La coalition arabe fait pression sur le Conseil de transition du Sud en bombardant Al-Moukalla
L’Arabie saoudite considère que sa sécurité est une ligne rouge. Elle réaffirme son soutien au dialogue et à une solution politique globale au Yémen, appelant toutes les parties, y compris le Conseil de transition du Sud, à y participer.
La coalition arabe pour le soutien de la légitimité au Yémen, dirigée par l’Arabie saoudite, a annoncé avoir mené une « opération militaire limitée » au moyen de frappes aériennes visant ce qu’elle a décrit comme des armes et des véhicules militaires arrivés à bord de deux navires au port d’Al-Moukalla, dans le gouvernorat de Hadramout (à l’est), contrôlé par les forces du Conseil de transition du Sud.
Le porte-parole des forces de la coalition, le général Turki Al-Maliki, cité par l’agence de presse officielle saoudienne SPA, a déclaré que « l’opération est intervenue à la demande du président du Conseil de direction présidentielle yéménite, Rashad Al-Alimi, afin que les forces de la coalition prennent toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramout et d’Al-Mahra ».
Il a estimé que le bombardement des armes était justifié par la menace qu’elles représentent pour la sécurité et la stabilité, soulignant qu’il a été effectué conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, tout en évitant les dommages collatéraux.
Le porte-parole de la coalition avait indiqué, il y a quelques jours, que tout mouvement militaire du Conseil de transition du Sud contraire aux efforts de désescalade dans le gouvernorat de Hadramout serait traité de manière à protéger les civils.
Commentant l’opération, l’Arabie saoudite a déclaré mardi que sa sécurité nationale représentait une ligne rouge qu’elle défendra. Dans un communiqué, elle a précisé que « toute atteinte ou menace à notre sécurité nationale constitue une ligne rouge, et le Royaume n’hésitera pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour y faire face et la neutraliser ».
En parallèle, le communiqué a réaffirmé le soutien au dialogue, soulignant que « la solution politique globale au Yémen implique la participation de toutes les parties, y compris le Conseil de transition du Sud ».
De son côté, le Conseil de direction présidentielle a annoncé l’instauration de l’état d’urgence dans le pays pour une durée de 90 jours renouvelable, à compter de mardi, dans le cadre de ses efforts pour faire face à ce qu’il a qualifié de tentatives de division de la République.
Selon le communiqué du Conseil, « toutes les forces et formations militaires dans les gouvernorats de Hadramout et d’Al-Mahra doivent coordonner pleinement leurs actions avec la direction de la coalition, représentée par le Royaume d’Arabie saoudite, retourner immédiatement à leurs positions et camps d’origine, sans aucun affrontement, et remettre tous les sites aux Forces Bouclier de la Nation ».
Le texte ajoute : « Les gouverneurs de Hadramout et d’Al-Mahra se voient accorder toutes les prérogatives pour gérer les affaires des deux gouvernorats, en coopération totale avec les Forces Bouclier de la Nation jusqu’à la prise en charge des camps par ces dernières. »
Le Conseil a également annoncé « l’imposition d’un blocus aérien, maritime et terrestre sur tous les ports et points d’accès pendant 72 heures à compter de cette annonce, à l’exception de ceux autorisés par un permis officiel délivré par la direction de la coalition soutenant la légitimité ».
Dans un autre développement lié à la demande d’Al-Alimi concernant le départ des forces émiraties du Yémen, une source au sein du Conseil a nié mardi toute décision consensuelle en ce sens, affirmant que le Conseil n’a pas discuté ce dossier et n’a pris aucune décision unanime à ce sujet.
La source a expliqué que le mécanisme en vigueur au sein du Conseil exige un consensus total, notamment sur les questions souveraines et sensibles. Cela signifie qu’aucune position officielle ne peut être considérée comme adoptée au nom du Conseil. Des observateurs estiment que ce qui a été attribué à Al-Alimi relève d’une « décision unilatérale et individuelle » ne reflétant pas la volonté des autres membres et ne bénéficiant pas d’une couverture politique globale, ce qui soulève des questions sur les motivations et le timing de cette démarche, et renforce l’idée qu’elle représente davantage une position personnelle qu’une décision institutionnelle contraignante.
Pour sa part, le président du Conseil de transition du Sud, Aïdarous Al-Zoubaïdi, a déclaré dans un communiqué conjoint avec des responsables yéménites que les Émirats arabes unis resteraient un partenaire essentiel dans la lutte contre les Houthis. Abou Dhabi a soutenu de manière importante les efforts visant à affronter les rebelles soutenus par l’Iran au cours des dernières années.
Samedi dernier, le Conseil a indiqué avoir réagi positivement aux avertissements saoudiens, exprimant son ouverture à toute disposition « garantissant la sécurité et la stabilité du Sud ». Depuis le début du mois de décembre, les forces du Conseil de transition du Sud contrôlent les gouvernorats de Hadramout et d’Al-Mahra.
