Politique

Un Intérêt Iranien Derrière l’Insistance du Cadre de Coordination à l’Expulsion des Forces Américaines d’Irak


Un dirigeant du Cadre de coordination affirme quil ny a aucun recul quant à lexigence du retrait des forces américaines, alors que plane la menace dune action militaire contre Téhéran en cas d’échec des négociations nucléaires.

Le Cadre de coordination a réaffirmé, jeudi, sa position ferme concernant la nécessité de retirer les forces américaines d’Irak. Cette déclaration a été interprétée comme une réponse claire aux récentes rumeurs selon lesquelles certaines voix au sein même du Cadre ou d’autres forces politiques irakiennes plaideraient pour le maintien de ces forces, notamment à la lumière des changements sécuritaires régionaux, en particulier après les développements en Syrie consécutifs à la chute du régime du président Bachar al-Assad, allié de Téhéran. On craint que l’armée américaine n’utilise ses bases en Irak pour lancer des attaques contre le territoire iranien si les négociations nucléaires échouaient et que l’option militaire était retenue.

Le député du Cadre de coordination, Waad al-Qado, a déclaré dans un communiqué de presse : « Il n’y a aucun recul de la part du Cadre de coordination ni du gouvernement irakien concernant l’exigence de retrait des forces américaines d’Irak », ajoutant qu’un nouveau cycle de négociations sera bientôt engagé entre Bagdad et Washington pour finaliser ce dossier et appliquer les accords antérieurs à travers des comités techniques et militaires.

Ces déclarations visent à dissiper les informations circulant récemment dans les milieux politiques et médiatiques, faisant état d’une “acceptation implicite” ou d’un recul sur cette demande, en raison, selon ces sources, de « l’importance de la présence américaine dans l’équilibre régional », notamment après le déclin de l’axe iranien et la montée de forces qualifiées d’extrémistes à Bagdad.

Mais le Cadre de coordination, principal allié de Téhéran en Irak, insiste à nouveau sur le fait que l’expulsion des forces américaines est une « exigence nationale et souveraine », rejoignant ainsi la position iranienne qui considère la présence militaire américaine en Irak comme une menace directe à sa sécurité, surtout dans le contexte de tension croissante entre Téhéran et Washington, et de l’impasse actuelle dans les négociations nucléaires.

Bien que le gouvernement irakien, selon son programme ministériel, s’engage à appliquer la décision parlementaire de janvier 2020 exigeant le départ des forces étrangères, la situation reste complexe. Certaines voix politiques mettent en garde contre un retrait précipité qui pourrait déséquilibrer la sécurité dans certaines zones et laisser un vide exploitable par des groupes extrémistes ou des factions armées hors du cadre étatique.

À l’opposé, certaines parties du Cadre estiment que le maintien de ces forces, même sous prétexte de formation ou de conseil, constitue une menace constante à la souveraineté irakienne et offre à Washington une marge de manœuvre pour surveiller ou même lancer des opérations contre des parties régionales, en référence à l’Iran. Les préoccupations iraniennes concernant les bases américaines en Irak ne sont pas nouvelles, mais elles se sont intensifiées avec la possibilité d’un recours militaire en cas d’échec total des négociations nucléaires.

Bien que les revendications irakiennes d’expulsion soient présentées dans un cadre souverain et national, les liens stratégiques entre certaines forces politiques et l’Iran jettent une lumière sur les motivations réelles de cette insistance. Pour Téhéran, la présence militaire américaine n’est plus un risque potentiel mais une menace directe.

Les observateurs estiment que cette pression renouvelée du Cadre s’inscrit dans une logique de « fortification préventive » du front irakien, dans le cadre d’un jeu régional plus vaste où Téhéran cherche à limiter l’influence américaine à Bagdad pour restreindre ses options en cas de confrontation ouverte.

En septembre 2024, Bagdad et Washington ont annoncé un accord préliminaire sur un retrait progressif des forces de la coalition internationale. Mais l’application de cet accord se heurte encore à de nombreux défis internes et externes, notamment sur le rôle résiduel que pourraient jouer certaines forces américaines sous des appellations comme le soutien logistique ou le renseignement.

Les forces politiques du Cadre attendent les résultats du prochain cycle de dialogue irako-américain, mettant en garde contre toute forme de « relâchement », selon les termes du député Waad al-Qado, qui a affirmé que la position du Cadre serait décisive si les accords antérieurs ne se traduisent pas par un retrait effectif.

Le débat autour de la présence américaine ne peut être dissocié des équilibres politiques internes irakiens, où les opinions divergent entre ceux qui y voient une nécessité sécuritaire temporaire et ceux qui la considèrent comme une violation de la souveraineté. Ce dossier est d’autant plus complexe qu’il s’inscrit dans des dynamiques régionales, notamment l’escalade entre l’Iran et Israël, et les menaces de Washington d’activer ses leviers régionaux.

En fin de compte, l’insistance du Cadre de coordination ne découle pas uniquement d’une conviction nationale sur la nécessité d’un retrait, mais répond également à une volonté stratégique iranienne qui voit l’Irak comme un prolongement vital en cas d’affrontement avec les États-Unis.

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