Arrestations, exécutions et violations… Ce qui se passe à l’intérieur des prisons de l’armée soudanaise

La complexité et l’imbroglio autour de la question des collaborateurs des Forces de soutien rapide se sont intensifiés après la libération de l’État d’Al-Jazirah. L’armée et les forces qui lui sont alliées sont accusées d’avoir commis des massacres de représailles et de graves violations des droits de l’homme contre certains groupes ethniques sous prétexte de suspicion de collaboration. Face à ces allégations, le président du Conseil souverain de transition et commandant en chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhan, a mis en place une commission d’enquête dont les résultats n’ont pas encore été rendus publics.
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Des rapports d’organisations de défense des droits humains accusent les services de sécurité officiels de continuer à procéder à des arrestations sur des bases ethniques sous prétexte de collaboration avec les Forces de soutien rapide, et de détenir des militants des droits humains, selon le réseau The Independent en arabe.
L’Association des avocats du Darfour a rapporté que les autorités ont arrêté des centaines de jeunes dans des villes comme Port-Soudan et Atbara, souvent interpellés dans les rues et commerces, puis détenus dans des centres situés au nord et à l’est du pays. Certains d’entre eux ont été accusés de collaboration avec les Forces de soutien rapide, une charge pouvant mener à la peine de mort.
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À la suite de l’arrestation de quatre médecins dans la ville de Wad Madani, capitale de l’État d’Al-Jazirah, la commission préparatoire du Syndicat des médecins du Soudan a exprimé son inquiétude face aux campagnes sécuritaires et militaires visant les mouvements syndicaux et les organisations civiles, alors que la guerre se poursuit dans le pays.
Dans ce contexte, l’Association des avocats d’urgence soudanais a affirmé que les prisons situées dans les zones sous contrôle de l’armée sont surpeuplées de milliers de détenus arrêtés dans des zones considérées comme sûres ou ayant fui ces régions au début du conflit ou après leur déplacement ultérieur.
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Membre du bureau exécutif et porte-parole de l’association, Musab Sabbahi a précisé que toutes les arrestations sont effectuées par une entité appelée « cellule sécuritaire », composée des services de renseignement de l’armée, de la police et des services de sécurité dominés par des figures du mouvement islamiste (les Frères musulmans). Ces personnes sont incarcérées dans des prisons contrôlées par l’armée sans bénéficier des garanties d’un procès équitable.
Sabbahi a ajouté que les arrestations pour espionnage ou collaboration se font sans respecter les procédures légales, et que les détenus restent enfermés pendant de longues périodes, parfois plus d’un an.
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Il a poursuivi : « Les accusés sont traduits devant les parquets et tribunaux situés en zone militaire de manière arbitraire, et de nombreuses condamnations à mort ont déjà été prononcées. La plupart du temps, ces procès sont motivés par des raisons politiques, et les accusés sont poursuivis pour crimes contre l’État sans bénéficier d’une défense ni de garanties juridiques suffisantes, avec une détention prolongée. »
« Malheureusement, la plupart des arrestations dans les zones contrôlées par l’armée sont menées sous incitation, sur des critères régionaux ou tribaux plutôt que sur des preuves juridiques tangibles, et sans respect des garanties d’enquête légale », a-t-il déploré.
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Il a également accusé les institutions judiciaires et les organes chargés de faire respecter la loi, notamment le pouvoir judiciaire, le ministère de la Justice et le parquet, de manquer d’indépendance et d’équité, affirmant que les détentions sont arbitraires.
De son côté, la coordinatrice des affaires humanitaires de l’ONU au Soudan, Clementine Nkweta-Salami, a exprimé son inquiétude face aux rapports faisant état de prises d’otages dans les zones de conflit et de l’impossibilité pour les civils de quitter les zones de combat.
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Dans une déclaration publiée sur son compte X, elle a appelé à permettre aux civils de quitter les zones de guerre et à garantir leur passage vers des lieux sûrs.
Par ailleurs, le militant des droits humains et sociaux Ezzedine Al-Ahimer a indiqué que plusieurs organisations de défense des droits humains ont documenté une augmentation significative des condamnations à mort de jeunes hommes et femmes ces derniers mois, ainsi que des exécutions extrajudiciaires. Il a exhorté le Comité international de la Croix-Rouge à enquêter sur les conditions de détention des accusés de collaboration ou d’espionnage et à faciliter leur libération, que ce soit pour ceux détenus par l’armée ou par les Forces de soutien rapide.
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Il a ajouté : « Il est essentiel de classer les détenus accusés de collaboration ou d’espionnage avec les Forces de soutien rapide selon leur rôle. À l’exception de ceux impliqués directement dans les combats, certains sont accusés d’avoir contribué à la mobilisation, au recrutement ou au soutien moral et politique. D’autres encore sont accusés de complicité avec l’ennemi, ce qui nécessite de faire la distinction entre les auteurs de crimes et violations graves contre les civils et ceux qui ont été contraints de coopérer ou de s’adapter sous la menace dans les zones contrôlées par les Forces de soutien rapide. »
Al-Ahimer a insisté sur la nécessité d’accélérer la tenue de procès équitables pour les détenus afin d’éviter leur incarcération prolongée dans des prisons déjà surpeuplées. Il a également appelé à la mise en place rapide de commissions d’enquête indépendantes pour examiner chaque cas individuellement et offrir aux accusés l’opportunité de se défendre, en particulier ceux qui n’ont commis aucun crime grave.