Tunisie: Saïed dénonce l’ingérence des magistrats dans les procédures relatives à la réforme du système judiciaire
Le Président tunisien Kaïs Saïed, a rejeté l’intervention des juges dans les procédures qu’il avait engagées pour la révision et la réforme du système judiciaire et a rejeté la description de ses actions comme un « coup d’État ».
Il a fait un discours lors d’une réunion avec le cabinet ministériel au Palais présidentiel de Carthage, à Tunis, selon une vidéo de la présidence tunisienne publiée sur sa page officielle sur Facebook.
Mercredi, le Conseil supérieur de la magistrature (organe constitutionnel/indépendant), dans une déclaration, a rejeté « l’examen et la réforme du système judiciaire par des décrets (présidentiels) », appelant les juges à « rester indépendants ».
Il a dit : « Ce que j’entendais, et je le méprisais, c’est qu’un juge parle d’un coup d’État », ajoutant : « L’obligation de réserve (le juge y est habilité) exige que le silence soit respecté et que la loi soit scrupuleusement appliquée ».
En Décembre dernier, le juge Ahmed Rahmouni a exprimé dans une publication sur Facebook : « Je ne sais pas si l’approche de Kaïs Saïed lors du coup d’État progressif sur les institutions de l’État, avec l’appui de la sécurité et de l’armée, est devenue claire pour tous ».
Dans son discours, Saïed a souligné qu’ « il y a qu’un législateur, et non pas des milliers de législateurs », et a indiqué qu’un décret « sur la justice et la réconciliation pénale (avec les corrompus) serait promulgué dans les prochains jours afin que l’argent du peuple soit rendu ».
Il a déclaré qu’ « une responsabilité pénale doit être engagée contre ceux qui ont commis des crimes envers le peuple tunisien dans les domaines de l’environnement, de la santé et de l’éducation ».
Il a ajouté qu’ « ils essaient de frapper l’État en pensant qu’ils sont l’État », soulignant qu’il n’y a pas d’État de juge, ils sont plutôt des juges d’État ».
Depuis quelque temps, les milieux des droits tunisiens débattent de l’indépendance de la magistrature, notamment à la lumière de la déclaration de Saïed selon laquelle la magistrature est une « fonction de l’État » et de son insinuation sur la possibilité de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature.
En Octobre dernier, la ministre de la Justice Leïla Jaffel a annoncé l’élaboration d’un projet de loi relatif au Conseil supérieur de la magistrature, à la grande consternation de nombreux juges.
Les juges ont considéré cette tentative comme une ingérence dans la question judiciaire, cependant Saïed a déclaré que ce projet soit élaboré avec la participation des juges.
Au cours des derniers mois, Saïed a fait plusieurs déclarations concernant le système judiciaire, notamment que le système judiciaire était indépendant et sans autorité autre que la loi » et que « seul un pouvoir judiciaire équitable et des juges au-dessus de tout soupçon peuvent purifier le pays ».
Le président tunisien a critiqué la Haute Commission électorale indépendante, mettant en doute son indépendance et a déclaré à cet égard que « l’Instance supérieure indépendante pour les élections doit être indépendante et non instrumentalisée par un certain nombre de personnes ».
Il a affirmé que la seule somme qu’il avait payée pendant sa campagne électorale en 2019 était de l’ordre de 50 dinars, en disant qu’il refusait les financements publics.
Le président tunisien a nié tout lien avec les pages Facebook qui le soutiennent, affirmant qu’il a parlé à plusieurs reprises à la Commission électorale à leur sujet.
Mercredi, la justice tunisienne a renvoyé 19 personnes pour « irrégularités électorales », dont le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, et l’ancien président Moncef Marzouki.