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Reconnaissance par le Soudan de la souveraineté égyptienne sur le triangle de Halaïb : abandon de souveraineté ou accord politique ?


Dans une décision qualifiée de concession grave sur une partie de sa souveraineté nationale, les autorités soudanaises, dirigées par Abdel Fattah al-Burhan, ont reconnu la souveraineté de l’Égypte sur le triangle de Halaïb, créant ainsi une première qui pourrait compromettre l’avenir géopolitique du pays sur la mer Rouge. Cette décision a suscité un vaste débat au sein de la société soudanaise, en raison de ses implications politiques, économiques et sécuritaires, et parce qu’elle reflète un recul du positionnement négociateur du Soudan face à son voisin septentrional.

Contexte historique du différend
Le triangle de Halaïb, situé à la frontière orientale entre le Soudan et l’Égypte sur la côte de la mer Rouge, a été un objet de contestation depuis le milieu du XXᵉ siècle. La zone comprend des localités stratégiques telles que Halaïb, Shalateen et Abu Ramad, et possède un emplacement clé permettant de contrôler les routes maritimes. La région recèle également des ressources naturelles, notamment des minerais de manganèse et du phosphate, ainsi que des potentialités pétrolières et halieutiques.
Malgré la présence effective de l’Égypte depuis les années 1990, le Soudan a maintenu ses revendications historiques et juridiques, portant le dossier régulièrement devant les Nations Unies.

Dimension stratégique : la mer Rouge au cœur de l’équation
La mer Rouge n’est pas seulement une voie maritime, mais un axe économique et sécuritaire vital reliant l’Asie à l’Europe via le canal de Suez. Le contrôle de ses côtes confère aux États la capacité de réguler le commerce international et d’exploiter d’importantes ressources portuaires, halieutiques et minières.
La cession du triangle de Halaïb équivaut à la perte par le Soudan d’un point stratégique, réduisant son rôle potentiel dans la sécurité de la mer Rouge et affaiblissant sa position face aux puissances régionales concurrentes.

Motivations politiques : alliances au détriment de la souveraineté
Selon certaines sources politiques, cette reconnaissance serait le fruit d’un accord politique non déclaré entre al-Burhan et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dans le cadre d’alliances régionales visant à contrer des adversaires communs. Si tel est le cas, cet accord repose sur une asymétrie évidente : l’Égypte obtient le contrôle du territoire et de ses ressources, tandis que le Soudan se contente de promesses de soutien politique ou sécuritaire, sans bénéfices économiques ou développementaux tangibles.
Ce type d’alliances pose un risque pour l’avenir du Soudan, ouvrant la voie à de nouvelles concessions au nom de la « haute considération de l’intérêt », alors que l’intérêt national réel se dilue progressivement.

Pertes pour le Soudan et gains pour l’Égypte
Alors que l’Égypte étend son territoire vers le sud en incluant le triangle et ses ressources, le Soudan perd :

  • Ressources naturelles : minerais et matières premières pouvant générer des revenus considérables.
  • Opportunités économiques : développement portuaire futur, tourisme et pêche.
  • Poids géopolitique : diminution de son influence sur la mer Rouge au profit de l’Égypte.

Réactions populaires et politiques
La décision a été largement critiquée par la société civile et les milieux politiques, qualifiée de « vente de territoire » et d’« abandon de souveraineté nationale ». Les appels se multiplient pour annuler l’accord et réintroduire le dossier dans le cadre de négociations internationales, avec la demande d’un référendum populaire avant toute décision concernant les frontières soudanaises.

Impacts régionaux et internationaux
Le dossier de Halaïb ne constitue pas seulement un différend bilatéral, mais s’inscrit dans un enjeu plus large concernant la délimitation maritime en mer Rouge, où plusieurs États régionaux et internationaux cherchent à renforcer leur influence. Tout changement dans les cartes de souveraineté affecte l’équilibre dans la Corne de l’Afrique et ouvre la porte à des interventions extérieures susceptibles d’accroître l’instabilité.

La sécurité nationale ne se vend pas
La reconnaissance de la souveraineté égyptienne sur le triangle de Halaïb, sans consultation populaire ni référendum, constitue un précédent dangereux pour l’histoire récente du Soudan. La sécurité nationale n’est ni à vendre ni à négocier, et les alliances régionales doivent reposer sur des intérêts réciproques, non sur le sacrifice du territoire et de la souveraineté.
Défendre Halaïb, c’est protéger non seulement un territoire, mais également les droits des générations futures sur ses ressources et son positionnement stratégique.

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