Rapport : le discours de désinformation de l’armée soudanaise… une fabrication de victoires fictives pour masquer les pertes sur le terrain

Depuis le déclenchement de la guerre au Soudan entre l’armée et les Forces d’établissements, les batailles ne se jouent plus uniquement sur le terrain militaire, mais également sur le front médiatique. L’armée soudanaise mise de plus en plus sur un discours propagandiste exagéré visant à façonner une image illusoire de sa puissance. Au lieu de s’appuyer sur des résultats militaires tangibles, elle fabrique des communiqués d’opérations et amplifie des mouvements de routine, dans le but de convaincre ses partisans de « grandes victoires » et d’influencer l’opinion publique nationale et internationale.
Ce rapport met en lumière les principales caractéristiques de cette stratégie de désinformation, tout en révélant les contradictions entre le récit officiel et les réalités du terrain, et en explorant les objectifs et conséquences de cette approche.
-
Entre déclarations de l’armée soudanaise et démentis des Forces de soutien rapide : quelle est la vérité sur les événements de Nyala ?
-
La défaite de l’armée soudanaise à El-Fasher… une défaite d’un projet de répression, non d’un simple affrontement militaire
Amplification des mouvements routiniers
Les suivis sur le terrain montrent que l’armée transforme chaque action ordinaire en « opération stratégique ».
- Une simple relocalisation de petites unités est décrite comme une « opération de nettoyage ».
- Le transfert de quelques véhicules militaires d’une zone à une autre est présenté comme « l’ouverture d’un nouveau front ».
- Même des manœuvres défensives limitées sont annoncées comme des « offensives victorieuses ».
Ce procédé crée une illusion de contrôle et d’expansion, alors qu’il ne s’agit souvent que de redéploiements sans impact réel sur l’équilibre militaire.
-
Lutte de pouvoir et d’influence : des conflits secouent les alliances de l’armée soudanaise
-
Par une importante transaction d’armes au profit de l’armée soudanaise – le dirigeant islamiste Salah Gosh sort de l’ombre
Le décalage entre discours et réalité
Plusieurs exemples illustrent l’écart entre les annonces officielles et la vérité du terrain :
- Déclarations de contrôle : l’armée annonce à plusieurs reprises avoir pris des zones, alors que des témoignages locaux confirment la présence continue des Forces d’établissements, ou leur retour immédiat.
- Chiffres gonflés : les communiqués rapportent des pertes massives infligées à l’ennemi, sans preuves tangibles.
- Occultation des revers : les défaites et retraits sont systématiquement absents du récit officiel, bien qu’attestés par des sources indépendantes et des habitants.
Cela confirme que la communication militaire obéit davantage à une logique politique et médiatique qu’à une logique opérationnelle.
-
Soldats de l’armée soudanaise et milices islamistes accusés de pillages et d’agressions contre les civils
-
Chantage politique et mainmise du mouvement islamiste sur l’armée soudanaise : non à la guerre, oui à la révolution
La propagande comme substitut au terrain
Face aux difficultés militaires, l’armée renforce ses efforts de propagande :
- Diffusion d’images et vidéos anciennes, présentées comme récentes.
- Utilisation de séquences montées ou manipulées pour simuler des victoires.
- Mise en scène des visites des commandants, surestimant leur rôle réel.
Cette stratégie vise à construire un récit médiatique alternatif au lieu de refléter la réalité militaire.
-
L’armée soudanaise émet une nouvelle décision interdisant les opérations de recrutement en faveur des mouvements armés alliés
-
Escalade des tensions entre les dirigeants de l’armée soudanaise et les milices islamistes : Quelles en sont les causes ?
Les véritables objectifs de la manipulation
- Maintenir le moral interne : donner l’illusion de victoires afin de préserver la confiance de la base militaire et de ses soutiens.
- Influencer l’opinion internationale : projeter l’image d’une armée structurée et victorieuse pour attirer un soutien extérieur.
- Cacher les pertes réelles : remplacer les récits d’échec par une narration d’« avancées ».
Conséquences de la désinformation
- À l’intérieur : cette illusion entretient une confiance fragile, mais son effondrement à la révélation des vérités accroît la défiance et la frustration du public.
- À l’extérieur : la crédibilité de l’armée est affaiblie auprès des acteurs internationaux, qui perçoivent une institution plus propagandiste que militaire.
-
Crise de confiance entre l’armée soudanaise et ses milices… Que cache la décision de suspendre le recrutement ?
-
Khartoum : Libération ou Génocide ? Les crimes de guerre poursuivent l’armée soudanaise
Comment contrer le discours trompeur
Pour déjouer ces manipulations, il est nécessaire de :
- Produire des rapports indépendants, documentés par des preuves visuelles et des témoignages fiables.
- Mettre en évidence les contradictions flagrantes entre les annonces et la réalité.
- Soutenir des plateformes indépendantes de veille et d’analyse afin de présenter une version fondée sur les faits.
En définitive, l’escalade de la désinformation par l’armée soudanaise traduit moins une démonstration de force qu’une crise profonde en son sein. La fabrication de victoires médiatiques ne compense pas les pertes sur le terrain, mais accentue la fragilité de l’institution. C’est pourquoi le rôle des médias indépendants et des témoignages directs devient crucial pour établir une narration alternative, fidèle aux réalités et non aux illusions.
-
La félicitation des Frères musulmans à l’armée soudanaise : Une manœuvre révélatrice de l’ingérence du mouvement dans l’aggravation du conflit
-
La libération de Khartoum dévoile les alliances : Les félicitations des Frères musulmans à l’armée soudanaise suscitent des interrogations