Tchernobyl volant : la Russie se prépare à tester le missile de l’Apocalypse

Dans un développement militaire spectaculaire, qui rappelle les moments les plus tendus de la guerre froide, la Russie s’apprête à effectuer un nouvel essai de son missile nucléaire stratégique surnommé « l’Apocalypse ».
Ce missile, que les Russes appellent le « Tchernobyl volant », repose sur une technologie unique basée sur un moteur à propulsion nucléaire, lui offrant, en théorie, une portée de vol illimitée, selon le quotidien britannique Express.
Selon les conceptions russes, cette arme pourrait évoluer pendant des semaines, voire des mois, dans l’espace aérien mondial, en attente d’un ordre de frappe, avant de fondre sur sa cible par des trajectoires imprévisibles, échappant à tous les systèmes actuels de détection et d’interception.
Des experts estiment que ce concept en fait l’une des armes les plus préoccupantes depuis l’invention de la bombe à hydrogène.
Signaux terrestres, maritimes et spatiaux de préparation
De récentes images satellites et l’intense activité observée sur le site d’essais de Pankovo, dans l’archipel de Nouvelle-Zemble au nord de l’océan Arctique, indiquent clairement que le lancement est imminent.
Les clichés montrent le déplacement de quatre navires russes, jusque-là amarrés à proximité du site, vers des positions d’observation à l’est de la mer de Barents, une procédure considérée par les militaires comme habituelle lors d’essais balistiques ou nucléaires.
Parallèlement, les autorités aéronautiques russes ont publié un avis aux navigateurs aériens couvrant une zone de près de 40 000 km² au-dessus de la région, en vigueur depuis 21 heures GMT jeudi dernier et valable jusqu’à mardi soir.
Ces dernières semaines, un trafic intense de navires de ravitaillement vers l’archipel a été observé, signe d’une activité logistique d’ampleur. De plus, deux avions appartenant à Rosatom – l’agence fédérale de l’énergie atomique – ont été repérés dans les aéroports locaux, confirmant que les préparatifs sont dans leur phase finale.
Une arme stratégique de nouvelle génération
Le président russe Vladimir Poutine a présenté pour la première fois le missile 9M730 Burevestnik en 2018 comme faisant partie d’un arsenal « sans équivalent » destiné à maintenir la supériorité stratégique de la Russie face aux capacités occidentales.
D’après Moscou, le missile est capable d’emporter une ogive nucléaire et de contourner tout système de défense aérienne au monde, grâce à sa capacité de manœuvre et à son vol à basse altitude sur des trajectoires non conventionnelles.
Le programme a toutefois connu une série d’échecs techniques. Selon des évaluations du renseignement américain, la Russie avait mené, jusqu’en octobre 2023, treize essais du missile, sans qu’aucun ne soit pleinement concluant.
Le vol le plus long enregistré n’a pas dépassé deux minutes, pour une distance de seulement 35 kilomètres, bien loin des ambitions affichées. Des experts estiment que la principale difficulté réside dans la mise au point d’un moteur nucléaire à la fois sûr et suffisamment performant pour fonctionner sur de longues durées sans provoquer d’accidents radioactifs majeurs.
Si Moscou présente cette arme comme un élément d’« équilibre » destiné à dissuader toute menace occidentale, des analystes considèrent que son développement et son essai, dans le contexte actuel, envoient des signaux politiques et militaires puissants, notamment en raison de la guerre en Ukraine et de l’escalade des tensions verbales et des sanctions réciproques avec l’OTAN.