Moyen-Orient

Positions Européennes Contradictoires Face au Mandat de la CPI Contre Netanyahou

Des pays comme la France et la Belgique soutiennent l'indépendance de la Cour, tandis que l'Allemagne et le Royaume-Uni dénoncent les mandats d'arrêt


La France a exprimé tard lundi son soutien à l’indépendance de la Cour pénale internationale (CPI), dont le procureur a demandé des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens, y compris le Premier ministre Benjamin Netanyahou, ainsi que des dirigeants du Hamas, tandis que l’Allemagne a condamné la décision de la Cour contre les responsables israéliens, révélant des divergences européennes face à cette décision.

Un communiqué du ministère français des Affaires étrangères a déclaré : « La France soutient la CPI et son indépendance ainsi que la lutte contre l’impunité en toutes circonstances ». Le ministère a condamné les « massacres antisémites commis par le Hamas » lors de son attaque contre Israël le 7 octobre et les « actes de torture et de violence sexuelle » qui l’ont accompagnée. Il a également averti Israël « de la nécessité de respecter strictement le droit international humanitaire, notamment le niveau inacceptable de victimes civiles dans la bande de Gaza et l’insuffisance de l’accès à l’aide humanitaire ».

De son côté, l’Allemagne, l’un des plus grands soutiens de l’État hébreu, a critiqué la demande de Karim Khan, le procureur de la CPI, d’émettre des mandats d’arrêt. Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré lundi : « La demande d’émission de mandats d’arrêt simultanés contre des dirigeants du Hamas d’une part et contre des responsables israéliens d’autre part donne l’impression d’une équation erronée ». Le communiqué ajoutait que la CPI devra répondre à une série de « questions difficiles », y compris sur la compétence et l’intégrité de ses enquêtes concernant Israël, qu’elle qualifiait de « État de droit », affirmant qu' »il est du droit et du devoir du gouvernement israélien de protéger et de défendre son peuple ». En même temps, l’Allemagne a réaffirmé son respect pour l’indépendance de la CPI et de ses procédures, comme pour toute autre cour internationale.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a déclaré mardi qu’il était « inacceptable » de mettre sur un pied d’égalité Israël et le Hamas, expliquant dans une interview au journal « Corriere della Sera » : « Il est absolument inacceptable de mettre sur un pied d’égalité le Hamas et Israël ». Il a ajouté : « Il faut faire attention à ne pas légitimer les positions anti-israéliennes qui peuvent alimenter le phénomène de l’antisémitisme ».

Lundi, un porte-parole du Premier ministre britannique Rishi Sunak a déclaré que la demande du procureur de la CPI d’émettre un mandat d’arrêt contre Netanyahou n’était pas utile, soulignant que « cette action ne contribue pas à mettre fin aux combats, à libérer les otages ou à introduire de l’aide humanitaire ».

La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, a déclaré que la demande de Karim Khan d’émettre des mandats d’arrêt était « une étape importante pour enquêter sur la situation ». Elle a ajouté dans une déclaration publiée sur la plateforme X que « la lutte contre l’impunité, où que les crimes se produisent, est une priorité pour la Belgique ». Elle a souligné « la nécessité de poursuivre les responsables des crimes à Gaza aux plus hauts niveaux, indépendamment de leurs auteurs ».

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a annoncé lundi qu’il cherchait à obtenir des mandats d’arrêt contre Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour des crimes incluant « la famine », « le meurtre intentionnel » et « le génocide et/ou le meurtre ». Il a ajouté dans son communiqué qu’Israël avait commis des « crimes contre l’humanité » et l’a accusée de mener une « attaque généralisée et systématique contre les civils palestiniens ». Khan a également demandé l’émission de mandats d’arrêt contre trois hauts dirigeants du Hamas : Yahya Sinwar, chef du bureau politique du mouvement à Gaza, Mohammed Deif, commandant des Brigades al-Qassam, l’aile militaire du mouvement, et Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du mouvement, pour des accusations de « génocide », « viol », « violence sexuelle » et « prise d’otages ». Khan a affirmé que « le droit international et les lois des conflits armés s’appliquent à tous », ajoutant que « ni un soldat d’infanterie, ni un commandant, ni un chef civil – personne – ne peut agir en toute impunité ».

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a qualifié mardi la demande du procureur de la CPI de tentative « honteuse » d’influencer la guerre de Gaza. Il a écrit sur la plateforme X : « La tentative du procureur Karim Khan de priver l’État d’Israël du droit de légitime défense et de libérer ses otages doit être rejetée dans son intégralité ».

Netanyahou a rejeté lundi « avec dégoût » la demande du procureur de la CPI, tandis que le Hamas a dénoncé « l’équivalence entre la victime et le bourreau ». Le président américain Joe Biden, allié d’Israël, a qualifié la demande de mandat d’arrêt contre Netanyahou de « scandaleuse », insistant plus tard sur le fait que l’attaque d’Israël à Gaza « n’était pas un génocide ». Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a dénoncé la demande du procureur comme « honteuse » et a averti qu’elle mettait en danger les efforts de cessez-le-feu à Gaza.

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