Dbeibah tente de renforcer son soutien intérieur avec une position ferme contre la relocalisation des migrants
Dbeibah a perçu l'impact interne que pourrait avoir sur sa carrière politique la conclusion d’un accord visant à relocaliser les migrants en échange d’un soutien régional et international.

Le Premier ministre du Gouvernement d’unité nationale libyen, Abdel Hamid Dbeibah, a affirmé que la Libye ne sera pas une terre d’accueil pour l’immigration irrégulière et que la sécurité et la stabilité du peuple libyen constituent une ligne rouge. Cette déclaration vise à apaiser les Libyens après une vague de colère suscitée par des informations faisant état d’un accord secret pour faire passer un projet de relocalisation des migrants.
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Des rumeurs circulent récemment au sujet de mouvements menés par certaines organisations internationales dans le cadre d’un programme d’intégration visant à relocaliser des milliers de migrants en Libye. Des cercles libyens expriment des doutes quant aux intentions de Dbeibah, qui cherche à obtenir un soutien régional et international pour se maintenir au pouvoir. Il se présente fréquemment comme un partenaire prêt à coopérer avec la communauté internationale pour résoudre divers dossiers.
De nombreuses voix se sont élevées sur les réseaux sociaux pour s’opposer à cette orientation.
Il semble que Dbeibah ait pris conscience de l’impact politique qu’un tel accord pourrait avoir sur son avenir. Il a ainsi convoqué, jeudi, une réunion avec de hauts responsables pour discuter des défis sécuritaires et économiques liés à l’afflux de migrants illégaux et pour adopter des mesures urgentes visant à renforcer le contrôle des frontières et à lutter contre la contrebande et la traite des êtres humains. Il a nié les rumeurs sur l’intention du gouvernement de relocaliser des migrants et a rejeté catégoriquement toute initiative allant dans ce sens.
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Lors de cette réunion, le ministre de l’Intérieur par intérim, le général Emad Trabelsi, a déclaré que son ministère avait expulsé 20 000 migrants irréguliers en 2023 et 32 000 depuis le début de 2024. Ces expulsions s’inscrivent dans le cadre de mesures de sécurité renforcées visant à contrôler les frontières et à lutter contre l’immigration clandestine, selon l’agence de presse libyenne (LANA).
Le Premier ministre a également exposé, lors de la réunion, les efforts du gouvernement pour inciter la communauté internationale à assumer ses responsabilités. Il a insisté sur le fait que la Libye ne pouvait supporter seule le fardeau du contrôle des frontières et a appelé l’Union européenne à fournir l’aide nécessaire pour faire face à ce phénomène.
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En conclusion, Dbeibah a réaffirmé que la Libye ne céderait à aucune pression ni à aucun marchandage sur la question migratoire. Il a exhorté les Libyens à ne pas se laisser entraîner par des rumeurs malveillantes et a souligné l’engagement du gouvernement à protéger la sécurité et la stabilité du pays.
Cette déclaration intervient quelques jours après une controverse autour de l’existence présumée d’un plan de relocalisation et de répartition des migrants illégaux dans les villes libyennes. Elle précède également de quelques heures des manifestations populaires organisées pour dénoncer ce projet et exiger la fin du flux migratoire ainsi que le rapatriement des migrants dans leurs pays d’origine.
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De nombreux Libyens estiment que la relocalisation des migrants constitue une menace pour la composition démographique du pays et pourrait altérer l’identité libyenne. La Libye étant un pays à faible densité de population, cette question est particulièrement sensible.
En outre, le pays souffre d’une instabilité sécuritaire persistante, et beaucoup craignent que l’accueil de migrants ne vienne aggraver la situation. Certains s’inquiètent du fait qu’une partie des migrants puisse être liée à des réseaux criminels ou terroristes.
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Les Libyens redoutent également que la relocalisation des migrants n’exerce une pression supplémentaire sur les ressources économiques du pays et n’aggrave les conditions de vie des citoyens. La Libye traverse en effet des crises économiques successives, et l’accueil d’un grand nombre de migrants risquerait d’accentuer ces difficultés. Par ailleurs, les migrants pourraient être utilisés comme un levier de pression politique par certains pays ou organisations internationales, ce qui pourrait provoquer des divisions politiques internes.
Selon le ministre de l’Intérieur, Emad Trabelsi, la Libye compte actuellement environ 2,5 millions d’étrangers, soit un tiers de la population nationale. Il a précisé que 70 à 80 % d’entre eux étaient entrés illégalement via des zones facilement pénétrables du pays.
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Trabelsi a mis en garde contre les tentatives de certaines ONG visant à relocaliser des migrants irréguliers en Libye. Il a déclaré : « Certaines organisations non gouvernementales cherchent à faire de la Libye un pays tiers, c’est-à-dire que lorsque les migrants ne parviennent pas à atteindre l’Europe, ils sont relocalisés en Libye, qui doit alors en assumer les coûts sociaux et politiques. »
Selon des observateurs du dossier libyen, la question de la relocalisation des migrants est en discussion depuis plus de deux ans. Certaines parties occidentales soutiennent cette idée, considérant que la Libye, vaste et riche en ressources naturelles, a besoin de main-d’œuvre et constitue un pôle d’attraction pour les migrants africains et asiatiques. Cependant, l’opposition populaire à cette idée demeure ferme et unanime.
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Plusieurs entités politiques et sociales libyennes ont publié des déclarations rejetant catégoriquement la relocalisation des migrants, un refus partagé par une grande majorité de la population.
Dans ce contexte, la mission onusienne en Libye a exprimé jeudi son inquiétude face à ce qu’elle a qualifié de « campagne de désinformation » visant à attiser les tensions et à inciter à la haine contre les migrants et les réfugiés en Libye. Elle a mis en garde contre la propagation de la peur et des discours hostiles.
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Au cours des dernières heures, le discours médiatique et populaire à l’égard des migrants illégaux s’est intensifié. Des appels ont été lancés pour réclamer des mesures fermes en vue de leur expulsion de la Libye, un discours qui reflète l’inquiétude sociétale grandissante face à l’immigration clandestine. Cependant, des avertissements ont également été émis quant aux conséquences des campagnes de haine et d’incitation à la violence contre les migrants.