Politique

La chute du régime d’al-Assad aidera-t-elle Daech à s’étendre en Afrique ?


L’effondrement soudain du régime de Bachar el-Assad, le 8 décembre dernier, a offert une opportunité au groupe Daech pour s’emparer d’arsenaux d’armes et d’équipements abandonnés par l’armée et les groupes qui lui étaient loyaux. Cela se manifeste par le retour des cellules de Daech depuis les profondeurs du désert syrien, lançant des attaques surprises avec des armes légères et moyennes contre les Forces démocratiques syriennes dans la région de Deir ez-Zor.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme a rapporté mardi que cette attaque était l’une des cinq opérations menées par les cellules de Daech dans les zones sous le contrôle de l’Administration autonome depuis le début de l’année. Ces opérations incluent des attaques armées, des assassinats ciblés et des explosions. Dans un autre rapport, l’Observatoire a exprimé ses préoccupations quant à des projets d’attentats visant le sanctuaire de Sayyida Zeinab ou des zones à majorité alaouite.

Des experts estiment que la chute du régime d’al-Assad pourrait encourager un groupe de combattants de Daech à renforcer leur présence dans certaines régions d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Cela est illustré par des vidéos de propagande publiées fin décembre et début janvier.

Adel Abdelkafi, conseiller stratégique de l’ancien commandant en chef de l’armée à Tripoli, partage ces préoccupations. Il a déclaré à Indépendent Arabia que Daech réorganisait ses rangs depuis 2023, des combattants ayant infiltré des zones allant de la Syrie et de l’Irak jusqu’aux pays du Sahel et du Sahara.

Abdelkafi résume la stratégie du groupe sous le slogan « demeurer et s’étendre ». Lorsqu’ils sont pourchassés dans certaines zones, les membres du groupe, qu’ils soient leaders ou simples combattants, disparaissent jusqu’à ce que les poursuites militaires s’apaisent. Ils en profitent alors pour se regrouper. Ce qui les aide dans cette stratégie, c’est la situation sécuritaire instable dans la région du Sahel. le bassin du lac Tchad et les frontières poreuses entre ces pays, en plus des conditions géographiques favorables aux groupes terroristes.

Selon un rapport publié le 9 janvier par l’Institut américain pour l’étude de la guerre, le retour à la visibilité de Daech en Syrie représente une menace évolutive pour l’Occident. Le rapport souligne que les récents changements en Syrie et en Afrique risquent de créer des vides sécuritaires que Daech pourrait exploiter pour accroître sa puissance.

L’institut évoque également, comme relayé par Indépendent Arabia, le risque que ces développements sapent les efforts occidentaux pour lutter contre l’organisation et les démarches en faveur d’une transition politique en Syrie. Cela inclut des scénarios de fuites massives des prisons situées dans l’est de la Syrie ou des attaques sectaires dans l’ouest du pays. Les combattants de Daech sont actuellement détenus dans des centres gérés par les Forces démocratiques syriennes dans le nord-est de la Syrie.

Il convient de noter que les premières autorités à avoir lancé une alerte sécuritaire en Afrique pour traquer d’éventuels extrémistes sont celles de l’Est libyen, dans les jours qui ont suivi la chute d’al-Assad. Cette alerte a été motivée par l’ouverture des prisons syriennes et la libération de détenus sans vérification d’identité, suscitant des craintes de voir ces militants extrémistes s’infiltrer en Libye. Par ailleurs, des combattants syriens recrutés par la Turquie sont encore stationnés dans l’ouest de la Libye, où ils ont célébré la chute du régime d’al-Assad, comme en témoignent des vidéos diffusées par les médias libyens.

 

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