Manifestations à Tripoli pour réclamer le départ de Dbeibah et de son gouvernement
Des forces loyales au Gouvernement d’unité nationale ont tiré sur des manifestants dans plusieurs quartiers de la capitale, tandis que des protestataires ont incendié des véhicules militaires appartenant à la brigade 444.
La capitale libyenne, Tripoli, a connu mercredi soir d’importantes manifestations devant le siège du gouvernement, où des centaines de citoyens ont exigé la destitution du Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, qu’ils tiennent responsable du retour de la violence en ville. Ce mouvement populaire survient après une escalade militaire qui a replongé Tripoli dans le cycle de la violence, après une période de calme relatif.
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Ces dernières semaines, la capitale avait bénéficié d’une stabilité relative grâce à des efforts nationaux et internationaux pour instaurer un cessez-le-feu et apaiser les tensions. Toutefois, la résurgence des affrontements entre les forces pro-Dbeibah, comme la « Brigade 444 de combat » et « l’Appareil de dissuasion », a mis à mal les espoirs de paix. Les manifestants accusent le gouvernement d’unité nationale d’être à l’origine de cette escalade, notamment en raison de décisions jugées provocatrices concernant la réorganisation des forces de sécurité.
Malgré un dispositif sécuritaire renforcé, les protestataires ont atteint le périmètre du bâtiment gouvernemental, brandissant des slogans appelant au départ de Dbeibah et le tenant responsable de la reprise des combats à Tripoli. Les forces de sécurité ont réagi en tirant à balles réelles, ce qui a exacerbé la situation. Des blessés ont été signalés.
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Les protestations, qui ont éclaté dans plusieurs arrondissements comme Abou Salim, Souk al-Jouma et Ain Zara, exprimaient un ras-le-bol populaire croissant à l’encontre du gouvernement Dbeibah. Des pancartes dénonçaient des décisions « unilatérales » mettant en danger la population civile et alimentant le chaos sécuritaire.
Dans certaines zones, comme à Abou Salim, les manifestations ont dégénéré en affrontements violents, des manifestants incendiant des véhicules militaires de la brigade 444 après une tentative de dispersion par des hommes armés non identifiés. Cet acte a été perçu comme une expression claire de la colère populaire contre les pratiques du gouvernement.
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Au centre-ville, notamment sur la place des Martyrs, les forces de l’ordre ont également tenté de disperser les manifestants par des tirs à balles réelles, provoquant l’indignation des participants. Le commandant du bataillon 166, Mohamed Al-Hassan, est intervenu publiquement pour appeler au calme, affirmant que l’armée libyenne soutient les aspirations du peuple à la sécurité et à la stabilité, tout en appelant à éviter la violence.
En revanche, à Misrata, un rassemblement de soutien au gouvernement a été organisé devant la Salle du Peuple. Les participants y ont exprimé leur appui total à Dbeibah, considérant que son gouvernement est la seule voie possible vers la stabilité.
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Cette divergence entre Tripoli et Misrata reflète les divisions internes du paysage politique libyen. Malgré ce soutien, la situation sécuritaire à Tripoli demeure préoccupante.
Les récentes décisions gouvernementales de restructuration sécuritaire ont été l’élément déclencheur des violences. Parmi elles, le limogeage de l’Appareil de soutien à la stabilité, dirigé par Abdelghani Al-Kikli, alias « Ghneiwa », tué récemment dans une opération sécuritaire dans le camp de Takbali.
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Après sa mort, l’Appareil de soutien à la stabilité a publié un communiqué annonçant son intention de poursuivre les responsables, qualifiant l’opération de « violation flagrante » des valeurs nationales et humaines, accusant le gouvernement de vouloir déstabiliser le pays.
L’Appareil de dissuasion a de son côté déclaré que cette attaque marquait le début d’un complot contre les institutions sécuritaires, renforçant les accusations visant Dbeibah.
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À la suite des affrontements, le Conseil présidentiel libyen a ordonné un cessez-le-feu total à Tripoli et le retour immédiat de toutes les unités militaires à leurs casernes. Une commission d’enquête a été créée pour examiner les événements depuis lundi.
Dans un communiqué, il a aussi été annoncé la suspension des décisions sécuritaires et militaires prises récemment par le gouvernement, y compris la dissolution de certaines brigades et la révocation de certains responsables.
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La Commission parlementaire de la Défense et de la Sécurité nationale a exprimé sa vive inquiétude, soulignant que les affrontements nuisent gravement aux civils et aggravent la crise humanitaire. Elle a appelé à un arrêt immédiat des hostilités, à un retour au dialogue et au rejet de la violence qui menace la capitale.
Elle a insisté sur le fait que « la poursuite des hostilités ne sert aucun intérêt national, mais ne fait qu’accroître la peur des femmes et des enfants et amplifier les destructions », en tenant juridiquement et moralement responsables ceux qui ont alimenté ce conflit absurde.
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