Yémen : Des dirigeants des Frères musulmans manipulent les ressources pétrolières au profit du groupe
Le site Al-Omana yéménite a rapporté que l’influence des dirigeants du Parti de l’Islah, le bras politique des Frères musulmans au Yémen, demeure forte dans des secteurs sensibles au sein du gouvernement légitime. La question du directeur adjoint du ministère du pétrole et des minéraux, Shawki al-Mukhlafi, est citée comme un exemple de corruption administrative et de manipulation des ressources nationales au profit du groupe.
Le site a souligné que Shawki al-Mukhlafi a été nommé à son poste en 2013 sous la pression directe du leader des Frères musulmans, Hamid al-Ahmar, bien qu’il ne possède pas de diplôme universitaire. Selon des sources, al-Mukhlafi aurait avoué au Premier ministre de l’époque, Mohamed Salem Basindwa, qu’il ne détenait pas de certificat universitaire, se contentant de mentionner qu’il avait suivi 20 formations.
Al-Mukhlafi est accusé d’avoir facilité des dizaines de transactions pétrolières au profit d’entreprises affiliées à des dirigeants des Frères musulmans. Il possède également un grand nombre de camions transportant du gaz domestique dans la province de Taiz, qu’il fait remplir avec du gaz en provenance de Marib, en collaboration avec son cousin Abdelqawi al-Mukhlafi, le premier vice-gouverneur de Taiz, ce qui leur génère des profits énormes de manière illégale.
En 2017, des documents ont été divulgués, révélant des instructions émises par le vice-président Ali Mohsen al-Ahmar et le ministre des Services civils, Abdelaziz Jabari, ordonnant que le salaire d’al-Mukhlafi soit transféré à la société Safir, ainsi que le paiement de toutes ses indemnités, bien que son salaire ait été suspendu par les Houthis. Les documents prouvent que al-Mukhlafi a utilisé son influence pour garantir la continuité de ses avantages financiers par des moyens illégaux.
Selon Al-Amanah, depuis 2012, le secteur pétrolier a connu une vaste « ikhwanisation » (islamisation par les Frères musulmans), le Parti de l’Islah cherchant à prendre le contrôle de la société Safir, la plus grande entreprise pétrolière du Yémen. Des figures affiliées aux Frères musulmans ont été nommées à des postes sensibles au sein de l’entreprise, parmi lesquels Adel al-Hejna, accusé de financer des activités terroristes et d’envoyer des recrues en Libye et en Syrie.
Malgré le changement des gouvernements successifs au Yémen, les figures liées à l’ex-vice-président Ali Mohsen al-Ahmar et au leader réformiste Hamid al-Ahmar continuent de dominer des secteurs stratégiques de l’État, en particulier dans les secteurs financiers et pétroliers. La persistance de ces personnalités dans leurs fonctions montre l’influence profonde des Frères musulmans au sein des institutions légitimes, ce qui freine toute véritable réforme ou restructuration radicale des institutions étatiques.
Dans un contexte où les inquiétudes augmentent concernant l’exploitation des ressources pétrolières par le Parti de l’Islah pour financer des groupes extrémistes, des appels se multiplient pour traduire en justice les dirigeants corrompus au sein du gouvernement yéménite, et assainir les institutions souveraines des éléments impliqués dans la corruption, afin de garantir que les ressources nationales soient utilisées pour la reconstruction du Yémen et le développement du pays.