Les Syriens de nouveau au cœur des élections turques – Comment ?
A l’approche du second tour de l’élection turque, la cause du retour des réfugiés syriens domine désormais les projets électoraux des deux candidats, le leader de l’opposition Kemal Kılıçdaroğlu et le président sortant Recep Tayyip Erdoğan.
Dans sa dernière déclaration, Erdoğan a souligné que son pays s’efforçait progressivement de rapatrier les réfugiés syriens, affirmant dans une interview accordée à CNN dimanche soir : « Nous avons rapatrié plus d’un million de réfugiés syriens dans leur pays ».
Il a ajouté que « les organisations communautaires turques construisent des logements dans le nord de la Syrie pour permettre aux réfugiés de rentrer en Turquie » et a indiqué que le Gouvernement s’employait à lancer une autre initiative visant à encourager un million de réfugiés à rentrer dans leur pays.
Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Çavuşoğlu, a d’ores et déjà confirmé que son pays enverrait plus de réfugiés syriens dans la zone de sécurité, mais il a précisé que la Turquie avait besoin de travailleurs dans le secteur agricole et industriel.
De son côté, le candidat de l’opposition, Kemal Kılıçdaroğlu, a récemment flirté avec les tendances nationalistes du pays, en polarisant les électeurs de Sinan Oğan, le troisième candidat qui a perdu le premier tour, avec 2,79 millions de voix, d’une droite nationaliste dure, et qui veut avant tout déporter quelque 5 millions de réfugiés et de migrants vivant en Turquie.
Dans l’une de ses déclarations, il a affirmé: « Le gouvernement Erdoğan n’a pas protégé les frontières et l’honneur du pays… J’ai délibérément introduit plus de 10 millions de réfugiés dans ce pays… dès mon arrivée au pouvoir, je vais rapatrier tous les réfugiés dans leur pays ».
Selon le Haut Commissariat pour les réfugiés, environ 3,7 millions de réfugiés syriens vivent en Turquie. Toutefois, les représentants des partis politiques, en particulier ceux d’extrême droite comme le parti Zafar, estiment qu’ils sont entre 3 et 5 millions de réfugiés, une grande partie d’entre eux vivant illégalement dans le pays et ne figurant pas sur les listes du Haut-Commissariat aux réfugiés. La majorité des réfugiés possèdent la « carte de protection temporaire » (en turc), délivrée par le gouvernement à la demande du HCR et de l’Union européenne.
D’autres possèdent la « carte de tourisme » délivrée par le Département turc de l’immigration et qui doit être renouvelée tous les 3 à 5 mois. Les deux cartes ne permettent à leurs propriétaires d’exercer une activité professionnelle qu’après avoir obtenu une autorisation spéciale du Gouvernement, laquelle est souvent difficile à obtenir.
La Turquie a reçu environ 10 milliards d’euros d’aide humanitaire, pour aider à accueillir les réfugiés fuyant les conflits au Moyen-Orient et en Afrique.
