Sommeil des enfants : 5 erreurs que l’on fait tous en tant que parent à éviter
Coucher son enfant plus tard le week-end, lâcher son ado sur les horaires de coucher, mal repérer les signes de fatigue du tout-petit… A chaque âge, de petites erreurs peuvent avoir de graves conséquences sur le sommeil de l’enfant. Le Dr Marc Rey, neurologue, sonne l’alerte.
Chez l’enfant, le sommeil ne vient pas naturellement en grandissant. C’est le fruit d’un apprentissage. « L’éducation au sommeil est dévolu aux parents, sauf qu’ils ne sont pas toujours au courant de ce qu’il faut faire », note le Dr Marc Rey, neurologue, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance. Lors du colloque du Cofrade (Conseil français des associations pour les droits de l’enfant) qui s’est tenu en octobre, le spécialiste a averti : le sommeil est une affaire de famille. D’où la nécessité de bien connaître quelques règles sur l’hygiène de sommeil. Florilège des erreurs courantes dans nos habitudes et que l’on peut facilement modifier.
Erreur n°1 : coucher son enfant plus tard le week-end
Seuls 48 % des enfants de moins de 10 ans vont se coucher tous les jours à la même heure, et 53 % des moins de 3 ans. Le week-end, ils se couchent en moyenne à 21h24, contre 20h45 pour les jours de semaine. Pourtant, la régularité des horaires de coucher est essentiel. « Le rythme s’établit dans l’enfance, » explique le Dr Marc Rey. « Mélatonine, cortisol, température, les synchroniseurs internes ne sont pas mûrs chez l’enfant. Il a besoin de synchroniseurs externes pour établir le rythme : lever, repas, coucher. On oublie souvent que les parents ont un rôle important à jouer dans la mise en place de ces rythmes. » Etablir une régularité la semaine et le week-end est primordial. « Si un enfant se couche plus tard le week-end, l’origine vient des parents, l’enfant n’a aucune raison de se décaler « , remarque le neurologue. « Les rituels aident à intégrer les rythmes. Si le rituel change le week-end, c’est très destructurant. On observe le même phénomène en cas de garde alternée. C’est important de garder des horaires similaires dans les deux foyers. Les synchroniseurs internes vont se mettre en place grâce aux synchroniseurs externes. Et pour ça, il faut un chef d’orchestre : les parents « .
Erreur n°2 : être moins vigilant sur le sommeil de l’ado
« A l’adolescence, le rythme des hormones sexuelles vient bousculer les autres rythmes », décrypte le Dr Marc Rey. « La sécrétion de la mélatonine, l’hormone du sommeil, est décalée, c’est pourquoi l’adolescent s’endort plus tard le soir « . Si ce nouveau rythme physiologique est à prendre en compte, il faut garder en tête que l’adolescent a encore besoin d’une quantité importante de sommeil. Chez l’adolescent, le temps de sommeil recommandé se situe entre 9 et 11h jusqu’à 13 ans et entre 8 et 10 h de 14 à 17 ans. Or, près de 30 % d’entre eux dorment moins de 7 heures. Ce qui entraîne une carence de sommeil qui a tendance à s’aggraver. « On ne peut pas aller contre le nouveau rythme de sommeil mais il faut éviter d’accentuer le phénomène », explique le neurologue. Si l’adolescent fait spontanément la grasse matinée le week-end, mieux vaut veiller à ce qu’elle ne s’éternise pas. « Il faut que le dimanche matin existe ! » alerte le spécialiste du sommeil. « Je conseille d’ouvrir les volets autour de 10h-10h30, afin que l’adolescent soit au contact de la lumière du jour, quitte à faire une sieste en début d’après-midi. Si l’adolescent s’est couché vers minuit-une heure, et qu’il se lève autour de 9h-10h, c’est acceptable. Mais s’il se lève à 14h, cela provoque un véritable décalage horaire, les pilotes d’avion connaissent bien la fatigue que cela engendre. La nuit suivante est fichue. » Résultat : le lundi matin, l’adolescent risque de commencer la semaine en dette de sommeil.
Et le reste de la semaine, comment gérer ce décalage physiologique ? Mieux vaut mettre en place une bonne hygiène de sommeil notamment en interrogeant la pratique des écrans. La lumière bleue bloque la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil. Combiné aux bouleversements hormonaux, cela peut être vite la pagaille dans les horaires de coucher. « C’est plus facile d’instaurer une règle dès le début : pas d’écran deux heures avant le coucher », remarque le Dr Marc Rey. « De notre côté, on réclame la mise en place d’expérimentations dans les établissements scolaires pour décaler l’heure des cours le matin ». Autre piste : « Valoriser le sommeil auprès de l’ado », conseille le neurologue. « La nuit est synonyme de rêves, épisodes agréables. Sans être intrusif, on peut prendre l’habitude de raconter ses rêves au lever ».
Erreur n°3 : mal repérer les signes de fatigue
Avant 6 ans, l’enfant ne manifeste pas sa fatigue comme l’adulte par de la somnolence. Au contraire, l’enfant peut devenir irritable, grognon, agité. Attention à ne pas manquer le train du sommeil. « L’enfant devient une pile électrique. Plus l’énervement monte, moins cela va être facile de s’endormir », prévient le Dr Marc Rey. Irritabilité, déficit attentionnel, il est important de repérer les signes de fatigue spécifiques à cette tranche d’âge. D’où l’importance du temps calme avant le coucher pour éviter de voir l’excitation monter crescendo. Lecture, berceuse, chanson, câlin, à chacun son rituel.
Erreur n°4 : lui donner un sirop pour l’aider à dormir
« Le sommeil est un comportement. Il ne faut pas donner l’idée que le sommeil se met en route avec un produit », explique le spécialiste du sommeil. Un réflexe qui fait le lit de la prise de somnifères à l’âge adulte. « On doit s’entraîner à s’endormir et ne pas apprendre à prendre un produit pour y parvenir », martèle le spécialiste. Une mauvaise habitude à différencier d’un rituel du coucher que l’on peut adopter, comme boire un verre de lait chaud ou une tisane. « Il s’agit là d’un rituel apaisant », continue le spécialiste. « L’enfant s’endort s’il se sent en sécurité, il a besoin d’être rassuré sur le fait que son entourage ne va pas disparaître pendant la nuit ». Boisson chaude, berceuse, histoire, câlin, partager un moment agréable, calmant avant la nuit, est primordiale.
Erreur n°5 : le laisser s’endormir devant les écrans
11% des enfants s’endorment dans une pièce où un écran est allumé. Pas facile pour l’enfant de rester dans sa chambre s’il repère ses parents en train de regarder une série. « Aujourd’hui, c’est compliqué d’inciter les parents à avoir un temps sans écran au moment du coucher », constate le Dr Marc Rey. « Mais les mentalités évoluent. Je prends l’exemple du tabac, il y a 30 ans, les parents qui fumaient dans la pièce où l’enfant dormait nous disaient qu’ils n’allaient pas sortir à l’extérieur. Aujourd’hui, ce cas de figure est devenu rarissime. » Les parents restent des modèles que l’enfant imite. Si celui-ci voit que ses parents ne vont pas au lit avec un écran, il ne sera pas tenté d’en faire de même.