Moyen-Orient

 «MASSACRE» à Beit Lahia… Washington demande des «explications» à Israël


Une frappe «terrible», selon les termes de Washington, a frappé une maison abritant un grand nombre de déplacés à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, donnant lieu à l’une des scènes les plus difficiles de la guerre.

Les travailleurs humanitaires et les civils s’efforcent désespérément de retrouver des survivants parmi les décombres de l’immeuble résidentiel qui a été ciblé par une frappe israélienne, hier mardi, dans la ville de Beit Lahia, laissant au moins 93 morts.

Cela a coïncidé avec la diffusion sur des plateformes palestiniennes de vidéos montrant la récupération et le transport des corps des victimes après que l’armée israélienne a bombardé, mercredi, une tente abritant des déplacés à l’ouest de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza.

À Khan Younis, des rapports ont indiqué que trois citoyens ont été tués dans un bombardement israélien d’une maison dans le quartier de Sheikh Nasser, à l’est de la ville, située au sud de Gaza.

Scènes «terribles»

De retour à Beit Lahia, des images de l’AFP ont montré des personnes en vêtements civils transportant des morts et des blessés, les portant après qu’ils ont été enveloppés dans des couvertures tachées de sang, sur le site de la frappe qui a causé d’importants dégâts.

Les photos montraient également des corps éparpillés dans les rues, enveloppés dans des couvertures et des draps colorés, tandis que des personnes tentaient de les identifier ou de faire leurs adieux à leurs proches.

Un photographe de l’AFP a remarqué une charrette tirée par un cheval, chargée de corps enveloppés dans des draps blancs, tandis qu’un groupe de personnes se rassemblait autour.

À un autre endroit de la ville, des personnes enterraient plusieurs corps dans une seule tombe.

Au site de la frappe, à la fenêtre d’un des appartements, un demi-corps, apparemment celui d’une fille aux longs cheveux, pendait.

Des militants palestiniens ont également diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos montrant un groupe de femmes et d’enfants, ainsi que plusieurs hommes assis, certains en larmes, entourant des dizaines de corps enveloppés dans des couvertures et gisant sur le sol près du bâtiment détruit.

Washington dans la danse

À Washington, le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré hier que les États-Unis étaient préoccupés par le nombre de morts survenus lors d’une frappe israélienne sur un immeuble résidentiel dans le nord de Gaza.

Miller a qualifié la frappe d’«incident horrible avec une conséquence horrible».

Le porte-parole américain a noté que son pays «a contacté le gouvernement israélien pour lui demander ce qui s’était passé».

Il n’a pas révélé de mesures immédiates contre Israël, qui dépend du soutien militaire et diplomatique américain, mais a réitéré l’appel des États-Unis à mettre fin à la guerre à Gaza par la négociation.

Il a souligné que «le coût tragique supporté par les civils» lors de la dernière frappe sur Beit Lahia était «un rappel de plus du besoin d’en finir avec cette guerre».

Enquête israélienne

De son côté, le porte-parole de la défense civile à Gaza, Mahmoud Bessal, a indiqué que le nombre de morts dans le bombardement visant la maison de la famille Abou Nasr à Beit Lahia avait augmenté à 93, et environ 40 personnes étaient encore portées disparues sous les décombres.

L’armée israélienne a déclaré qu’elle «était au courant des rapports concernant des civils blessés (mardi) dans la région de Beit Lahia et que les détails de l’incident faisaient l’objet d’une enquête».

Plus tard, David Abraham, porte-parole de l’armée israélienne, a déclaré à CNN que l’armée «essayait toujours de comprendre» pourquoi un si grand nombre de personnes se trouvaient dans la région au moment de la frappe, ajoutant que des civils avaient été priés d’évacuer la zone «depuis plusieurs semaines».

Abraham a précisé que les forces israéliennes ciblaient un combattant suspect qu’elles avaient repéré dans la région et qu’elles n’avaient pas l’intention de «faire s’effondrer le bâtiment», avant d’ajouter que l’armée enquête sur ce qui s’est passé.

Réaction de l’ONU

Le porte-parole du bureau des droits de l’homme des Nations unies, Jeremy Lawrence, a confirmé que l’organisation internationale était «horifiée» par la frappe, qu’il a qualifiée de «l’une des attaques les plus meurtrières à Gaza depuis près de trois mois».

Circonstances de la frappe

Concernant les circonstances de la frappe, Rabi al-Chendghli, un déplacé de 30 ans de la ville de Jabalia vers une école à Beit Lahia, a déclaré : «L’explosion a eu lieu la nuit et était proche de notre emplacement. Je pensais que c’était un bombardement ordinaire. Avec le lever du soleil, nous sommes sortis et les gens ont commencé à récupérer des corps et des membres épars et des blessés sous les décombres».

Il a ajouté : «La plupart des victimes sont des femmes et des enfants, et les gens essaient de sauver les blessés, mais il n’y a pas d’hôpitaux ni de soins».

Selon la défense civile à Gaza, l’immeuble ciblé, composé de cinq étages, abritait des dizaines de déplacés des camps de Jabalia et Beit Lahia.

Attaque à grande échelle

Depuis le 6 octobre, l’armée israélienne mène une vaste offensive aérienne et terrestre dans le nord de la bande de Gaza, se concentrant sur les zones de Jabalia, Beit Lahia et Beit Hanoun, dans une opération qu’elle décrit comme visant à empêcher les militants du Hamas de se réorganiser et de se repositionner.

L’opération militaire dans le nord de Gaza a poussé des dizaines de milliers de Palestiniens à fuir, tandis que la défense civile a confirmé la mort de centaines de personnes.

La guerre a éclaté à la suite de l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a causé la mort d’environ 1200 personnes, selon l’AFP.

Lors de l’attaque, 251 personnes ont été enlevées, dont 97 sont toujours retenues à Gaza, et l’armée israélienne affirme que 34 d’entre elles sont mortes.

La campagne militaire de représailles israélienne à Gaza a causé la mort d’au moins 43 061 Palestiniens, dont la plupart sont des femmes et des enfants.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page