Multiplication des appels à la dissolution des Frères musulmans après le démantèlement d’une cellule en Jordanie

Des blocs parlementaires et des partis politiques appellent à tenir pour responsables les personnes impliquées dans le complot « terroriste » et les organisations auxquelles appartiennent les membres du réseau, en référence aux Frères musulmans.
Le groupe des Frères musulmans et son bras politique, le Parti du Front d’action islamique, vivent une période d’inquiétude croissante quant à leur avenir en Jordanie, après l’annonce du démantèlement d’une cellule composée de 16 membres ayant pour objectif de fabriquer des missiles et de porter atteinte à la sécurité nationale, de semer le chaos et de causer des sabotages matériels. Certains membres de cette cellule seraient liés au groupe et au Hamas, ce qui a poussé des voix parlementaires à réclamer la dissolution du Front d’action islamique.
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Depuis deux jours, la Jordanie connaît une vague inédite d’accusations et de polarisation sociale à la suite de cette affaire, avec les Frères musulmans au cœur de la tempête. Il est attendu que de nouvelles mesures soient prises à l’égard du groupe, incluant une éventuelle séparation d’avec son bras politique.
اي تنظيم او حزب يثبت علاقته بالتنظيم الارهابي يجب ان تعاقب قانونيا بالحل والتصنيف كتنظيم إرهابي ومحظور
— سميح المعايطه (@AlmaitahSamih) April 15, 2025
D’anciens responsables ont lancé des appels à tenir pour responsables tout parti ou organisation affiliée au groupe. L’ancien ministre de l’Information, Samih Al-Maaytah, a affirmé sur la plateforme X que tout parti ayant des liens avérés avec une organisation terroriste devrait être légalement dissous et classé comme tel.
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La loi sur les partis politiques de 2022 stipule que la dissolution d’un parti intervient par décision judiciaire en cas de condamnation pour diverses raisons, notamment le soutien direct ou indirect à des groupes extrémistes ou terroristes, ou la promotion de ces derniers.
L’affaire a commencé avec une déclaration du ministre de l’Information mardi soir, confirmant l’arrestation de personnes impliquées dans la fabrication d’armes, en possession de matières explosives et d’armes automatiques. Des aveux filmés de membres de la cellule ont suivi. Ces aveux se sont ensuite multipliés, certains membres parlant même de la fabrication de drones.
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Détails de la mise en échec du complot terroriste le plus dangereux en Jordanie, dirigé par des membres des Frères musulmans
لا يتسق مضمون بيان جماعة #الاخوان_المسلمين بـ #الأردن مع شعار الإخوان (سيفان، مصحف، وأعدوا) بل يتناقض معه كليا..
أما النشامى الذين تم القبض عليهم، فهم اللذين حرصوا على/ وحاولوا عمليا تطبيق هذا الشعار بحذافيره.أسفت بشدة للغة هذا البيان، وأنْكِرها، وأستنكرها، وأدينها..
مَن كَتب… pic.twitter.com/DxrQ4zkp0e
— أحمد عبد العزيز (@AAAzizMisr) April 17, 2025
Les services de renseignement jordaniens ont annoncé l’arrestation de 16 personnes impliquées, suivies depuis 2021. Les aveux télévisés de plusieurs membres ont confirmé leur appartenance aux « branches fraternelles » des Frères musulmans.
Huit accusés sont apparus dans les enregistrements, et l’identité de quatre autres a été révélée. Le principal accusé, Ibrahim Mohamed, n’a pas encore été identifié publiquement.
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Parmi les accusés dans l’affaire des missiles, trois hommes – Abdallah Hicham, Mohsen Al-Ghanem et Moaz Al-Ghanem – ont admis appartenir aux Frères musulmans jordaniens et avoir transféré leur projet de fabrication de missiles dans le royaume.
Dans l’affaire du recrutement, Khadr Abdelaziz, membre des Frères depuis 1975 et actuel chef du bureau administratif de la branche de Zarqa et du parti politique, a avoué avoir dispensé une formation idéologique et sécuritaire à deux jeunes membres actifs du groupe. D’autres noms, comme Ayman Ajjawi et Mohamed Khalil, ont été mentionnés comme responsables dans l’affaire.
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L’Iran a-t-il armé une cellule affiliée aux Frères musulmans appartenant au Hamas pour mener des attaques en Jordanie ?
الغرب بيستخدم الاخوان من قرن. في مصر ضد ناصر كانوا مع ال MI6 و ال CIA. في سوريا و اليمن و ليبيا و حتى اندونيسيا سوكارنو الاخوان كانوا حصان طراودة لضرب اي حركة تحرر او مشروع معادي للهيمنة الامريكية. موقف اخوان الاردن الحالي او الاصلاح في اليمن مش مفاجئ و لا حاجة.
