Santé

Le colère réprimée des femmes : un facteur silencieux des maladies auto-immunes ?


Un mal silencieux au féminin

Depuis des décennies, les femmes sont disproportionnellement touchées par les maladies auto-immunes. De la sclérose en plaques au lupus, en passant par la polyarthrite rhumatoïde ou la thyroïdite de Hashimoto, les chiffres sont sans appel : près de 80 % des patients atteints de maladies auto-immunes sont des femmes.

Si des facteurs génétiques et hormonaux sont souvent évoqués, un autre élément attire de plus en plus l’attention des chercheurs et des psychologues : la colère réprimée.

Colère refoulée et immunité : un lien physiologique ?

La colère est une émotion humaine fondamentale. mais dans de nombreuses cultures et sociétés, il est socialement mal vu pour une femme de l’exprimer. Dès le plus jeune âge, on enseigne souvent aux filles à « rester calmes ». à « ne pas faire de vagues », à « être sages ». Résultat : la colère ne disparaît pas. elle se transforme en stress chronique, en tension intérieure et en culpabilité.

Or, des études en psychoneuroimmunologie montrent que le stress émotionnel chronique peut altérer la régulation du système immunitaire, entraînant des réactions inflammatoires anormales qui favorisent l’apparition de maladies auto-immunes.

Ce que dit la science

Des chercheurs comme Gabor Maté, médecin et auteur spécialisé dans la relation entre émotions et santé. estiment que la suppression prolongée d’émotions puissantes (comme la colère ou la tristesse) peut affaiblir l’immunité et augmenter la vulnérabilité aux maladies chroniques.

Une étude publiée dans Brain, Behavior, and Immunity en 2020 a montré que les femmes qui réprimaient fréquemment leurs émotions présentaient des marqueurs inflammatoires plus élevés, ce qui pourrait favoriser le développement de troubles auto-immuns.

Double standard émotionnel

Alors que la colère masculine est souvent acceptée, voire valorisée comme un signe de force ou de leadership, la colère féminine reste stigmatisée, souvent qualifiée d’« hystérique » ou « excessive ». Cela pousse de nombreuses femmes à internaliser leurs frustrations, à les déguiser en silence, en dévouement excessif, voire en auto-culpabilisation.

Cette invisibilisation de la souffrance émotionnelle féminine peut ainsi engendrer des déséquilibres profonds dans le corps. notamment sur le plan immunitaire.

Une voie vers la guérison ?

La prise de conscience du lien entre santé émotionnelle et maladies auto-immunes pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques intégratives. La thérapie cognitivo-comportementale, les pratiques de pleine conscience. l’expression artistique, ou encore des cercles de parole entre femmes peuvent aider à libérer les émotions réprimées.

Il ne s’agit pas d’accuser les femmes d’être responsables de leur maladie, mais de reconnaître le poids que les normes sociales font peser sur leur psyché. et de comprendre que le corps ne ment jamais.

Une redéfinition de la santé

Finalement, repenser la santé des femmes, c’est reconnaître l’importance de leurs émotions comme indicateurs de déséquilibre mais aussi de transformation. Peut-être que libérer la parole et la colère des femmes n’est pas seulement un acte de justice sociale, mais aussi un chemin vers la guérison.

 

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