Bouclier du hérisson et pragmatisme… 6 leçons de Trump aux dirigeants du monde en 2026
La revue américaine Foreign Policy a pris l’habitude de présenter, au début de chaque année, la vision de ses principaux auteurs et leur lecture des grandes tendances de la politique internationale.
À l’approche de l’année 2026, la question est devenue différente et plus pressante : qu’ont appris les dirigeants du monde de la première année du second mandat de Donald Trump ? Et comment ces leçons se refléteront-elles sur leurs politiques et leurs alliances au cours de l’année à venir ?
Selon le magazine, l’administration Trump a provoqué — davantage encore que lors de son premier mandat — un séisme profond dans la politique étrangère américaine : droits de douane étendus, remise en cause permanente de l’utilité des alliances traditionnelles, accords directs avec les adversaires de Washington et nette tendance à traiter les relations internationales comme des transactions de court terme.
Le tableau a souvent paru chaotique et déroutant, selon Foreign Policy, mais il a imposé aux grandes capitales une réalité impossible à ignorer : traiter avec Washington sous Trump exige un pragmatisme froid, une grande flexibilité et une préparation constante aux pires scénarios.
Leçon 1 : La Chine… comment contenir Trump ?
Alors que de nombreux dirigeants exprimaient leurs craintes face aux menaces commerciales de Trump, la Chine a terminé l’année 2025 avec moins de dommages que prévu. Le message que Pékin en a tiré était clair : Trump est plus affranchi des contraintes institutionnelles et moins prévisible, mais il demeure extrêmement sensible aux pressions économiques internes.
La direction chinoise a appris que les menaces maximales lancées par Trump s’érodent souvent sous la pression des marchés, des groupes de pression et de l’inquiétude des consommateurs américains.
Elle a aussi compris que la diversification des partenaires commerciaux et l’élargissement des marchés alternatifs lui donnent une meilleure capacité d’absorber les chocs. Plus important encore, des réponses ciblées sur des points précis de vulnérabilité dans les chaînes d’approvisionnement américaines sont plus efficaces que des confrontations globales.
Dans ce contexte, Pékin misera en 2026 sur une politique de patience stratégique et sur des accords limités offrant à Trump des « victoires symboliques » exploitables médiatiquement, sans concessions substantielles.
Parallèlement, la Chine poursuit l’approfondissement de ses relations économiques et politiques avec l’Europe, l’Asie et le Golfe afin de réduire sa dépendance stratégique vis-à-vis de Washington.
Leçon 2 : L’Inde… réinitialiser la relation avec les États-Unis
Le Premier ministre indien Narendra Modi a accueilli le retour de Trump à la Maison-Blanche avec enthousiasme, mais il s’est vite heurté à une réalité moins amicale, notamment après l’imposition de nouveaux droits de douane sur les produits indiens.
En 2026, l’Inde devrait adopter une approche plus équilibrée et réaliste : éviter l’affrontement public avec Trump, maintenir ouvertes les canaux avec l’ensemble de l’establishment américain — du Congrès au Pentagone — tout en accélérant la diversification de ses partenariats économiques et sécuritaires, selon Foreign Policy.
Le message indien central est désormais clair : réduire la dépendance excessive à Washington, sans aller jusqu’à la rupture.
Leçon 3 : Les alliés… « soyez comme les hérissons »
De l’Ukraine aux pays baltes en passant par Taïwan, les alliés sont parvenus à une conclusion sans ambiguïté : les garanties de sécurité américaines ne sont plus aussi suffisantes qu’auparavant. Dans le monde de Trump, la protection n’est pas gratuite, et la survie exige une capacité propre de dissuasion.
L’Ukraine, qui a pratiquement renoncé à son rêve d’adhésion à l’OTAN, se concentre désormais sur la construction d’un « hérisson d’acier » difficile à avaler militairement.
L’Europe, de son côté, a lancé la plus vaste vague de réarmement depuis des décennies, poussée par la crainte d’un vide sécuritaire possible. Taïwan et le Japon ont augmenté leurs dépenses militaires et renforcé des capacités défensives rendant toute aventure contre eux extrêmement coûteuse.
La leçon est claire : l’autonomie est devenue une nécessité existentielle, non un simple choix politique.
Leçon 4 : Les PDG… réfléchissez à deux fois avant d’investir
En 2025, le monde des affaires a été secoué par les politiques imprévisibles de Trump, notamment après des incidents comme la détention d’ouvriers sud-coréens employés dans de nouvelles usines aux États-Unis.
Le message était préoccupant : même se conformer au désir de Trump de « relocaliser l’industrie » peut se transformer en fardeau politique et juridique.
En 2026, ce climat pourrait pousser les multinationales à orienter leurs investissements vers des alternatives plus stables, comme le Vietnam ou le Canada.
Et bien que le marché américain demeure attractif, l’incertitude politique est devenue un facteur majeur de découragement pour les investisseurs.
Leçon 5 : L’Europe… gardez votre calme et continuez
Jusqu’ici, l’Union européenne a relativement bien géré sa relation avec Trump sans céder à la panique : elle a accepté des compromis commerciaux limités, évité des ripostes hâtives et préservé un minimum d’unité.
Mais 2026 apportera des tests plus difficiles, de l’Ukraine aux règles numériques, sans oublier la possibilité que Trump exploite les sommets internationaux pour imposer des accords bilatéraux affaiblissant la position collective.
La réponse européenne probable : poursuivre la stratégie du long terme, en misant sur l’unité interne et un renforcement de l’autonomie.
Leçon 6 : Israël… les aides ne sont plus garanties
La politique de Trump au Moyen-Orient s’est révélée guidée davantage par l’intuition que par la doctrine. Dans ce cadre, l’aide militaire à Israël n’est plus un dossier intouchable comme par le passé.
Les déclarations récentes de Trump indiquent clairement qu’il ne considère plus ces aides comme une « bonne affaire » par nature.
Cette réalité place Israël face à un défi nouveau : comment convaincre un président qui voit les relations internationales à travers le prisme du coût et du bénéfice ? En 2026, Tel-Aviv pourrait se retrouver contrainte d’offrir davantage de contreparties politiques ou économiques, dans un monde où les alliances ne sont plus fixes ni garanties.