— Eyad El Maraghy (@MaraghyEyad) April 17, 2025
Une seconde affaire de recrutement concerne Marwan Al-Hawamdeh, membre du groupe depuis 13 ans, et Anas Abou Awad, accusés d’avoir coordonné des formations et des recrutements de jeunes Jordaniens, avec des réunions organisées à l’étranger, notamment à Al-Aziziyah, en Arabie Saoudite.
Concernant les drones, les accusés Ali Qassem et Abdelaziz Haroun ont avoué avoir planifié avec deux autres membres – Abdallah Al-Haddar et Ahmed Khalifa – la fabrication de drones semblables au modèle « Glider ».
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Le groupe des Frères musulmans se réunit avec ses députés… Quels sujets ont-ils abordés ?
Le porte-parole du gouvernement, Mohamed Al-Momani, a déclaré que la cellule était impliquée dans quatre affaires distinctes : la fabrication de missiles à courte portée (3 à 5 km), la possession de matières explosives et d’armes automatiques, la dissimulation d’un missile prêt à l’usage, la fabrication de drones, ainsi que le recrutement et la formation d’éléments à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Le porte-parole a confirmé que les membres de la cellule appartenaient à une organisation dissoute et non reconnue légalement. Il a promis que les vidéos d’aveux seraient diffusées au public jordanien.
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Vendre des illusions et donner de faux espoirs… Pourquoi le groupe des Frères musulmans appelle-t-il à la réconciliation ?
Le tribunal de sûreté de l’État a inculpé les accusés de plusieurs chefs d’accusation, notamment la fabrication illégale d’armes, la trahison et la tentative de nuire à l’ordre public, ainsi que la fabrication de missiles à des fins illégales.
Suite à ces événements, les Frères musulmans, dissous judiciairement en 2020, ont publié un communiqué qualifiant ces actes d’initiatives individuelles liées au soutien de la résistance, sans lien avec le groupe.
Ils ont appelé à une conscience nationale sincère et à l’unité pour renforcer le front intérieur sur la base de l’intérêt national.
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Des dizaines de communiqués émanant de partis, tribus et citoyens ont condamné les complots. Le président du Parlement, Ahmed Al-Safadi, a affirmé que menacer la sécurité du pays constitue un crime de trahison qui mérite les peines les plus sévères.
Des blocs parlementaires et partis ont appelé à la reddition des comptes pour les auteurs du complot, ainsi qu’à l’ouverture d’enquêtes sur les organisations auxquelles ils appartiennent, en désignant clairement les Frères musulmans.
La révélation de cette cellule marque un tournant majeur dans la relation entre l’État jordanien et le groupe, pouvant même toucher le Front d’action islamique, qui avait obtenu 31 des 138 sièges aux élections de septembre 2024, tenues dans le cadre d’un processus de réforme politique, économique et administrative.
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Le 30 juin… Quels sont les pays ayant classé les Frères musulmans comme organisation terroriste ?
Ce succès électoral est intervenu quatre ans après la décision judiciaire de dissoudre officiellement le groupe, la privant de sa personnalité juridique.
Le Front d’action islamique n’a pas encore réagi à l’affaire, tandis que les autorités ont arrêté lundi soir Khaled Al-Juhani, directeur du bureau parlementaire du parti.
Plusieurs arrestations de responsables et militants islamistes ont eu lieu récemment. Les autorités ont aussi empêché des manifestations près de la frontière ou devant l’ambassade d’Israël à Amman.
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Des experts estiment que ces événements doivent relancer le dossier juridique des Frères musulmans, déjà dissous par décision définitive en 2020.
En 2015, le gouvernement jordanien avait accordé une licence à un nouveau groupe d’anciens membres, se détachant des Frères musulmans égyptiens. Ce nouveau groupe a été enregistré comme une association, tandis que l’organisation mère n’a jamais régularisé son statut.
Mercredi soir, un député a évoqué la possibilité de geler ou de révoquer les mandats des députés affiliés au Front d’action islamique.
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Enfin, les réactions les plus marquantes sont venues des tribus et des communautés locales, dénonçant ces agissements.
La Jordanie reste un allié majeur des États-Unis dans la région, membre actif de la coalition internationale contre le terrorisme, et bénéficie d’une stabilité relative dans un environnement régional tendu, après avoir déjoué plusieurs tentatives de déstabilisation par le passé.