde.

Le plan prévoit l’occupation de la ville de Gaza par le déplacement de ses habitants vers le sud, puis l’avancée dans les zones résidentielles, avant de passer à l’occupation des camps de réfugiés. L’ONU a averti que 87 % de la superficie de l’enclave est déjà soumise à l’occupation ou à des ordres d’évacuation, et que toute nouvelle expansion militaire aurait des conséquences « catastrophiques ».

Les ministres des Affaires étrangères de l’Australie, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni ont publié une déclaration conjointe condamnant la décision israélienne. Ils ont affirmé que cette offensive aggraverait la crise humanitaire, mettrait en danger la vie des otages et pourrait provoquer un déplacement massif de population ainsi qu’une violation du droit international humanitaire.

Ces pays ont appelé à un cessez-le-feu permanent et à l’acheminement de l’aide humanitaire, estimant que la solution à deux États est la seule voie vers la paix, à condition de désarmer le Hamas et de confier à l’Autorité palestinienne un rôle dirigeant.

Parallèlement, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira dimanche pour discuter du plan israélien de contrôle de la ville de Gaza, selon trois sources diplomatiques citées vendredi par l’AFP. La réunion, initialement prévue samedi, a été reportée à dimanche.

Prévu à 10h (14h GMT) à la demande de plusieurs membres du Conseil, ce rendez-vous se tient dans un climat d’inquiétude internationale croissante à l’égard du plan israélien. La mission du Panama, qui préside le Conseil ce mois-ci, n’a donné aucun détail, mais samedi correspondant à une fête juive, il est certain qu’Israël souhaitera intervenir lors de la réunion.

Peu avant, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a mis en garde Israël, par l’intermédiaire de sa porte-parole, contre « une escalade dangereuse » susceptible d’« aggraver les conséquences catastrophiques auxquelles sont confrontés des millions de Palestiniens ».

Cette réunion, demandée par plusieurs pays membres, a été saluée par la mission palestinienne auprès des Nations unies.

La décision de Benyamin Netanyahou d’ordonner à l’armée israélienne de prendre le contrôle de la ville de Gaza pour « vaincre » le Hamas a provoqué une vague d’indignation mondiale.

Guterres a averti que cette mesure pourrait entraîner « davantage de déplacements forcés, de morts et de destructions massives, aggravant une souffrance indescriptible pour les Palestiniens à Gaza ».

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé à l’arrêt immédiat du plan israélien « visant à une prise de contrôle militaire totale de la bande de Gaza occupée ».

Selon lui, cette démarche « contrevient à l’arrêt de la Cour internationale de justice qui impose à Israël de mettre fin à son occupation dès que possible et de parvenir à une solution à deux États, ainsi qu’au droit des Palestiniens à l’autodétermination ».

Le Hamas a estimé vendredi que ce plan constitue « un crime de guerre à part entière » menaçant la vie d’« environ un million de personnes » et signifiant « le sacrifice » des otages qu’il détient dans la bande assiégée.

Dans un communiqué, le mouvement a déclaré : « Ce que le conseil des ministres sioniste a approuvé comme plan pour occuper la ville de Gaza et expulser tous ses habitants constitue un crime de guerre complet », ajoutant que cela s’inscrit dans « une politique d’extermination, de déplacement forcé et de pratiques brutales qui relèvent du nettoyage ethnique ». Le Hamas a averti « l’occupant criminel » que « cette aventure criminelle lui coûtera cher et ne sera pas une promenade de santé ».

Plusieurs États et organisations arabes et islamiques ont également rejeté vendredi la décision israélienne d’occuper entièrement Gaza et ont appelé à une intervention internationale, qualifiant la mesure de « poursuite d’une guerre d’extermination et de violation du droit international ».

Les Émirats arabes unis ont exprimé « leur condamnation la plus ferme et leur profonde réprobation » de la décision israélienne, avertissant des « conséquences catastrophiques » de celle-ci, notamment l’augmentation du nombre de victimes civiles et l’aggravation de la crise humanitaire. Ils ont exhorté la communauté internationale, l’ONU et le Conseil de sécurité à assumer leurs responsabilités et à mettre un terme à ces pratiques illégales contraires au droit international.

L’Arabie saoudite a également condamné « avec la plus grande fermeté » cette décision, dénonçant « les crimes de famine, les pratiques brutales et le nettoyage ethnique contre le peuple palestinien ».

Riyad a averti que l’incapacité de la communauté internationale et du Conseil de sécurité à stopper immédiatement les attaques israéliennes saperait les fondements du système et de la légitimité internationaux, menaçant la paix et la sécurité au niveau régional et mondial.

Le Koweït a exprimé « son rejet catégorique » de cette décision, la qualifiant de « violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire », affirmant qu’elle compromet les perspectives de la solution à deux États et la création d’un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.

L’Égypte a condamné « avec la plus grande fermeté » la décision, affirmant qu’elle vise à « renforcer l’occupation illégale, poursuivre la guerre d’extermination et éliminer toute perspective d’État palestinien ».

Elle a averti que la poursuite de la politique israélienne « n’aboutira qu’à attiser le conflit, accroître la haine et propager l’extrémisme ».

La Jordanie a, pour sa part, affirmé que ce plan représente « une violation grave du droit international et un obstacle évident à la solution à deux États, ainsi qu’au droit du peuple palestinien à établir son État indépendant sur les lignes de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale ».

Le communiqué a affirmé « le rejet par le Royaume et sa ferme condamnation de ce plan, qui constitue le prolongement de la politique du gouvernement israélien extrémiste utilisant la famine et le blocus comme arme contre le peuple palestinien ».

