Politique

Trump met fin aux sanctions contre la Syrie tandis qu’Israël s’intéresse à une normalisation des relations


La décision de Trump ouvre la voie à une ouverture économique et financière sans précédent, malgré le maintien de la Syrie sur la liste américaine des « États soutenant le terrorisme » et la persistance de défis sécuritaires internes.

Le président américain Donald Trump a officiellement levé, lundi, les sanctions imposées à la Syrie, dans l’espoir de réintégrer ce pays dévasté par la guerre dans l’économie mondiale, au moment où Israël manifeste un intérêt pour une normalisation des relations avec Damas, qui a immédiatement salué une « décision historique ».

Trump avait annoncé en mai son intention de lever la majorité des sanctions américaines en réponse aux appels de l’Arabie saoudite et de la Turquie, après la dissolution d’une coalition de factions armées dirigée par l’ex-branche d’Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Cham, mettant fin à un demi-siècle de règne de la famille Assad.

Lundi, Trump a signé un décret exécutif mettant fin à « l’état d’urgence nationale » concernant la Syrie, en vigueur depuis 2004, et qui avait permis d’imposer des sanctions étendues à l’encontre d’institutions syriennes, notamment la banque centrale.

La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré à la presse que cette décision s’inscrivait dans le cadre des efforts visant à « soutenir le chemin de la Syrie vers la stabilité et la paix ».

Brad Smith, responsable des sanctions au département du Trésor américain, a affirmé que cette mesure « mettra fin à l’isolement du pays vis-à-vis du système financier mondial, facilitera le commerce international et encouragera les investissements régionaux et américains ».

Le décret précise que la Syrie a « changé » depuis la chute de Bachar el-Assad, en particulier grâce aux « mesures positives adoptées par le nouveau gouvernement syrien dirigé par le président Ahmed Charraa ».

Damas a rapidement salué la décision américaine. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assad al-Shaibani, a écrit sur X : « Nous saluons la levée de la majeure partie du programme de sanctions visant la République arabe syrienne, par décret historique du président Trump. »

Il a ajouté que cette décision « représente un tournant majeur qui contribuera à faire entrer la Syrie dans une nouvelle ère de prospérité, de stabilité et d’ouverture à la communauté internationale ».

Selon lui, « la levée de cet obstacle majeur au redressement économique ouvre les portes à la reconstruction, au développement et à la réhabilitation des infrastructures essentielles, créant ainsi les conditions nécessaires pour le retour digne et sûr des déplacés syriens ».

Les États-Unis maintiennent cependant des sanctions ciblées contre les membres du régime précédent, notamment Bachar el-Assad, réfugié en Russie fin 2024.

La Syrie a récemment effectué son premier transfert électronique via le système bancaire international depuis le début de la guerre civile en 2011, déclenchée par une répression violente de manifestations populaires.

La levée des sanctions américaines coïncide avec un changement notable de la position israélienne, Tel-Aviv ayant exprimé son intérêt pour une normalisation des relations avec Damas et Beyrouth.

Cette synchronisation reflète une nouvelle dynamique régionale, alimentée par le recul de l’influence iranienne en Syrie et au Liban, notamment en raison des frappes israéliennes répétées.

Des responsables de l’administration Trump estiment que la fin des sanctions pourrait faciliter l’intégration de la Syrie dans la région et encourager les initiatives israéliennes.

Tom Barrack, ambassadeur américain en Turquie et envoyé spécial de Trump pour la Syrie, a affirmé que les frappes israéliennes contre l’Iran en juin avaient ouvert « une fenêtre sans précédent ».

« C’est une opportunité que nous n’avions jamais vue auparavant, et le président a mis en place une équipe capable de la saisir », a-t-il déclaré.

Ce développement ouvre la voie à une recomposition des alliances régionales. Israël envisage désormais une relation plus apaisée avec son voisin du nord, après avoir bombardé de nombreux sites militaires syriens et manifesté initialement sa méfiance envers le nouveau pouvoir.

La levée des sanctions devrait favoriser une meilleure intégration régionale de la Syrie, ce qui sert l’intérêt d’Israël en réduisant l’influence iranienne à sa frontière nord.

Malgré un optimisme naissant autour du président Charraa, des défis demeurent. La Syrie a connu plusieurs attaques contre des minorités après la chute d’Assad.

Au moins 25 personnes ont été tuées et des dizaines blessées lors d’une attaque présumée de l’État islamique contre une église à Damas, le 22 juin.

Avant l’annonce surprise de Trump en Arabie saoudite, les États-Unis insistaient sur des progrès dans la protection des minorités avant tout assouplissement des sanctions.

La Syrie reste inscrite sur la liste américaine des États soutenant le terrorisme, un statut dont la levée pourrait prendre du temps et continuer à dissuader les investisseurs.

Néanmoins, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a indiqué lundi que ce classement pourrait évoluer bientôt.

« Je vais réévaluer la désignation de Hayat Tahrir al-Cham et du président Charraa comme terroristes mondiaux, ainsi que le statut de la Syrie comme État soutenant le terrorisme », a-t-il déclaré.

La levée des sanctions marque un tournant pour l’économie syrienne, durement frappée par des années de guerre et d’isolement. Cette ouverture économique pourrait relancer le commerce extérieur, faciliter les importations et alléger la pression sur les consommateurs.

Plus encore, cela reconnecte le secteur bancaire syrien au système financier international, rendant les transferts plus simples et stabilisant la livre syrienne. Une « bouffée d’oxygène » pour une économie exsangue.

Au-delà des effets immédiats, cette décision pourrait attirer les investissements nécessaires à la reconstruction du pays, dont les pertes sont estimées à plusieurs centaines de milliards de dollars.

Elle pourrait aussi relancer un secteur énergétique en difficulté, créant des opportunités dans l’extraction, le raffinage et le transport.

Cependant, la voie vers le redressement économique reste semée d’embûches : l’environnement des affaires doit être réformé pour attirer les capitaux, et tant que la Syrie reste classée comme État soutenant le terrorisme, les investissements majeurs resteront limités.

L’espoir repose désormais sur des réformes internes sincères, garantes d’un climat de confiance et d’un avenir plus stable.

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