Nechirvan Barzani appelle à aider Ahmad Al-Charaa à sortir la Syrie de sa crise
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Le président de la région du Kurdistan exprime sa volonté d’aider les nouvelles autorités syriennes à encourager les dialogues internes et à parvenir à un système politique représentant tous les Syriens, en opposition aux positions réservées de Bagdad.
Nechirvan Barzani, président de la région du Kurdistan irakien, a exprimé la volonté de son gouvernement d’aider les nouvelles autorités syriennes à promouvoir le dialogue interne pour résoudre la crise du pays et établir un système politique inclusif représentant toutes les composantes de la société syrienne. Cette position contraste avec celle du gouvernement central irakien, qui demeure prudent face aux développements en Syrie, son voisin occidental.
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Lors d’un entretien avec la chaîne kurde Rudaw, Barzani a déclaré : « Lors des discussions que j’ai eues avec le ministre des Affaires étrangères syrien, nous avons souligné que la nouvelle Syrie devait être un État civil fondé sur la diversité ethnique, linguistique et culturelle, où toutes les composantes – Kurdes, Arabes, Chrétiens, Alaouites et Druzes – se sentent pleinement citoyens syriens. »
Le Premier ministre irakien Mohammed Shia’ Al-Sudani avait, pour sa part, posé des conditions au renforcement des relations avec les nouvelles autorités syriennes, notamment la lutte contre l’organisation terroriste Daech et la résistance à l’incursion israélienne en territoire syrien.
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L’absence de félicitations officielles de la part du gouvernement irakien ou d’autres instances officielles à l’adresse d’Ahmad Al-Charaa, à l’occasion de son investiture à la tête de la Syrie pour la période de transition, a suscité des interrogations sur l’avenir des relations entre les deux pays voisins. Certains se demandent si la position de l’Irak s’aligne sur celle de l’Iran, allié du président syrien déchu Bachar Al-Assad, et quel impact cela pourrait avoir sur la coopération sécuritaire entre Bagdad et Damas.
De son côté, Nechirvan Barzani n’a posé aucune condition pour soutenir les Syriens, insistant sur la nécessité de promouvoir le dialogue interne. Il a affirmé : « La Syrie ne peut être gouvernée selon une idéologie unique. Une gestion centralisée et autoritaire ne fonctionnera jamais dans un pays aussi diversifié. D’après nos échanges avec le président syrien Ahmad Al-Charaa, il est réellement engagé à trouver des solutions efficaces aux crises du pays. »
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Il a ajouté : « Si cette politique est véritablement mise en œuvre pour le bien de la Syrie, elle mérite d’être soutenue. Il ne suffit pas d’observer, il faut agir. Je pense que c’est une opportunité précieuse pour les Syriens et, si elle est gâchée, il est difficile de prédire quel serait l’alternative. »
Il a rappelé les initiatives prises par la région du Kurdistan après la chute de Bachar Al-Assad pour protéger les Kurdes en Syrie : « Il nous a semblé naturel d’agir en tant que région du Kurdistan, d’autant plus que les événements en Syrie ont évolué de manière rapide et inattendue. Nous nous sommes donc concentrés en priorité sur la protection des Kurdes en Syrie et avons mené des contacts continus avec la Turquie, les États-Unis et plusieurs pays européens à cette fin. Je pense que nous avons contribué à stabiliser la situation dans certaines régions. »
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Concernant l’avenir, Barzani a insisté sur la nécessité d’intégrer les Kurdes à la reconstruction de la Syrie : « L’étape suivante consiste à garantir la participation des Kurdes dans la construction de la nouvelle Syrie et à les encourager à s’impliquer à Damas pour faire partie du processus de formation du gouvernement. Nous pensons que c’est une opportunité majeure pour tous les Syriens et qu’il serait risqué de la laisser passer sans alternative claire. »
Les autorités syriennes avaient exclu l’administration kurde et les Forces démocratiques syriennes des sessions de dialogue national en raison de leur refus de déposer les armes et d’intégrer l’armée syrienne, ce qui avait suscité de vives critiques et des accusations de retour à un État centralisé et autoritaire.
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Nechirvan Barzani a déclaré : « La région du Kurdistan continuera à jouer un rôle de soutien et d’accompagnement pour tout effort visant à établir la paix, la stabilité et à inclure les différentes composantes du peuple syrien dans la construction de l’avenir du pays. » Cette déclaration laisse entendre une volonté de rapprocher les positions entre Damas et les représentants des différentes communautés syriennes.
L’Irak reste cependant très prudent face aux évolutions en Syrie, principalement en raison de l’influence iranienne, Téhéran ayant une forte emprise sur le système politique irakien, dominé par des partis chiites pro-iraniens.
Bien que le ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein, ait déclaré que Bagdad enverrait des invitations officielles aux dirigeants et chefs d’État arabes pour assister au sommet prévu en mai prochain à Bagdad, y compris Ahmad Al-Charaa, le député Thaer Al-Jubouri a affirmé mardi qu’aucune invitation officielle n’avait encore été adressée au président syrien actuel.
Dans un entretien avec le site irakien Baghdad Today, Al-Jubouri a précisé que les informations selon lesquelles le ministère irakien des Affaires étrangères aurait invité Ahmad Al-Shara à Bagdad étaient inexactes et qu’aucune invitation officielle n’avait été émise à ce jour.
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Il a ajouté : « La situation est complexe. L’Irak suit de près les événements dans la région et prend ses décisions en fonction de ses intérêts, notamment face aux rapides changements géopolitiques. »
Il a également évoqué les obstacles juridiques, rappelant qu’Ahmad Al-Charaa faisait l’objet de poursuites judiciaires en Irak : « Des discussions sont en cours entre le Conseil supérieur de la magistrature et le gouvernement pour examiner ce dossier d’un point de vue juridique et déterminer la manière de le traiter. Cependant, à ce stade, aucune invitation officielle n’a été envoyée par le gouvernement irakien ou son ministère des Affaires étrangères au président syrien pour assister à une quelconque réunion à Bagdad. »
Enfin, il a précisé : « Si une telle invitation devait être envoyée à l’avenir, des détails supplémentaires seront communiqués. Il y aura alors une position officielle de la part de Bagdad et des forces politiques, mais pour l’instant, aucune invitation officielle n’a été formulée. »