Messages Positifs pour Hemeti lors de sa Tournée Africaine
Une Vision pour une Solution Globale et l'Établissement du Nouvel État Soudanais
Au cours de ses différentes étapes de tournée, le commandant des Forces de Soutien Rapide au Soudan, Mohamed Hamdan Dogolo, connu sous le nom de Hemeti, a présenté une vision pour une solution globale et l’établissement du nouvel État soudanais. Il a souligné que la résolution de la crise actuelle devrait impliquer un « retour aux solutions pacifiques ».
Cette tournée a suivi des développements importants sur le terrain au Soudan au cours des derniers mois. Les Forces de Soutien Rapide ont réalisé des gains militaires dans la partie ouest du pays, consolidant leur contrôle sur trois États de la région du Darfour.
Le mois de décembre dernier a vu les forces de Hemeti prendre le contrôle de l’État central et pivot de l’Al-Jazirah, décrit par les observateurs comme un « tournant dangereux » dans le cours de la guerre qui sévit depuis le 15 avril de l’année précédente. Ces changements sur le terrain ont coïncidé avec l’intensification des efforts diplomatiques pour freiner la détérioration que connaît le pays.
Ces efforts ont abouti à une déclaration de l’Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD) le 10 décembre, annonçant l’engagement du président du Conseil de Souveraineté Soudanais et commandant de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan, à rencontrer le commandant des Forces de Soutien Rapide Hemeti dans un délai de 15 jours.
Cependant, le ministère soudanais des Affaires étrangères a indiqué qu’Al-Burhan conditionnait son approbation à la réunion. Par la suite, il a annoncé avoir reçu une note de son homologue à Djibouti, actuellement à la tête de l’IGAD, l’informant du report de la réunion jusqu’à janvier de cette année.
Retour public
Les observateurs estiment que, par le biais de cette tournée, Hemeti vise à atteindre un ensemble d’objectifs et à transmettre divers messages dans plusieurs directions.
Le rédacteur soudanais et analyste politique Mohammed Al-Mubarak affirme que l’un des premiers objectifs de Hemeti à travers cette tournée est de faire une apparition publique, expliquant que le leader des Forces de soutien rapide cherche à se montrer et à annoncer son retour public à la scène politique du pays après une absence de six mois, avec des rapports contradictoires sur les raisons de son absence, certains allant même jusqu’à déclarer sa mort.
Al-Mubarak ajoute que les médias des Forces de soutien rapide ont insisté sur la mise en avant de ce point à travers la couverture médiatique, y compris les photos et les vidéos, confirmant sa réception par les dirigeants des pays visités.
Ces derniers mois, des rumeurs ont circulé pour expliquer l’absence de Hemeti, dont des annonces de sa mort par l’ambassadeur soudanais en Libye, Ibrahim Mohammed Ahmed, et le chef du parti Umma Renouveau et Réforme, Mubarak al-Fadil. Cependant, les Forces de soutien rapide ont démenti la mort de leur leader, affirmant que sa présence publique est liée à des décisions de la direction.
Rassembler le soutien
Al-Mubarak estime que les mouvements de Hemeti ne peuvent pas être dissociés de sa tentative de rassembler ces pays influents dans la question soudanaise grâce à leur rôle dans l’IGAD, en faveur de l’agenda de négociation que les Forces de soutien rapide cherchent à promouvoir.
L’IGAD regroupe huit pays, dont le Kenya, l’Éthiopie et l’Ouganda, que Hemeti a visités, occupent des centres de pouvoir importants. Djibouti, incluse dans la tournée, est actuellement le siège permanent de l’organisation.
D’autre part, Zermes, responsable des relations extérieures de la campagne soudanaise pour l’avenir, estime que la visite de Hemeti en Éthiopie revêt une signification particulière, car elle a été destinée à rencontrer ses partenaires de la Coordination des forces démocratiques (Taqadum) dirigée par Abdallah Hamdok.
Au cours de cette rencontre, les deux parties ont convenu de déclarer des principes engageant à poursuivre le processus de cessation des hostilités, tandis que la direction des Forces de soutien rapide s’est engagée à participer à des pourparlers directs avec la direction de l’armée pour mettre fin aux hostilités.
Zermes estime que l’importance de cet accord pour les Forces de soutien rapide réside dans le fait qu’il s’agit d’une tentative de les sauver et d’améliorer leur image après que leurs forces ont commis des crimes odieux contre les civils, qualifiés de génocide et de déplacement forcé.
Saper les efforts d’al-Burhan
Les analystes estiment que la tournée De Hemeti s’inscrit dans le cadre de ses tentatives de saper les efforts déployés par al-Burhan avec la plupart des dirigeants de ces pays lors de ses tournées précédentes. Al-Mubarak affirme que Hemeti « a peut-être trouvé une compréhension de leur part à l’égard de la position de l’armée soudanaise et de sa vision pour défendre l’existence de l’État ».
Dans le même contexte, le journaliste et analyste soudanais Hafez Kabir affirme que ni l’une ni l’autre des parties ne peut imposer sa propre narration, soulignant que cette guerre a deux récits, l’un pour l’armée et l’autre pour les Forces de soutien rapide. Les pays visités par al-Burhan et Hemeti jouent des rôles importants dans le processus de paix soudanais, et par conséquent, ils devraient écouter les différentes parties.
Kabir estime que cette tournée peut contribuer à éclaircir la situation pour les dirigeants de ces pays en ce qui concerne les points de convergence qui serviront de base à la signature d’un accord entre les deux parties.
Chaleur et accueil
Certaines positions accompagnant la tournée de Hemeti ont attiré l’attention des observateurs en raison des implications qu’elles ont quant aux positions des pays hôtes à l’égard des parties actives dans la guerre soudanaise.
Dans ce contexte, une chaleur notable dans l’accueil s’est démarquée, comme le reflètent les images médiatiques qui ont transmis l’atmosphère amicale entourant ces visites.
Kabir estime que l’accueil réservé au leader des Forces de soutien rapide en Ouganda, en Éthiopie, au Kenya et en Afrique du Sud était « officiellement habituel » et indique des réactions positives de la part de ces pays à la visite.
Cependant, Zermes estime que les motifs derrière cette chaleur sont dus au fait que cette tournée est facilitée et coordonnée par les alliés des Forces de soutien rapide, qu’ils soient « en dehors ou à l’intérieur de l’Afrique ».
Signes de crise diplomatique
En signe de possibilités de crise diplomatique à l’horizon en raison de la tournée, le ministère soudanais des Affaires étrangères a rappelé son ambassadeur au Kenya « pour consultation en signe de protestation contre l’accueil officiel organisé par le gouvernement kényan au chef de la milice rebelle, et la consultation couvrira toutes les possibilités de l’évolution des relations entre les deux pays », selon l’Agence de presse soudanaise.
Dans son discours à l’occasion du 68e anniversaire de l’indépendance du Soudan, al-Burhan a appelé les pays qui accueillent Hemeti à « cesser d’intervenir dans nos affaires, car toute facilitation accordée au leadership du groupe rebelle est considérée comme une complicité dans le crime et une complicité dans le meurtre du peuple soudanais et sa destruction ».
Les observateurs attribuent ces réceptions au désir des pays hôtes de maintenir un équilibre dans leurs relations avec les parties en conflit, facilitant ainsi leurs efforts de médiation. De plus, les victoires récentes des Forces de soutien rapide les ont positionnées comme un acteur clé dans la carte politique soudanaise.