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Al-Burhan rencontre des dirigeants en Turquie : le retour des Frères musulmans au premier plan au Soudan ?


Des sources bien informées ont révélé qu’Abdel Fattah Al-Burhan, président du Conseil de souveraineté transitoire, a effectué une visite secrète en Turquie le 30 mars 2025, où il a rejoint sa famille pour célébrer l’Aïd el-Fitr.

Bien que la visite ait été officiellement présentée comme familiale, les coulisses ont révélé des objectifs politiques bien plus profonds, notamment des rencontres entre Al-Burhan et des figures de l’ancien régime soudanais résidant en Turquie, parmi lesquelles des membres éminents des Frères musulmans.

Cette visite intervient à la veille de la participation attendue d’Al-Burhan au forum économique international prévu à Antalya le 15 avril 2025, ce qui lui confère une dimension politique supplémentaire, surtout dans le contexte des récentes dynamiques régionales et internationales autour de la crise soudanaise.

Renforcement de l’alliance avec les Frères musulmans en exil

Des sources proches du dossier soudanais ont révélé qu’Al-Burhan a profité de sa présence en Turquie pour organiser des réunions à huis clos avec des responsables de l’ancien régime soudanais ayant fui après la chute d’Omar el-Béchir en 2019. Ces rencontres ont porté sur la réorganisation des rangs du courant islamiste, en particulier des Frères musulmans, en vue de leur retour au Soudan et de leur participation à toute future solution politique.

Les mêmes sources précisent qu’Al-Burhan cherche à renforcer une relation stratégique avec ces dirigeants afin de compenser l’absence de légitimité politique et populaire à l’intérieur du pays, dans un contexte de perte croissante de soutien militaire de certaines unités. Il vise aussi à rééquilibrer les forces face à l’expansion des Forces de soutien rapide, dont l’influence ne cesse de grandir sur le terrain.

Des accords douteux en préparation

Par ailleurs, des rapports diplomatiques ont révélé qu’Al-Burhan a proposé à la Turquie des projets d’investissement conjoints dans les domaines de l’agriculture, des infrastructures et de l’énergie, en échange de la facilitation des activités des Frères musulmans installés en Turquie, ainsi que de leur soutien public à un nouveau processus politique en cours d’élaboration visant à les réintégrer dans les structures de l’État soudanais.

Cette démarche semble être une tentative manifeste d’achat d’influence politique par le biais de l’économie, en contradiction avec les déclarations officielles selon lesquelles le Soudan se dirige vers une transition démocratique transparente. Al-Burhan tente ainsi de dessiner une nouvelle carte politique pour le pays à travers la Turquie, en utilisant son pouvoir militaire pour imposer un fait accompli susceptible de ramener le Soudan à un régime autoritaire.

Selon plusieurs analyses, cette orientation représente une menace grave pour la paix et la stabilité, d’autant plus que les Frères musulmans sont largement rejetés par l’opinion publique soudanaise en raison de leur longue histoire de répression, d’exclusion et de démantèlement des institutions de l’État.

Un nouveau recul politique

Les manœuvres d’Al-Burhan ouvrent la voie à une nouvelle régression politique au Soudan, surtout qu’elles coïncident avec une intensification des combats entre l’armée et les Forces de soutien rapide, et avec l’aggravation de la situation humanitaire et économique dans l’ensemble du pays. Toute tentative de réintégrer les figures de l’ancien régime par le biais de compromis extérieurs risque de rencontrer un rejet massif de la part des forces révolutionnaires et de la société civile, et pourrait raviver la crise.

Des observateurs estiment que cette visite d’Al-Burhan en Turquie n’a rien de personnel, mais s’inscrit dans un projet plus vaste de reconfiguration du pouvoir au Soudan, destiné à garantir sa survie politique en s’alliant à un groupe longtemps associé à l’échec, à la corruption et à la dictature.

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