Le sud du Yémen unifie ses rangs contre les Houthis : sécuriser l’arrière avant de se diriger vers Sanaa
Certaines zones libérées du Yémen ont longtemps constitué un point faible permettant le passage d’approvisionnements militaires et d’opérations de contrebande en faveur des milices houthies soutenues par l’Iran.
Face au danger que représente la poursuite de ces activités clandestines dans des régions échappant au contrôle de l’État, et à leurs conséquences sur la prolongation de la guerre menée par les Houthis contre les Yéménites, il devenait nécessaire d’unifier l’ensemble du théâtre d’opérations sous une même autorité politique.
C’est ce que traduisent les récents mouvements du Conseil de transition du Sud, qui a redéployé des forces locales aux côtés des forces de la Garde nationale dans le Wadi Hadramout et à Al-Mahra, dans le but de renforcer la défense du sud du Yémen et de se préparer à dissuader les Houthis.
Ces actions, largement soutenues par la population, s’inscrivent dans le cadre de l’unification du dispositif politique et sécuritaire dans le sud du pays, afin de contrer les milices houthies qui continuent de représenter une menace pour les provinces libérées, selon des observateurs.
Le Conseil de transition a affirmé, après le déploiement de ses forces vers l’est, qu’il concentrait ses efforts sur l’unification du théâtre d’opérations de ses forces armées afin de renforcer la coordination et l’état de préparation, de consolider la stabilité dans le sud et de faire face aux Houthis.
Il a souligné que « le temps des combats secondaires est révolu, et que l’artère qui alimentait les Houthis depuis les régions du sud a été coupée ». Il a également mis en avant « l’importance de l’unité et du ralliement sous la bannière du salut, l’objectif prochain étant Sanaa, par la voie politique ou militaire, jusqu’à ce que le droit soit rétabli et que l’agression cesse ».
Couper les routes de contrebande
À cet égard, le chercheur yéménite et directeur du centre South24 pour les études et les informations, Yaqub Al-Sufyani, estime que « le déploiement des forces du Sud à Hadramout et à Al-Mahra, et la sécurisation des camps et installations vitales, répondent principalement à des objectifs de sécurité ».
Al-Sufyani affirme que les priorités de ce déploiement sont « l’unification du théâtre d’opérations d’Aden à Al-Mahra afin de défendre cette zone stratégique contre toute attaque houthie, empêcher l’existence d’un point faible dans n’importe quelle province du Sud, et soutenir les régions qui résistent aux Houthis dans la province de Marib ».
Ce déploiement vise également à couper les routes d’approvisionnement et de contrebande dont bénéficient les milices houthies, notamment l’itinéraire Al-Mahra – Wadi Hadramout – zones contrôlées par les Houthis, considéré comme une voie très active pour la contrebande d’armes et de drones vers les Houthis, selon Al-Sufyani.
Il ajoute que « couper cet axe est essentiel, car il constitue aussi l’une des principales routes du trafic de drogues, un phénomène qui s’est considérablement aggravé en 2025. De nombreuses cargaisons saisies récemment étaient liées aux Houthis, ce qui laisse penser à une expansion de leurs activités et à leur transformation en un centre régional du commerce de stupéfiants ».
Le chercheur estime également que parmi les raisons du déploiement figure la lutte contre les cellules d’Al-Qaïda, redevenues actives, notamment après la création d’un groupe terroriste baptisé « Courant de la libération et de la construction » dans le Wadi Hadramout, dirigé par Abu Omar Al-Nahdi, un cadre important d’Al-Qaïda qui aurait fait défection du groupe il y a plusieurs années.
Capacité militaire
Pour sa part, l’historien yéménite Mahmoud Al-Salmi affirme que le déploiement des forces du Conseil de transition vers l’est indique « qu’une guerre contre les Houthis se profile, car les actions menées par ces derniers en mer Rouge ont menacé la sécurité de la navigation internationale et nui à l’économie de nombreux pays, y compris arabes ».
Il souligne que « les forces affiliées au Conseil de transition ont démontré leur efficacité dans les combats contre les Houthis et ont réussi à les repousser à plusieurs reprises. Il est probable que le Conseil de transition ait refusé de participer à une nouvelle guerre contre les Houthis sans avoir sécurisé son arrière au Sud et coupé les voies de contrebande utilisées tant par les Houthis que par les groupes extrémistes visant ses forces ».
Selon certains observateurs, l’unification du sud du Yémen sous une même autorité politique a renforcé le Conseil de transition, lui conférant un poids militaire, politique et populaire, ce qui représente une étape essentielle pour passer à une phase de dissuasion militaire contre les milices houthies.
