Politique

L’administration Trump étudie la possibilité de désigner l’UNRWA comme organisation terroriste étrangère


Des observateurs estiment que toute mesure globale visant l’agence, y compris l’imposition de sanctions liées au terrorisme, perturberait les efforts humanitaires destinés aux réfugiés. Des responsables de l’administration du président américain Donald Trump mènent des discussions avancées concernant l’éventuelle imposition de sanctions fondées sur le terrorisme contre l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), selon deux sources, suscitant de graves inquiétudes juridiques et humanitaires au sein du Département d’État américain.

L’UNRWA opère à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Jordanie et en Syrie, offrant des services d’éducation, de santé, d’aide sociale et d’hébergement à des millions de Palestiniens. Des hauts responsables de l’ONU et du Conseil de sécurité qualifient l’agence de pilier essentiel de la réponse humanitaire à Gaza, où la guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas a provoqué depuis deux ans une crise humanitaire majeure. Malgré cela, l’administration Trump accuse l’agence d’entretenir des liens avec le Hamas, des accusations fermement rejetées par l’UNRWA.

Washington a longtemps été le principal bailleur de fonds de l’UNRWA, mais a suspendu son financement en janvier 2024 après qu’Israël a accusé une douzaine de ses employés d’implication dans l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre Israël. Plus tard, en octobre 2025, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a affirmé que l’agence était devenue « subordonnée au Hamas », classé organisation terroriste par les États-Unis en 1997.

Il n’est pas clair si les discussions actuelles portent sur d’éventuelles sanctions contre l’ensemble de l’agence ou uniquement contre certains responsables ou segments de ses activités. Les responsables américains ne semblent pas encore avoir défini précisément le type de sanctions envisagées. Selon les deux sources, l’une des options discutées consiste à déclarer l’UNRWA « organisation terroriste étrangère », une décision qui entraînerait une sévère mise au ban financière, bien qu’il ne soit pas confirmé que cette possibilité soit examinée sérieusement.

Toute mesure globale pourrait déstabiliser les opérations de secours et paralyser une agence déjà confrontée à une crise financière profonde. Une telle initiative serait choquante et inhabituelle, étant donné que les États-Unis sont un État membre et le pays hôte des Nations unies, qui ont créé l’UNRWA en 1949.

William Deere, directeur du bureau de l’UNRWA à Washington, a déclaré que l’agence serait « profondément déçue » si les responsables américains envisageaient réellement de la désigner organisation terroriste. Il a qualifié cette idée « d’inédite et d’injustifiée ». Il a rappelé que quatre instances indépendantes — dont le Conseil national du renseignement américain — ont analysé depuis janvier 2024 la neutralité de l’UNRWA et ont toutes conclu qu’elle demeure une entité humanitaire indispensable et neutre.

Un responsable du Département d’État a néanmoins décrit l’agence comme « corrompue, avec un historique avéré d’assistance et d’incitation aux terroristes », précisant qu’aucune décision définitive n’a encore été prise.

Le Département d’État et d’autres agences disposent d’un éventail de sanctions allant du gel des avoirs à l’interdiction de voyage ciblant des individus ou des entités spécifiques. La désignation d’« organisation terroriste étrangère » compte parmi les mesures les plus lourdes et est généralement réservée à des groupes responsables de meurtres de civils, tels que certaines branches de l’État islamique ou d’Al-Qaïda.

Plusieurs alliés majeurs des États-Unis financent l’UNRWA, ce qui soulève des questions sur le risque de sanctions éventuelles contre des responsables étrangers en cas d’accusations de soutien à l’agence.

L’ONU avait signalé que neuf employés de l’UNRWA pourraient avoir participé à l’attaque du 7 octobre 2023, et ils ont été licenciés. Elle a également indiqué qu’un cadre du Hamas tué au Liban était ancien employé de l’UNRWA. L’ONU a réaffirmé son engagement à enquêter sur toutes les allégations et a demandé à plusieurs reprises à Israël de fournir des preuves, ce qui n’a pas encore été fait.

Les deux sources familières des discussions ont exprimé, sous couvert d’anonymat, leurs vives inquiétudes juridiques et humanitaires, en raison du rôle unique de l’agence auprès des Palestiniens déplacés. Elles expliquent que des responsables nommés politiquement au Département d’État, en poste depuis le début du mandat de Trump, poussent à l’imposition de sanctions. De nombreux membres du personnel professionnel, y compris certains juristes chargés de la formulation des textes de classification, s’y opposent.

Au cours des dernières semaines, la question a été débattue entre des responsables du Bureau de lutte contre le terrorisme et des membres de l’équipe de planification politique, structure influente dans l’élaboration des politiques. Gregory LoGerfo, pressenti pour diriger le bureau antiterroriste du Département d’État, s’est retiré des discussions en attendant la confirmation de sa nomination par le Sénat.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou appelle depuis longtemps au démantèlement de l’UNRWA, l’accusant d’incitation contre Israël. Depuis le 30 janvier, Israël a interdit à l’agence d’opérer dans les territoires sous son contrôle, y compris à Jérusalem-Est, et a interdit toute communication entre l’UNRWA et les autorités israéliennes.

Israël et le Hamas ont conclu en octobre un cessez-le-feu négocié par les États-Unis, mais celui-ci est régulièrement violé et la mise en œuvre des dispositions plus larges de la feuille de route pour mettre fin à la guerre progresse difficilement. L’UNRWA a indiqué que plus de 370 de ses employés ont été tués à Gaza depuis le début du conflit.

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