Les Frères Musulmans du Soudan ont-ils réussi à recruter des écrivains et des auteurs ? La nouvelle chute de l’écrivain Baraka Sakin
Les Frères Musulmans au Soudan ont réussi à recruter des écrivains et des auteurs pour attaquer les Forces de soutien rapide (FSR) et promouvoir le devoir national et héroïque de l’armée dans la guerre en cours depuis avril 2023.
Le dernier en date est l’écrivain romancier Abdel Aziz Baraka Sakin, qui a récemment fait l’objet de vives critiques sur les réseaux sociaux pour avoir délibérément omis de mentionner la responsabilité des islamistes dans la guerre au Soudan, selon le journal soudanais Al-Taghyeer.
Une publication de Sakin sur Facebook a déclenché une controverse parmi les Soudanais, où il a écrit : « Chaque goutte de sang versée dans notre pays est la faute des Janjawid et de QH (Forces pour la Liberté et le Changement), » sans faire mention des Frères Musulmans, des éléments du régime déchu ou même de l’armée.
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Suite à cette publication, les commentaires ont afflué, critiquant Sakin pour avoir ignoré les éléments du régime déchu, qui sont considérés comme responsables de l’éclatement de la guerre en avril.
Des commentateurs ont signalé le changement de position de Sakin en l’espace d’un mois, lui qui écrivait il y a deux mois : « Je suis contre la criminalisation de QH ou de toute autre entité civile non armée. Je diffère d’eux civilement dans l’opinion, mais nous restons sous le même toit du respect mutuel, sans discréditer ceux qui expriment une opinion. »
Cependant, en mai dernier, Sakin a accusé les Forces pour la Liberté et le Changement (QH), les plaçant sur le même plan que les Janjawid ou les Forces de soutien rapide, les tenant responsables de chaque goutte de sang versée dans le pays pendant cette guerre, selon ses propres termes.
Le journaliste Osman Shabouna a répondu aux propos de Sakin, niant toute animosité personnelle mais l’accusant de falsifier les faits de manière honteuse.
« Baraka Sakin, je n’ai aucune haine pour toi ; ce sont tes actions qui nous obligent à les détester. Tu es responsable de la falsification qui t’a jeté dans le puits des soupçons honteux. Tu as sciemment mis ton pied dans ce piège en disant : ‘Chaque goutte de sang versée dans notre pays pendant cette guerre est la faute des Janjawid et de QH’. »
Shabouna a demandé : « Pourquoi n’as-tu pas mentionné les éléments du régime déchu comme responsables de cette guerre infâme, alors que le peuple paie le prix de cette guerre sanglante avec son sang, son argent et sa dignité ? »
Il a conclu en demandant : « Pourquoi n’as-tu pas inclus les éléments du régime déchu dans ta déclaration pour dire la vérité sur les causes de la guerre et ses moteurs ? Pourquoi n’as-tu pas présenté ces éléments comme la racine du problème pour atténuer ton propos ? »
Abdel Aziz Baraka Sakin, né à Kassala, à l’est du Soudan, en 1963, est un écrivain et romancier qui a remporté le prix Tayeb Salih pour la créativité romanesque avec son roman « Les Djinns de la terre ». Ses œuvres ont été traduites en anglais, français et allemand.
Les thèmes abordés dans les œuvres de Sakin, tels que la guerre et la paix, le génocide au Darfour, et les problèmes des communautés locales à l’est et à l’ouest du Soudan, ont toujours suscité des débats et des controverses dans les cercles culturels et sociaux soudanais. Ses œuvres ont même été interdites par l’Autorité de censure littéraire et artistique du Soudan pendant le régime des Frères Musulmans (1989-2018).
Sakin a été choisi comme écrivain résident de la ville de Graz, en Autriche, pour l’année 2022-2023, une bourse qui lui a permis de se consacrer à l’écriture pendant un an et de participer à la vie culturelle de la ville. Il est l’auteur de plus de dix romans et de deux recueils de nouvelles.
En 2020, Sakin a remporté le Prix de la littérature arabe décerné par l’Institut du monde arabe à Paris en collaboration avec la Fondation Jean-Luc Lagardère.
