Politique

La visite de Xi à Rabat reflète l’intérêt croissant de la Chine pour renforcer sa coopération avec le Maroc

Le prince héritier Moulay El Hassan, accompagné du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, a accueilli le président chinois sur instruction du roi Mohammed VI.


La visite éclair du président chinois Xi Jinping à Rabat, jeudi dernier, témoigne de l’intérêt croissant de Pékin pour le Maroc en tant que porte d’entrée stratégique vers l’Afrique et l’Europe. Cet intérêt s’explique aussi par les transformations majeures que connaît le Maroc grâce à sa position géographique stratégique et aux initiatives ambitieuses lancées par le roi Mohammed VI, notamment en matière de développement durable et de stabilité régionale et internationale. Parmi ces initiatives figure l’accès à l’Atlantique pour renforcer la coopération Sud-Sud selon une logique gagnant-gagnant, tout en favorisant l’intégration économique entre l’Afrique et l’Europe.

La Chine, en tant que l’un des plus grands investisseurs en Afrique, cherche à tirer parti de la position du Maroc et de son rôle en tant qu’acteur régional et international. Elle travaille à renforcer ses relations avec le Royaume dans ce contexte. Cette dynamique pourrait aboutir à une reconnaissance par Pékin de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, avec une adoption de l’initiative d’autonomie comme seule solution au différend artificiel entretenu par l’Algérie et le Polisario.

Cette visite intervient quelques jours après la publication de rapports espagnols basés sur des sources chinoises révélant l’intention de Pékin de reconnaître la marocanité du Sahara et d’ouvrir un consulat à Laâyoune.

La visite éclair du président chinois au Maroc reflète une forte volonté de renforcer les relations bilatérales, notamment dans le domaine économique. Il est prévu que Pékin élargisse ses champs de coopération avec Rabat, en particulier dans les provinces du sud du Royaume, en concurrence avec des entreprises occidentales manifestant un vif intérêt pour le marché marocain et souhaitant lancer des projets dans le Sahara marocain.

La visite de Xi au Maroc coïncide également avec la préparation du Royaume pour accueillir deux événements sportifs internationaux majeurs : la Coupe d’Afrique des Nations 2026 et la Coupe du Monde 2030. Ces événements ont catalysé une révolution dans les infrastructures sportives, aéroportuaires, ferroviaires et routières, des domaines qui attirent l’intérêt des partenaires chinois, tout comme celui des entreprises occidentales.

Selon l’agence marocaine de presse (MAP), le prince héritier Moulay El Hassan, accompagné du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, a accueilli le président chinois à l’aéroport international Mohammed V de Casablanca, sur instruction du roi Mohammed VI. L’agence souligne que cette visite reflète les liens solides d’amitié, de coopération et de solidarité entre les peuples marocain et chinois.

Xi Jinping était accompagné d’une délégation importante, notamment Cai Qi, membre du Comité permanent du Bureau politique et directeur général de la Commission centrale du Parti communiste chinois ; Wang Yi, membre du Bureau politique et directeur du Bureau des affaires étrangères du Comité central ; ainsi que Hua Chunying, vice-ministre des Affaires étrangères.

Le président chinois a effectué cette visite après sa participation au sommet du G20 au Brésil, ce qui met en évidence l’importance stratégique accordée par Pékin au Maroc, un pays clé de l’Afrique du Nord où la Chine cherche à accroître sa présence économique.

Ces dernières années, la Chine a intensifié ses investissements au Maroc dans les secteurs des infrastructures et des chemins de fer. Rabat attire également les fabricants chinois de batteries pour véhicules électriques grâce à sa proximité avec l’Europe, ses accords de libre-échange avec l’Union européenne et les États-Unis, et son industrie automobile en pleine croissance.

En juin dernier, l’entreprise chinoise Gotion High-Tech a choisi le Maroc pour installer la première grande usine de batteries électriques en Afrique, avec un investissement total de 1,3 milliard de dollars.

La coopération stratégique entre Pékin et Rabat a produit des résultats tangibles, avec un volume d’investissements chinois au Maroc multiplié par cinq entre 2016 et 2023, et un volume d’échanges commerciaux doublé sur la même période, faisant de la Chine le principal partenaire asiatique du Royaume.

Politiquement, cette visite intervient après des rapports espagnols selon lesquels Pékin se préparerait à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara et à inaugurer un consulat général à Laâyoune. La Chine envisagerait également d’investir dans un pont terrestre reliant les provinces sahariennes marocaines aux îles Canaries espagnoles récemment visitées par Xi Jinping.

Ces développements, s’ils se confirment, montrent que les dirigeants mondiaux, y compris le président chinois, ont bien saisi la déclaration du roi Mohammed VI selon laquelle « le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc voit le monde ».

En revanche, l’Algérie observe avec inquiétude le rapprochement sino-marocain. Une reconnaissance par Pékin, allié traditionnel du régime algérien, de la marocanité du Sahara représenterait un revers sévère pour ce dernier.

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