À Gaza : Les répercussions des décisions de la CPI absentes, les bombes présentes
Avec l’émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense, les Palestiniens ont poussé un soupir de soulagement, espérant des effets positifs immédiats.
Cependant, ces espoirs se sont brisés face à l’offensive israélienne continue sur Gaza, qui n’a épargné aucune partie de l’enclave palestinienne. Les frappes ont touché aussi bien le nord que le sud du territoire, faisant des morts et des blessés.
Des secouristes ont rapporté que huit personnes ont été tuées dans un raid ayant visé une maison dans le quartier de Shuja’iyya, à Gaza-Nord. Trois autres ont péri près d’une boulangerie, un pêcheur a été tué en se rendant à la mer, et neuf personnes ont trouvé la mort dans trois frappes aériennes israéliennes au centre et au sud du territoire.
Incursion israélienne
Simultanément, les forces israéliennes se sont davantage enfoncées dans le nord de Gaza, intensifiant les bombardements dans le cadre d’une offensive majeure lancée depuis le début du mois dernier.
Alors que l’armée israélienne affirme viser à empêcher les combattants du Hamas de mener des attaques et de se réorganiser, les habitants expriment leurs craintes que l’objectif soit d’évacuer définitivement une partie de Gaza pour en faire une zone tampon, ce que dément Israël.
Des résidents des trois villes assiégées du nord – Jabalia, Beit Lahia et Beit Hanoun – ont indiqué que les forces israéliennes ont détruit des dizaines de maisons.
Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé dans un communiqué qu’un raid israélien avait ciblé l’hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia, l’un des trois établissements médicaux à peine fonctionnels dans la région. Six membres du personnel médical ont été blessés, certains dans un état grave.
Les pertes humaines ont coïncidé avec des dégâts matériels, notamment la destruction du générateur principal de l’hôpital et l’endommagement des réservoirs d’eau, laissant l’établissement sans oxygène ni eau. Cette situation met en danger la vie des 80 patients et des huit personnes en soins intensifs, selon le communiqué.
Impact limité
Les habitants de Gaza ont vu dans la décision de la CPI d’émettre des mandats d’arrêt contre deux dirigeants israéliens pour crimes de guerre une reconnaissance internationale de la souffrance du territoire. Mais ceux qui faisaient la queue pour du pain dans une boulangerie de Khan Younès, au sud de Gaza, doutent de tout impact réel.
« Cette décision ne sera jamais appliquée parce qu’Israël est protégé par les États-Unis qui ont le droit de veto sur tout », a déclaré Saber Abu Ghaly en attendant son tour. « Israël ne sera jamais tenu responsable », a-t-il ajouté.
Said Abou Youssef, 75 ans, a souligné que même si la justice est rendue, elle le sera après des décennies de retard. « La CPI a beaucoup trop tardé. Cela fait plus de 76 ans qu’on entend parler de ces décisions sans qu’elles soient jamais appliquées ou qu’elles ne changent quoi que ce soit pour nous », a-t-il dit.
Des responsables palestiniens de la santé ont rapporté qu’environ 44 000 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023, et qu’une grande partie de l’enclave est réduite en ruines.
Les décisions de la CPI
Les procureurs de la CPI estiment qu’il existe des motifs suffisants pour croire que Netanyahu et Galant sont pénalement responsables d’actes tels que les meurtres, les persécutions et l’utilisation de la famine comme arme de guerre dans le cadre d’une « attaque généralisée et systématique contre les populations civiles de Gaza ».
La CPI a également émis un mandat d’arrêt contre Mohammed Deif, commandant militaire du Hamas, qu’Israël affirme avoir tué lors d’un raid en juillet. Cependant, le Hamas n’a ni confirmé ni infirmé sa mort.
Israël affirme que le Hamas est responsable de tous les préjudices infligés aux civils à Gaza, en raison de la présence de ses combattants parmi eux. Le Hamas rejette cette accusation.
Des politiciens israéliens, de divers courants, ont dénoncé les mandats d’arrêt, les qualifiant de biaisés et fondés sur des preuves fallacieuses. Israël soutient que la CPI n’a pas compétence pour traiter des affaires de guerre. De son côté, le Hamas a salué ces mandats comme une première étape vers la justice.