Les drones Bayraktar turcs : Intensification du conflit et aggravation des blessures au Soudan
La guerre au Soudan connaît des développements militaires significatifs qui pourraient transformer la nature et la durée du conflit déclenché le 15 avril 2023. Selon des rapports, l’armée soudanaise a reçu des renforts de qualité, notamment des drones turcs avancés de type « Bayraktar ».
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Ce développement intervient dans un contexte d’escalade sur le terrain entre l’armée et les Forces de soutien rapide, où la technologie moderne et les armes sophistiquées jouent un rôle croissant dans le renforcement des positions des deux camps.
Dans ce contexte, des questions se posent sur la manière dont ces drones turcs « Bayraktar » sont parvenus au Soudan et sur leur rôle potentiel dans la modification de la dynamique de cette guerre qui dure depuis 19 mois.
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Comment ces drones sont-ils arrivés ?
Des sources sécuritaires ont confirmé que l’armée soudanaise a reçu des drones (UAV) de type « Bayraktar », célèbres pour leurs performances. Ces sources ont précisé que les drones n’ont pas été livrés directement par la Turquie, mais via un tiers qui a joué le rôle d’« acheteur fictif » pour les recevoir et les envoyer au Soudan.
Elles ont ajouté que ce tiers est un pays africain situé à l’ouest du continent.
Un informateur proche des cercles de sécurité et militaires à Port-Soudan a révélé que ce pays est le Mali, dont le président, le colonel Assimi Goïta, arrivé au pouvoir après un coup d’État en mai 2021, entretient de bonnes relations avec le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée soudanaise. Ce dernier a également pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État contre le gouvernement civil au Soudan en octobre 2021, soit cinq mois après celui du Mali.
Il convient de noter que les ministères de la Défense du Soudan et du Mali ont signé, en juin dernier, des protocoles d’accord visant à renforcer la coopération militaire et sécuritaire entre les deux pays.
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Nombre de drones Bayraktar et état de leur opérationnalité
Des sources bien informées ont indiqué que l’armée soudanaise a reçu un système complet de drones « Bayraktar TB2 » turcs. Chaque système inclut 6 drones, réputés pour leurs capacités avancées.
À Port-Soudan, des sources militaires ont affirmé que l’ensemble des drones sera opérationnel d’ici la mi-mois. Si un militaire a confirmé que deux drones sur six sont déjà en service, un expert militaire a estimé improbable cette affirmation, prévoyant une mise en marche globale dans les prochains jours.
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Concernant le retard dans l’activation des drones, l’expert a expliqué que ce type d’équipement nécessite des préparatifs au sol, comme la construction de stations de contrôle terrestre. Chaque système demande deux stations de ce type, en plus d’autres installations pour le support des données, la communication avec les drones, et des équipements logistiques pour garantir leur fonctionnement optimal.
Des drones iraniens avant les turcs
Avant l’arrivée des drones Bayraktar, l’armée soudanaise utilisait deux types de drones iraniens dans sa lutte contre les Forces de soutien rapide :
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- Le Mohajer-6 : Un drone avancé fabriqué par l’Organisation des industries aéronautiques iraniennes (IAIO), affiliée au ministère de la Défense iranien.
- L’Ababil-3 : Un drone également iranien, doté de systèmes d’imagerie diurne et nocturne sophistiqués. Principalement utilisé pour la surveillance et le renseignement, il est parfois déployé pour des attaques légères.
Selon Wim Zwijnenburg, expert des drones et chef de projet au sein de l’organisation néerlandaise Pax for Peace, l’utilisation de ces drones témoigne d’un soutien actif de l’Iran à l’armée soudanaise. En effet, ces appareils sont équipés de munitions guidées non fabriquées au Soudan, et leur maintenance est assurée par des centres iraniens.
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Qui paie le prix ?
L’arrivée de telles armes sophistiquées et létales représente non seulement une menace réelle pour la vie des civils, mais elle accroît également les chances de prolonger un conflit qui entre dans sa deuxième année. Ce conflit a déjà causé la mort et les blessures de dizaines de milliers de personnes, ainsi que le déplacement de 11 millions d’individus (soit 2,1 millions de familles) à l’intérieur du Soudan, vivant dans des conditions de vie extrêmement difficiles. Par ailleurs, 3 millions de Soudanais se sont réfugiés dans les pays voisins, où la plupart endurent des conditions humanitaires déplorables et sont exposés à diverses formes de violations.
Les rapports des Nations Unies indiquent qu’environ 25,6 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population soudanaise, font face à un risque de famine aiguë, dont plus d’un million et demi sont au bord de la famine. Cela souligne que toute tentative de prolonger le conflit aggravera les destructions et la catastrophe humanitaire, déjà classée parmi les pires au monde.
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L’introduction des drones turcs Bayraktar sur le champ de bataille soudanais marque un tournant majeur dans la dynamique du conflit. Avec les bombardements aveugles des zones civiles par des avions de chasse et les capacités destructrices considérables offertes par ces drones, le Soudan semble s’engager dans une période encore plus difficile de cette guerre, avec des complications militaires accrues et des pertes humaines amplifiées.
Cette évolution militaire n’apporte que des catastrophes supplémentaires pour les civils, car l’utilisation de technologies de combat avancées dans un contexte de conflit interne intensifie les souffrances des populations locales. Ces dernières paient le prix le plus élevé, entre la destruction des infrastructures, les pertes humaines, la faim, les épidémies et les déplacements massifs.
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La poursuite de l’afflux d’armes sophistiquées, qu’elles proviennent de Turquie, d’Iran ou d’autres pays, reflète une implication régionale et internationale dans la guerre soudanaise, susceptible de transformer ce conflit en une guerre de longue durée, dont la fin demeure imprévisible.
La question demeure : jusqu’à quand cette guerre continuera-t-elle ? Et jusqu’où les civils devront-ils en être le carburant ? Cette interrogation place le monde face à une responsabilité morale et humanitaire urgente : mettre fin à ce conflit destructeur avant qu’il ne se propage à d’autres régions de l’Afrique et ne devienne une tragédie encore plus vaste et ingérable.