Les alliances des Frères musulmans : des tournants historiques menant à la désintégration et au chaos
L’écrivain et journaliste Mohamed Jalal Al-Raisi a affirmé que les expériences d’alliance entre certaines forces politiques et l’organisation des « Frères musulmans » n’étaient pas de simples faux pas tactiques, mais constituaient, en essence, des tournants historiques dangereux ayant affaibli les institutions de l’État et fragmenté le tissu national, insistant sur le fait que le résultat demeure le même, quels que soient les contextes géographiques ou politiques.
Dans un article publié par le journal An-Nahar, Al-Raisi a expliqué que l’organisation se présente initialement comme un allié « organisé », disposant de bases populaires et de capacités de mobilisation, ce qui a poussé certains États à miser sur elle pour combler des vides ou faire face à des adversaires. Cependant, ce qui semblait à un moment donné une alliance « intelligente » — selon ses termes — s’est rapidement transformé en un fardeau lourd qui a épuisé les ressources de la société et de l’État.
Al-Raisi a ajouté que le problème fondamental réside dans le manque de logique étatique des « Frères musulmans », pour qui la loyauté à l’organisation prime sur celle envers la nation. Le pouvoir est considéré uniquement comme une étape d’un « projet plus vaste » et non comme un partage politique équilibré. Il a précisé que l’octroi de pouvoir à l’organisation entraîne inévitablement des conflits avec les institutions judiciaires, médiatiques et politiques, ainsi qu’une polarisation profonde qui affecte le cœur même de la société.
Il a passé en revue les deux dernières décennies dans la région, soulignant que les tentatives d’« islamisation » des institutions et d’exclusion des compétences ont conduit à une politisation de la religion incompatible avec les valeurs de tolérance et d’éthique. De plus, l’alliance de l’organisation avec les armes et les milices dans certaines régions a transformé l’action politique en un chaos généralisé, fragmentant l’État au profit de la logique de la force.
Al-Raisi a souligné que le danger de l’organisation ne se limite pas à affaiblir le front intérieur, mais s’étend à isoler les États sur le plan international en raison de son discours exclusif et de ses positions duales, ce qui fait perdre à l’État la confiance des investisseurs et partenaires internationaux et le soumet à des pressions sécuritaires constantes.
Il a poursuivi en expliquant que lorsqu’un État prend conscience de la gravité de cette trajectoire et tente de la corriger, il découvre que le coût est élevé : l’organisation, qui a bénéficié de marges de liberté, devient un adversaire redoutable utilisant la rue et un discours religieux déformé pour renverser les anciens alliés, entraînant le pays dans une spirale d’épuisement prolongé.
Al-Raisi a conclu en affirmant que les « Frères musulmans » ne représentent pas un projet de construction des États, mais un « projet de crises », estimant que leurs expériences n’ont produit ni développement ni stabilité, mais ont conduit au recul économique et à la division des sociétés.
