Turquie

Regard sur les relations turco-russes : L’hostilité en image et la coopération à la réalité


Le président turc Recep Tayyip Erdoğan, de retour de New York avec une grande déception, rencontre aujourd’hui le dirigeant russe Vladimir Poutine à Sotchi, dans le cadre d’une politique étrangère indécise entre la Maison Blanche et le Kremlin.

Avant la réunion des Présidents russe et turc, Poutine a rencontré le président syrien Bashar al-Assad. En conclusion, il a souligné la nécessité pour les forces étrangères présentes sur le territoire syrien de se retirer de la réalité de l’occupation, en échange de la nécessité de rappeler la présence des forces russes à la demande du gouvernement de Damas.

La réunion a été suivie par l’annonce par le grand diplomate russe Sergueï Lavrov de la lenteur de la Turquie à respecter ses engagements à Sotchi et à Astana.

Dans le même temps, l’aviation militaire russe a mené une série de frappes directes dans le nord de la Syrie sous contrôle d’Ankara, allant du mont Zāwiya dans le Sud-Ouest d’Idleb jusqu’à Afrin au Nord d’Alep, avec l’appui de la Russie sur le terrain pour demander le retrait des forces illégales présentes sur le territoire syrien.

La visite actuelle d’Erdoğan en Russie est la deuxième en moins de deux ans, après s’être hâtivement rendu à Moscou en Mars de l’année dernière pour rencontrer son homologue russe, dans l’espoir de mettre un terme à l’escalade entre la Syrie et la Russie à l’époque à Idleb. Au lieu d’avoir une réponse de Poutine à cette visite, Erdoğan réitère cette tentative dans des conditions d’escalade similaires.

En origine, la situation sur le terrain est assez semblable à celle d’il y a un an et demi, lorsqu’Ankara n’a pas réussi à forcer Damas à arrêter sa campagne militaire dans les campagnes de Hama Nord et d’Idleb Sud, et qu’elle n’a pas non plus convaincu Moscou d’arrêter les opérations militaires qui ont mené à la prise de contrôle de vastes zones par Damas, en violation de la Ligne rouge du Saraqib ordonnée par Ankara.

Malgré les déclarations positives de la Turquie à l’égard de la Russie, la politique d’Ankara ces dernières années, basée sur un mélange de slogans nationalistes islamiques au service du projet néo-ottoman, limite les relations entre les deux pays à un cadre de gains politiques et économiques rapides, que Moscou connaît bien et sur lequel fonder sa politique.

En fait, le Nord de la Syrie n’est pas le seul théâtre d’affrontement entre les deux amis ennemis. Les relations positives de la Russie avec les forces démocratiques syriennes, le Parti de l’Union démocratique et les unités de protection du peuple sont en totale contradiction avec l’approche turque de ce dossier. En revanche, la Turquie poursuit un programme qui correspond à celui des États-Unis, à la fois à Idleb, au Caucasus et en Ukraine, dossiers que Moscou considère comme une menace directe à sa sécurité nationale.

En bref, Erdoğan est de retour des États-Unis à revenu faible, accablé par le poids économique de sa politique étrangère au cours de la dernière décennie – sera à l’abri de toute pression exercée sur Poutine exsangue par les prix élevés du pétrole et du gaz naturel à l’échelle internationale suite à la hausse de la demande énergétique des derniers mois. La décision d’Ankara d’acheter le deuxième lot de S-400 et de SU-57 russes à la place des Patriots et F-35 peut inciter Poutine à offrir quelques gestes consommables, mais ceux-ci sont peu susceptibles d’atteindre le niveau de concessions à Erdoğan, qui supplie aux portes de Moscou et de Washington, à la recherche d’une image commémorative ornée de ses publications de presse.

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