Le gouvernement soudanais dans la ligne de mire : violations contre les civils et obstruction à l’aide humanitaire sur fond d’appels internationaux à la fin de la guerre

Alors que la souffrance humanitaire au Soudan ne cesse de s’aggraver en raison d’un conflit qui dure depuis plus d’un an, la conférence internationale de Londres tenue le 15 avril 2025 a remis la crise soudanaise sous les projecteurs. Un consensus international fort y a émergé, appelant à mettre fin à la guerre, empêcher la division du pays et sauver les civils d’une catastrophe qui ne cesse de s’intensifier. En coulisses, cependant, de graves accusations sont portées contre l’armée soudanaise, notamment des violations systématiques des droits humains et des entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire vers les zones sinistrées.
Conférence de Londres : consensus politique et diplomatie « patiente »
La conférence a réuni des représentants des Nations Unies, de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la Ligue arabe, ainsi que de plusieurs puissances telles que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, sans oublier les organisations humanitaires et de défense des droits humains. L’un des messages phares fut l’engagement à « empêcher la division du Soudan », allusion directe à la crainte qu’un nouveau découpage géopolitique ne s’impose de manière irréversible.
Les principales conclusions de la conférence ont porté sur quatre points :
- La protection des civils, priorité absolue face aux attaques sur les zones résidentielles, les hôpitaux et les marché
- Les conséquences catastrophiques du conflit, avec des milliers de morts et des millions de déplacés internes ou réfugiés dans les pays voisins.
- L’acheminement sans entrave ni instrumentalisation politique de l’aide humanitaire.
- La relance du processus politique selon une approche de « diplomatie patiente », fondée sur la pression douce et les négociations à long terme.
Des accusations croissantes contre l’armée soudanaise
Malgré les efforts du gouvernement pour projeter l’image d’une « armée nationale défendant l’unité du pays », plusieurs rapports des Nations Unies et d’organes de presse révèlent l’implication d’unités de l’armée soudanaise dans des violations systématiques, notamment des bombardements aveugles sur des civils et des sièges prolongés provoquant des famines locales, notamment dans l’État de Khartoum et au Darfour.
Un rapport publié par Human Rights Watch peu avant la conférence documente des cas de torture, d’arrestations arbitraires et de pillages commis par des éléments de l’armée régulière, décrits comme une tentative de prise de contrôle violente sur des zones hors de leur autorité.
Obstruction à l’aide humanitaire : stratégie de famine ou chaos opérationnel ?
Parmi les accusations les plus graves évoquées à Londres figure l’entrave par l’armée à l’accès des convois humanitaires, à travers des restrictions bureaucratiques, des barrages routiers et des menaces sécuritaires dans les zones de conflit.
Un représentant d’une ONG internationale a déclaré lors de la conférence :
« Il est inacceptable que des gens meurent alors que les aides sont stockées à quelques kilomètres, bloquées par des obstacles artificiels. »
Des rapports médiatiques font également état de cargaisons de médicaments et de vivres retenues dans les ports de l’est du Soudan sous prétexte de sécurité, entraînant leur avarie ou leur détournement vers le marché noir.
Réponse de l’armée soudanaise : campagne de désinformation ?
Dans une déclaration officielle, le porte-parole de l’armée soudanaise a catégoriquement nié toutes les accusations, les qualifiant de « campagne de désinformation coordonnée » visant à ternir l’image des forces armées. Il a assuré que « l’armée respecte le droit international humanitaire et coopère avec les autorités compétentes pour faciliter l’acheminement de l’aide ».
Cependant, les observateurs jugent cette réponse insuffisante en l’absence de transparence et face au refus du gouvernement de permettre l’entrée de commissions d’enquête internationales.
La diplomatie patiente… est-elle suffisante ?
Malgré l’élan diplomatique issu de la conférence de Londres, le pari sur une « diplomatie patiente » semble incertain dans un contexte de polarisation interne et de multiplicité des acteurs armés, y compris des milices échappant au contrôle de l’armée ou des Forces de soutien rapide.
Le civil soudanais reste la principale victime, pris en étau entre la guerre et le blocus, tandis que le reste du monde se limite encore à des condamnations verbales. Pourtant, l’unanimité affichée à Londres pour sauvegarder l’unité du Soudan et mettre fin à la guerre pourrait représenter une lueur d’espoir — à condition que les intentions se traduisent en pressions politiques concrètes et en poursuites réelles pour crimes de guerre et violations des droits humains.