Politique

Les « non » des retraités secouent le Soudan : une voix de l’armée se soulève contre la guerre et les armes chimiques


Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent au sein de l’armée soudanaise pour rejeter la poursuite de la guerre et la destruction du pays, dénonçant l’usage d’armes interdites à l’échelle internationale — une évolution significative du paysage politique et militaire.

Selon des observateurs, les inquiétudes grandissent au sein du Soudan et de l’institution militaire face au risque de retour à l’isolement international, notamment en raison de l’entêtement du gouvernement et de l’usage d’armes prohibées.

La haute direction centrale des officiers, sous-officiers et soldats retraités (Tadhamun) a appelé l’état-major de l’armée soudanaise à cesser immédiatement, sans délai ni tergiversation, toutes les actions menant à la ruine du pays, évoquant les dangers liés à l’utilisation d’armes interdites et les lois strictes qui les encadrent.

Tadhamun affirme : « Cette guerre insensée, entrée dans sa troisième année, ne laisse entrevoir aucune victoire ni résolution. Elle dégénère en une catastrophe humaine et environnementale imminente, avec notamment l’usage d’armes chimiques prohibées, la propagation d’épidémies mortelles, et la dérive vers une guerre civile, des conflits tribaux et un discours de haine. »

Le communiqué ajoute que « la prolifération des milices et des armes a permis à plusieurs groupes criminels de se doter d’armes chimiques, sans en connaître ni la dangerosité, ni les conséquences humaines, environnementales ou agricoles à court ou long terme. »

Les États-Unis ont récemment affirmé avoir obtenu des preuves de l’usage d’armes chimiques par l’armée soudanaise durant le conflit civil en cours, ce qui les a poussés à imposer des sanctions.

Dans un communiqué, le département d’État américain a exhorté le gouvernement soudanais à cesser immédiatement l’usage de toutes les armes chimiques et à respecter ses engagements dans le cadre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, un traité international signé par la majorité des pays du monde.

La porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, a déclaré que « les États-Unis s’engagent à tenir pour responsables ceux qui répandent ces armes. »

Le département d’État a également informé le Congrès américain de sa décision, une étape préalable à l’entrée en vigueur des sanctions sous 15 jours.

Dernier signal d’alarme

Dans son communiqué, Tadhamun rappelle avoir, depuis le début de cette guerre catastrophique, lancé de nombreux appels pour alerter sur ses conséquences dévastatrices, plaidant pour un cessez-le-feu immédiat afin d’éviter plus de morts, de destructions et de pandémies comme le choléra ou la dengue.

Après plus de deux ans de combats sanglants, de bombardements, de destructions urbaines, et de recours aux drones, le conflit prend une tournure alarmante avec l’usage d’armes chimiques, en violation flagrante du droit international. Tadhamun affirme que la direction de l’armée est pleinement consciente des dangers liés à ce type d’armement.

L’organisation réaffirme son soutien au peuple soudanais et à toutes les forces appelant à l’arrêt de la guerre.

Elle affirme œuvrer à endiguer les tensions et les conflits tribaux, en collaboration avec la communauté internationale, pour restreindre l’usage des armes aux seules institutions habilitées, avant que le pays ne bascule dans le chaos des gaz toxiques et des armes interdites — et ne devienne un refuge pour Daech, les cellules extrémistes et les groupes fondamentalistes.

Des militants et des rapports ont déjà évoqué l’usage d’armes chimiques dans certaines zones comme Al-Amarat (Khartoum), les montagnes Nouba, Jebel Moya et Al-Daein, depuis le début du conflit entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide en avril 2023.

Depuis 2023, le Soudan est plongé dans une guerre sanglante entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide, causant la mort de dizaines de milliers de personnes et le déplacement de 13 millions de personnes, selon l’ONU, qui qualifie la crise de pire catastrophe humanitaire de l’histoire moderne.

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