Trump accuse et la Turquie dément la prise de pouvoir en Syrie
Le ministre turc des Affaires étrangères demande au nouveau gouvernement syrien de résoudre le problème des forces kurdes.
Ankara a rejeté mercredi les accusations formulées par le président élu des États-Unis, Donald Trump, à l’encontre du président turc Recep Tayyip Erdogan, qu’il accuse d’avoir « pris le pouvoir » en Syrie par le biais de factions de l’opposition syrienne qui, grâce à une offensive militaire éclair, ont renversé le président Bachar al-Assad. Par ailleurs, un responsable militaire turc a nié l’existence d’une trêve américaine à Manbij.
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Lors d’une rencontre médiatique, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré : « On ne peut pas qualifier cela de prise de pouvoir, car ce serait une erreur majeure de décrire ce qui se passe en Syrie de cette manière. » Il a ajouté : « Pour le peuple syrien, ce n’est pas une prise de pouvoir. C’est la volonté du peuple syrien qui détient maintenant le pouvoir. »
Le différend actuel sur la Syrie entre le président turc et le président américain, qui prendra ses fonctions le mois prochain, contraste avec l’atmosphère positive qui avait prévalu après la victoire de Trump à l’élection présidentielle, incitant Erdogan à l’inviter à Ankara pour renforcer les relations bilatérales.
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Dimanche matin, le 8 décembre, le régime syrien s’est effondré après que le président déchu Bachar al-Assad a fui en Russie, à la suite d’une offensive éclair menée par des factions armées de l’opposition, dirigées par « Hayat Tahrir al-Sham », un groupe islamiste radical, qui a pris le contrôle de Damas.
Depuis le début du soulèvement contre al-Assad en 2011, la Turquie est perçue comme l’un des principaux soutiens de l’opposition syrienne. Elle a accueilli des millions de réfugiés syriens sur son sol et a également soutenu des factions armées de l’opposition.
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Cependant, le ministre turc des Affaires étrangères a insisté lors de son entretien avec Al Jazeera qu’il serait erroné de dire qu’Ankara est la force qui gouvernera la nouvelle Syrie. Il a déclaré :
« Ce serait la dernière chose que nous souhaiterions voir se produire, car nous tirons des leçons importantes des événements de notre région. La culture de domination est ce qui a détruit la région. »
Il a ajouté : « C’est pourquoi la coopération est essentielle : ni domination turque, ni domination iranienne, ni domination arabe, mais une coopération. » Il a également souligné que :
« Notre solidarité avec le peuple syrien ne devrait pas être interprétée comme si nous gouvernions la Syrie. Ce serait une erreur. »
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Trump avait qualifié lundi le renversement d’al-Assad de « prise de pouvoir inamicale » par la Turquie en Syrie.
Lors d’une conférence de presse, il a déclaré : « Je pense que la Turquie est très intelligente. Erdogan est un homme très intelligent et très dur, mais la Turquie a effectué une prise de pouvoir inamicale sans beaucoup de pertes humaines. Al-Assad était un boucher, et ce qu’il a fait aux enfants était barbare. »
Dans le même entretien, le ministre turc a exhorté les nouveaux dirigeants de la Syrie à « résoudre » la situation des forces kurdes syriennes opposées à la Turquie, afin que cette dernière n’ait pas à intervenir militairement contre ces combattants qu’elle considère comme des « terroristes ».
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Il a déclaré : « Il y a maintenant une nouvelle administration à Damas. Je pense que c’est leur principale préoccupation actuellement. » Il a ajouté : « À mon avis, s’ils règlent ce problème de manière appropriée, il n’y aura aucune raison pour que nous intervenions. »
Cette déclaration intervient en réponse à des rumeurs selon lesquelles l’armée turque prépare une offensive contre la ville syrienne de Kobané, contrôlée par les Kurdes.
Des témoins locaux ont rapporté une augmentation du nombre de patrouilles militaires du côté turc de la frontière, mais sans observer « d’activité militaire inhabituelle ». Depuis 2016, Ankara a mené plusieurs opérations militaires contre les forces kurdes en Syrie.