Turquie – Erdoğan veut installer des réfugiés en Syrie
Süleyman Soylu, le ministre turc de l’Intérieur, s’est rendu la semaine dernière à al-Kamounah, un secteur du nord de la Syrie contrôlé par l’opposition armée au régime de Bachar al-Assad, où se trouvent des dizaines de milliers de réfugiés du reste du pays. Le ministre turc y a inauguré une ville en dur. Des alignements de maisonnettes en parpaings appelées à remplacer les tentes du Croissant rouge.
Dans un message vidéo, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a promis la construction à Azaz, Tell Abyad, Jarablus et dans les autres parties de la bande frontalière de treize villes sur ce modèle, avec des écoles, des hôpitaux, des zones d’activités industrielles et agricoles, toutes les infrastructures. Objectif : organiser le retour dans leur pays – volontaire et honorable a-t-il précisé — d’un million de Syriens qui se trouvent en Turquie, certains depuis 2012.
La Turquie héberge 3,6 millions de réfugiés syriens, selon l’ONU. Et alors que les Turcs souffrent d’une inflation à 70 %, la cohabitation ne cesse de se tendre. L’été dernier, une « ratonnade » a éclaté à Ankara, la capitale, après un fait divers mortel. Pour Erdoğan, il y a urgence à un an d’élections présidentielle et législatives qui s’annoncent très périlleuses.
Renvoyer des réfugiés présenterait, de son point de vue, un avantage et pas des moindres. L’arrivée de Syriens arabes diluerait la population kurde du nord de la Syrie, où l’armée turque s’est déployée depuis 2016, afin d’empêcher que la bande frontalière tombe sous le contrôle des milices YPG, alliées du PKK, la guérilla kurde de Syrie.