Damas lie les troubles sur la côte à des plans visant à démanteler l’État
Le ministère syrien de l’Intérieur accuse les reliquats de l’ancien régime «d’agiter la foule pour faire chanter l’État politiquement et tenter d’obtenir des gains politiques».
Les autorités syriennes redoutent la montée des appels à la sécession lancés par plusieurs groupes confessionnels et ethniques dans le pays, qui exploitent la faiblesse de l’État et les divisions internes, ainsi que leur capacité à obtenir un soutien de pays étrangers pour justifier — ou aller de l’avant dans — leurs revendications séparatistes, tandis que Damas a été secouée par une puissante explosion dont l’auteur reste inconnu.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur syrien, Nour al-Din al-Baba, a révélé dimanche que les manifestations survenues dans plusieurs provinces sont le résultat d’appels séparatistes.
Après les Druzes à Soueida et certaines forces kurdes réclamant l’indépendance ou l’instauration d’un système fédéral, les Alaouites ont cette fois rejoint ces revendications, lesquelles menacent l’État syrien dans son existence et son unité territoriale.
Dimanche, les provinces de Lattaquié et Tartous (ouest), ainsi que Hama et Homs (centre), ont connu des manifestations demandant «la fédéralisation et le droit à l’autodétermination», en réponse à l’appel de Ghazal Ghazal, président du Conseil alaouite suprême en Syrie et à l’étranger, basé à Lattaquié.
Lors de ces manifestations, où les forces de sécurité ont pris des mesures strictes, des slogans ont été scandés en faveur de la fédération et contre le gouvernement de Damas. La ville de Lattaquié a enregistré la mort de trois personnes et 60 blessés lors d’attaques survenues pendant les protestations.
Al-Baba a déclaré que «les forces de sécurité intérieure agissent avec un haut degré de discipline et de noblesse», précisant toutefois que l’usage d’armes à feu vise «les reliquats de l’ancien régime qui ciblent les forces de sécurité et les civils», insistant sur le fait que ces manifestations sont le résultat «d’appels séparatistes».
Il a affirmé que la scène des attaques brutales menées par les reliquats de l’ancien régime contre des manifestants pacifiques constitue «une victoire pour la révolution syrienne», soulignant que «l’ancien régime a privé la côte des services».
Le porte-parole du ministère a expliqué que «l’instrumentalisation de la foule pour faire pression politiquement sur l’État et tenter d’obtenir des gains lors des négociations ne servira à rien».
Plus tôt dimanche, le ministère de la Défense a annoncé l’entrée d’unités de l’armée dans les centres-villes de Lattaquié et de Tartous, «après l’escalade des attaques menées par des groupes hors-la-loi contre les habitants et les forces de sécurité».
Évoquant la mission de l’armée sur la côte syrienne, al-Baba a précisé qu’elle consiste à maintenir la sécurité et rétablir la stabilité, en coopération et pleine coordination avec les forces de sécurité intérieure.
Commentant l’attentat contre une mosquée à Homs, il a déclaré qu’il «a visé plusieurs composantes, et non une seule».
Il a souligné qu’«il y a certaines têtes qui tirent les ficelles pour nuire au peuple syrien dans la région côtière», sans les nommer, ajoutant: «Bachar al-Assad est tombé, le régime confessionnel est tombé, et le temps ne reviendra pas en arrière.»
En signe de l’ampleur des défis sécuritaires auxquels le gouvernement fait face, le rapport a affirmé qu’une explosion «d’origine inconnue» a été entendue aux abords du quartier de Mazzeh, à Damas.
La chaîne a indiqué: «Un bruit d’explosion inconnue a été entendu dans les environs de Mazzeh, à Damas», sans donner plus de détails. Les causes et les conséquences de l’explosion n’étaient pas immédiatement connues, et aucune déclaration officielle des autorités syriennes n’a encore été faite.
De son côté, le gouverneur de Tartous, Ahmad al-Shami, a révélé dimanche que ce qui s’est produit dans la province fait partie des tentatives des reliquats de l’ancien régime d’exploiter tout événement afin de semer le chaos et d’inciter à la discorde au service d’agendas étrangers.
Il a expliqué que «certaines parties extérieures œuvrent, depuis la chute de l’ancien régime, à diffuser des rumeurs et à inciter, en essayant de peindre la côte aux couleurs du désordre et de l’insécurité par des appels à manifester et à organiser des sit-ins».
Il a indiqué que «le dénommé Ghazal Ghazal» a exploité l’explosion visant une mosquée dans la ville de Homs (centre) pour appeler à manifester afin de servir des agendas extérieurs cherchant à déstabiliser la région, alors que celle-ci fait face au danger posé par l’organisation terroriste Daech et ses mouvements.
Il a ajouté que «la manifestation pacifique et la liberté d’expression sont un droit garanti à toutes les composantes de la société syrienne, mais les exploiter pour tirer à balles réelles, semer le chaos ou lancer des grenades menace la sécurité et la stabilité».
Ghazal, connu pour ses liens étroits avec l’ancien régime baassiste, avait publié un communiqué après l’attentat terroriste contre une mosquée dans un quartier majoritairement alaouite de la province de Homs vendredi dernier, qui a fait huit morts.
Il a déclaré que ce qui s’est passé représente «un modèle de ce que les Juifs ont subi aux mains des nazis», appelant ses partisans à manifester pour réclamer une fédération politique et une protection internationale.
Le nouveau gouvernement syrien s’efforce de rétablir la sécurité et de pourchasser les reliquats de l’ancien régime qui provoquent des troubles sécuritaires, notamment dans la région côtière, ancien bastion des hauts responsables du régime Assad.
Le 8 décembre 2024, les révolutionnaires syriens sont parvenus à entrer dans la capitale, Damas, annonçant la chute du régime de Bachar al-Assad (2000-2024), qui avait hérité du pouvoir de son père Hafez (1970-2000).
