Nouvelle manœuvre : Ennahdha en Tunisie envisage de changer de nom… Pourquoi ?
Après avoir renoncé à l’idée du boycott et décidé de participer à la prochaine course présidentielle, le mouvement Ennahdha manœuvre à nouveau. Il se dirige vers un changement de nom pour suggérer un changement radical avant les élections présidentielles, dans le but de renouer avec la rue tunisienne, où le nom d’Ennahdha est devenu associé à la décennie sombre.
Le secrétaire général du mouvement, Lajmi Lourimi, n’a pas exclu la possibilité de changer le nom du parti et du Conseil de la Choura, confirmant la proposition au sein du comité de préparation du contenu pour la prochaine conférence. Dans une publication tardive dimanche sur son compte Facebook personnel, il a expliqué que cette proposition ne nécessite pas de vote interne, sauf s’il existe plusieurs noms alternatifs au nom actuel du parti. Dans ce cas, il est possible de sonder les opinions pour déterminer quels noms sont les plus acceptés et soutenus.
Les observateurs se demandent si les changements attendus ont été discutés en coordination avec le leader du mouvement, Rached Ghannouchi, actuellement en prison en attendant les résultats d’enquêtes dans plusieurs affaires, et la durée de sa détention pourrait s’allonger.
Il est à noter que les cycles électoraux précédents ont épuisé le mouvement, provoquant plusieurs divisions. Certains de ses leaders se sont séparés, et des dizaines ont envoyé un message exhortant Ghannouchi à démissionner volontairement de la présidence du mouvement et à rester comme une figure symbolique. Cependant, il a refusé et a insisté pour rester à la tête du mouvement Ennahdha.
Les cercles politiques proches du mouvement au sein d’Ennahdha estiment que le changement de nom est motivé par une manœuvre à deux niveaux : d’abord, pour alléger la pression des autorités, des médias, des syndicats et de la rue tunisienne, qui continue de lui attribuer la responsabilité de la difficile situation économique. Ensuite, utiliser le changement de nom comme un facteur dans un conflit interne croissant entre une faction pragmatique cherchant à apaiser les autorités par tous les moyens et à éviter la confrontation sécuritaire et légale, et une autre faction appelant à l’escalade avec les autorités, alignée sur Rached Ghannouchi, le leader emprisonné, selon ce qu’a rapporté le journal Al-Arab basé à Londres.
Ce n’est pas la première fois que le mouvement change de nom. Il est passé du Groupe islamique en juin 1981 pour devenir le Mouvement de tendance islamique. En février 1989, il a de nouveau changé de nom pour devenir le Mouvement Ennahdha, dans le cadre d’un plan visant à forcer le régime du défunt président Zine El Abidine Ben Ali à le reconnaître comme un parti politique ouvert.
Pendant plus d’un demi-siècle, le mouvement Ennahdha, sous ses différents noms, n’a pas réussi à convaincre les Tunisiens qu’il s’agit d’un parti civil et non d’une fraternité religieuse. Le mouvement n’a pas réussi à briser la barrière de la peur entre lui et la société qui continue d’adhérer aux valeurs de l’État national établies par le défunt leader Habib Bourguiba, en particulier le Code de la famille qui interdit la polygamie et adopte le divorce selon le droit civil.