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Escalade des tensions entre les dirigeants de l’armée soudanaise et les milices islamistes : Quelles en sont les causes ?


Des sources militaires soudanaises ont rapporté une intensification des désaccords entre les chefs de l’armée soudanaise et leurs alliés issus des milices islamistes combattant à leurs côtés, à la suite des violations massives commises lors des récents affrontements à Khartoum et au Darfour.

L’opposition interne à l’influence des Frères musulmans au sein de l’armée soudanaise s’est ravivée, notamment après la publication de rapports de défense des droits de l’homme accusant ces milices d’avoir perpétré des atrocités à Khartoum et au Darfour, comprenant des exécutions sommaires et des actes de torture sur des détenus. Cela pourrait annoncer le retour des « assassinats mystérieux », qui avaient déjà reflété auparavant l’ampleur des divisions.

D’après les médias soudanais, les tensions entre les chefs militaires se sont accrues récemment en raison de l’influence grandissante du mouvement islamiste, qui soutient le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan. Certains cercles s’inquiètent d’un retour de flamme populaire comparable à celui ayant mené à la chute du président déchu Omar Hassan el-Béchir.

Le régime islamiste d’el-Béchir avait en effet été confronté à un vaste soulèvement populaire en 2018, précipitant sa destitution en 2020, un scénario redouté par al-Burhan, accusé par ses détracteurs au sein de l’armée de se soumettre à l’influence islamiste, voire de faciliter son retour dans les rangs militaires et au pouvoir.

Certaines factions au sein de l’armée ont mis en garde contre le risque de « chaos » dans les casernes, où des slogans « extrémistes » ont été observés, faisant référence à des éléments islamistes partisans du président déchu.

Cette montée des tensions illustre une profonde fracture idéologique au sein de la doctrine militaire, aujourd’hui clairement divisée entre une faction islamiste radicale qui gagne du terrain dans les casernes, et des forces laïques ou nationalistes en lutte pour l’influence et le contrôle, dans un contexte d’absence totale de projet politique ou militaire unifié.

Selon plusieurs observateurs, les divisions internes à l’armée soudanaise, exacerbées par la guerre en cours, montrent que le conflit initialement politique opposant deux blocs rivaux s’est transformé en une crise plus profonde, orchestrée en coulisses par les Frères musulmans, désormais profondément enracinés dans les structures de l’armée, exposant celle-ci à un risque de guerre civile interne.

Le mouvement islamiste est accusé de contrôler les centres décisionnels au sein de l’armée et d’orienter les opérations sans passer par la chaîne de commandement officielle. Des fuites audio, largement partagées, ont révélé des ordres militaires émanant des « Kataeb Al-Baraa », une brigade affiliée aux islamistes, donnés en dehors de tout cadre hiérarchique, alimentant les appels à une « purge » de l’armée de cette influence.

Ces enregistrements, diffusés sur les réseaux sociaux, ont révélé l’ampleur de la désorganisation au sein de l’armée soudanaise, montrant la multiplicité des centres de décision et la rébellion de certains officiers face aux ordres, notamment dans les régions d’Omdourman et de Shendi.

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