Le ministère des Affaires étrangères irakien a exprimé, dans un communiqué, « sa condamnation la plus ferme » du plan israélien, le qualifiant de « violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire ».

L’Irak a réaffirmé son rejet « de ce plan d’escalade », qu’il a décrit comme la continuation de la politique de famine, de déplacement forcé et de massacres collectifs pratiquée par l’occupation israélienne contre les civils innocents de Gaza, soulignant qu’il s’agit de « crimes de guerre appelant à une reddition de comptes au niveau international ».

Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a exprimé, dans un communiqué, « la condamnation la plus ferme par Doha de la décision des autorités d’occupation israéliennes d’occuper entièrement la bande de Gaza ».

Il a qualifié cette décision de « développement dangereux annonciateur d’une aggravation de la crise humanitaire due à la guerre en cours dans l’enclave, doublant ses conséquences catastrophiques et sapant les efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu permanent » dans le territoire.

Le ministère qatari a insisté sur « la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités juridiques et morales et d’agir de toute urgence pour empêcher les autorités d’occupation israéliennes de mettre en œuvre cette décision, et de s’opposer fermement à leurs violations continues du droit international humanitaire et des résolutions de légitimité internationale ».

Il a également souligné la nécessité de contrer au niveau international l’utilisation par Tel-Aviv « de la nourriture comme arme de guerre et moyen de famine contre les civils », appelant à contraindre Israël à garantir l’entrée sûre, durable et sans entraves de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Le ministère a réitéré la position « ferme et constante » du Qatar en faveur de la cause palestinienne et de la résilience du peuple palestinien, fondée sur les résolutions de légitimité internationale et la solution à deux États, garantissant l’établissement d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.

De son côté, l’Organisation de la coopération islamique a condamné, dans un communiqué, « avec la plus grande fermeté » la décision israélienne, la considérant comme « une escalade dans la série de crimes de génocide, de destruction, de famine, de déplacement forcé et de siège imposé par Israël à la bande de Gaza ».

Elle a affirmé que « ces crimes constituent une violation flagrante du droit international humanitaire » et a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à « agir immédiatement et de manière décisive pour imposer un cessez-le-feu global et permanent, garantir l’entrée sans entraves et en quantités suffisantes de l’aide humanitaire et des besoins essentiels dans toute la bande de Gaza, et fournir une protection internationale efficace au peuple palestinien ».

Le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, Jasem Al-Budaiwi, a déclaré que « la décision de l’occupation constitue un défi flagrant à la volonté de la communauté internationale et une violation manifeste de toutes les résolutions onusiennes et lois internationales ».

Dans un communiqué, il a souligné que « cette dangereuse escalade sape tous les efforts visant à parvenir à une paix juste et globale » et a exhorté la communauté internationale à « intensifier ses efforts et prendre des mesures urgentes et efficaces pour faire pression sur les forces d’occupation israéliennes afin qu’elles cessent leurs violations graves et systématiques, et fournir une protection internationale au peuple palestinien ».

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a pour sa part exprimé « le rejet et la condamnation les plus fermes du plan de réoccupation de la bande de Gaza, de sa mise sous contrôle israélien, du déplacement des habitants de Gaza et du confinement de la majorité des habitants du territoire dans une étroite zone au sud ».

Il a affirmé que « la Ligue arabe a mis en garde à plusieurs reprises contre le danger de laisser carte blanche à Israël pour mener sa guerre criminelle et insensée contre le peuple palestinien dans le but d’éliminer sa cause et de l’anéantir en tant que groupe national », soulignant que « le moment est venu pour la communauté internationale d’adopter une position ferme afin de mettre fin à ce cycle sanglant ».

Aboul Gheit a considéré que le plan d’occupation de Gaza est « le reflet réel des intentions et objectifs israéliens depuis le début de la guerre, consistant à réoccuper l’ensemble du territoire et à expulser le plus grand nombre possible de ses habitants vers l’extérieur, ce que la partie arabe rejette totalement et catégoriquement, tout comme le reste du monde ».

Le Parlement arabe a également condamné la décision israélienne de réoccuper la bande de Gaza, « une mesure agressive qui constitue une violation flagrante du droit international et des résolutions de légitimité internationale ».

Il a déclaré que « cette décision dangereuse fait fi de tous les efforts visant à instaurer un cessez-le-feu et à ouvrir une voie politique sérieuse menant à la fin de l’occupation et à l’établissement d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale, et constitue la continuation de la politique de génocide, de famine et de déplacement forcé menée par l’occupation contre le peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie ».

Le Parlement arabe a appelé la communauté internationale à « assumer ses responsabilités juridiques et humanitaires, à exercer une pression immédiate sur l’occupation pour mettre fin à son agression, à rejeter cette décision illégale et à œuvrer à fournir une protection internationale au peuple palestinien, tout en empêchant toute tentative d’imposer par la force une nouvelle réalité coloniale ».

La Turquie a exhorté vendredi la communauté internationale à stopper le plan israélien, avertissant qu’il constituerait « un coup sévère » à la paix et à la sécurité. Dans un communiqué, le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré : « Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour empêcher la mise en œuvre de cette décision visant à déplacer de force les Palestiniens de leur terre ».

Ces condamnations internationales unanimes traduisent un consensus sur le rejet du plan israélien et ses conséquences catastrophiques sur la situation humanitaire à Gaza, ainsi qu’une intensification des appels à une intervention rapide et ferme de la communauté internationale pour mettre fin à cette escalade.

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