Politique

Une vaste réseau affilié aux Frères musulmans détourne des millions : une enquête révèle la plus grande affaire de détournement en Suède


La Suède voit aujourd’hui se dévoiler l’une des plus importantes affaires d’infiltration des Frères musulmans en Europe, un scénario qui reproduit le même schéma déjà observé dans plusieurs pays.

Le mouvement progresse par une pénétration silencieuse, exploitant la démocratie, les libertés publiques et la création de structures parallèles, avant de détourner les fonds publics sous couvert de religion ou de travail social. L’argent public est ensuite transféré vers des réseaux transnationaux servant un projet idéologique dépassant les frontières.

Dans un nouvel épisode révélant les crimes du mouvement, une enquête du journal suédois Expressen expose l’une des plus vastes opérations d’infiltration des Frères musulmans en Europe. Il ne s’agit pas d’un simple cas de corruption isolé, mais de la construction méthodique de systèmes parallèles au sein de l’État, gérés par des écoles, des jardins d’enfants et des imams affiliés au mouvement, qui ont exploité la générosité du système suédois de protection sociale pour détourner plus d’un milliard de couronnes (environ 100 millions de dollars) vers des comptes privés et des activités à l’étranger.

Selon le journal, une vaste réseau composé d’imams et de figures associées aux Frères musulmans a dirigé pendant dix ans un système financier et éducatif parallèle, détournant des millions de dollars provenant de subventions destinées aux écoles, aux jardins d’enfants et aux aides éducatives. Une partie a été transférée vers des comptes privés, d’autres vers des structures extérieures ou des projets politiques transnationaux. Plusieurs suspects ont fui la Suède avant la fin des procédures judiciaires.

Cette affaire éclate alors que le pays connaît un tournant politique marqué par une volonté ferme de faire face à l’influence croissante des Frères musulmans dans les institutions éducatives et sociales, après des avertissements officiels concernant l’existence de « structures parallèles » menaçant le modèle démocratique libéral.

Une réseau qui s’étend des jardins d’enfants aux structures politiques

L’affaire commence avec la fermeture de petites écoles et crèches à Göteborg, Gävle, Umeå et dans le nord du pays. Présentées comme des cas isolés de mauvaise gestion, elles ont finalement révélé, selon Expressen, l’existence de deux réseaux imbriqués dirigés par des imams affiliés aux Frères musulmans, soutenus

par des comptables et conseillers financiers spécialisés dans la manipulation des comptes, la fabrication de dépenses fictives et le transfert de subventions scolaires vers des sociétés-écrans.

L’Autorité suédoise de lutte contre la criminalité économique estime que la fraude représente une « double perte » : le détournement de fonds publics, et la privation des enfants du droit à l’éducation auquel ces fonds étaient destinés.

Les autorités ont ensuite découvert que la plupart des écoles fermées pour radicalisation ou fraude financière étaient liées par un même réseau familial et religieux, utilisant un mode opératoire proche des méthodes criminelles pour gérer et déplacer les fonds.

Des écoles transformées en portes d’accès au détournement

L’affaire commence lorsque la police fouille un appartement à Gävle à la recherche de Rabih Karam, l’un des acteurs clés impliqués dans la création de l’école Nya Kastets et partenaire financier dans d’autres établissements, avant d’être condamné pour fraude financière en 2024.

Après la perquisition, il apparaît dans des enregistrements audio affirmant être malade, sans ressources et vivant dans un pays arabe, refusant de revenir en Suède et accusant les autorités de « fabriquer les accusations ».

Le secret entourant ces écoles s’est effondré lorsque les autorités ont constaté que les fermetures successives n’étaient pas des incidents isolés, mais des parties d’un réseau cohérent dirigé par des personnalités liées aux Frères musulmans, opérant via des sociétés imbriquées pour transférer l’argent scolaire à l’étranger.

Abderrazak Waberi

Ancien député du Parti des Modérés et directeur du réseau scolaire Romous, il est l’un des principaux protagonistes. Ses écoles ont reçu 462 millions de couronnes (près de 44 millions de dollars) en fonds publics, tandis que l’enquête révèle qu’environ 12 millions de couronnes (1,14 million de dollars) ont été détournés via de fausses factures informatiques. Une partie aurait été envoyée à des islamistes en Somalie, le reste vers l’Asie du Sud-Est et Nairobi.

Il purge actuellement une peine de quatre ans et demi de prison, alors que ses dettes et faillites atteignent 6,1 millions de couronnes (580 000 dollars).

Abdel Nasser Al-Nadi

Imam occupant un rôle central, il a dirigé des écoles comme Vitenskapsskolan et recruté des anciens membres de Daech dans le système éducatif. Déclaré en 2019 comme menace pour la sécurité nationale, il aurait transféré 4,2 millions de

couronnes (400 000 dollars) vers un compte à Malte. Il doit plus de cinq millions de couronnes en taxes et a fui vers un pays arabe.

Abu Raad

Imam influent de Gävle, arrêté en 2019 pour menace sécuritaire, il a fui avant son expulsion et a été repéré en Turquie avant de disparaître. Il était étroitement lié à l’école Nya Kastets, fermée pour radicalisation, fraude et recrutement extrémiste.

Hussein Al-Jabour

Imam d’Umeå et trésorier du réseau de crèches Bilal, condamné pour manipulation comptable et transferts non justifiés de millions de couronnes. Il purge deux ans de prison et doit plus d’un million de couronnes en taxes.

Mohamed Al-Qatran

Comptable et gendre d’Abu Raad, considéré comme l’architecte financier du réseau. Il a continué à gérer une vingtaine de sociétés malgré une interdiction professionnelle. Connu pour son comportement violent, il a agressé un membre du conseil d’administration lors d’un conflit financier avant de disparaître vers un pays arabe.

Des institutions façades

L’enquête identifie plusieurs structures utilisées pour transférer l’argent, notamment la crèche Ler och Lek, qui a reçu plus de 30 millions de couronnes entre 2016 et 2020, dont une partie a été transférée à l’association sportive Andalous, puis directement à l’Union des musulmans suédois, classée comme extrémiste.

La Suède en état d’alerte

En mai dernier, le gouvernement a créé une commission d’experts pour étudier l’influence de l’islam politique. Le ministre de l’Emploi a averti contre les « structures parallèles » menaçant la démocratie. Le Premier ministre a assuré que la Suède ne laissera aucune organisation étrangère manipuler son système.

Mais malgré l’action vigoureuse de l’État, l’ampleur des fonds détournés, la fuite des suspects et la réorganisation persistante du réseau montrent que l’affrontement avec les Frères musulmans en Suède est encore loin d’être terminé.

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