Santé

Quelle est la différence entre sans sucre et sans sucres ajoutés ?


Dans une société marquée par une prise de conscience croissante des enjeux de santé publique, les consommateurs accordent désormais une attention minutieuse à la composition des aliments qu’ils consomment. L’étiquetage nutritionnel, autrefois négligé, est devenu un outil central dans le processus décisionnel d’achat, notamment pour les individus soucieux de leur santé métabolique, les personnes atteintes de diabète, ou encore celles qui cherchent à maintenir un poids stable.

Parmi les allégations les plus fréquentes figurant sur les emballages, deux suscitent régulièrement l’ambiguïté : « sans sucre » et « sans sucres ajoutés ». Si ces deux mentions peuvent sembler similaires, voire synonymes, elles répondent en réalité à des définitions techniques bien distinctes, encadrées par des réglementations précises. Les comprendre est indispensable pour évaluer correctement la qualité nutritionnelle d’un produit.

L’allégation « sans sucre » est, sur le plan réglementaire, l’une des plus strictes. Elle signifie qu’un produit ne contient pas plus de 0,5 gramme de sucres totaux pour 100 grammes ou 100 millilitres. Cela inclut l’ensemble des sucres, qu’ils soient naturellement présents ou artificiellement ajoutés. Autrement dit, un produit « sans sucre » ne devrait contenir ni saccharose, ni glucose, ni fructose, ni lactose, ni aucun autre type de glucide simple.

Cette exigence interdit en pratique la présence de nombreux ingrédients naturellement sucrés tels que le miel, les fruits, le lait, ou encore certaines céréales transformées. C’est pourquoi ce label est surtout apposé sur des produits transformés spécifiquement conçus pour être pauvres en glucides, comme certaines boissons édulcorées, des confiseries pour diabétiques ou des aliments diététiques à visée thérapeutique. L’absence quasi totale de sucre en fait un produit adapté aux régimes très stricts, mais souvent au détriment du goût naturel, ce qui pousse certains fabricants à utiliser des édulcorants de synthèse.

À l’inverse, la mention « sans sucres ajoutés » est beaucoup plus permissive et potentiellement trompeuse pour le consommateur mal informé. Cette allégation signifie uniquement qu’aucun sucre n’a été incorporé au produit pendant sa transformation : ni sucre blanc, ni cassonade, ni miel, ni sirop de maïs à haute teneur en fructose, ni aucun autre ingrédient sucrant.

Toutefois, le produit peut parfaitement contenir des sucres naturellement présents, issus des matières premières. Un jus de fruit pur à 100 %, une compote de pommes non sucrée, un lait végétal à base de riz ou encore certaines purées de légumes naturellement sucrés peuvent ainsi afficher la mention « sans sucres ajoutés », tout en contenant plusieurs grammes de glucides simples par portion. La confusion vient du fait que l’absence d’ajout de sucre ne signifie pas absence de sucre tout court. Pour les personnes qui doivent surveiller leur glycémie, cette distinction est loin d’être anodine : elle peut être la frontière entre un aliment bénéfique et un autre potentiellement problématique.

Cette ambiguïté a des répercussions concrètes sur les habitudes alimentaires, notamment dans un contexte où la surconsommation de sucre est identifiée comme un facteur majeur de maladies chroniques telles que le diabète de type 2, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, et même certains cancers.

De nombreuses études ont mis en évidence le rôle insidieux des sucres dits « cachés » – c’est-à-dire ceux qui ne sont pas ajoutés de manière explicite, mais qui figurent tout de même en quantités importantes dans les aliments d’origine naturelle ou peu transformés. Ainsi, les produits arborant la mention « sans sucres ajoutés » peuvent entretenir une forme d’illusion de santé, encourageant une consommation plus importante sous prétexte qu’ils seraient plus « naturels » ou moins transformés. En réalité, seule une analyse attentive des valeurs nutritionnelles peut révéler la teneur réelle en sucres simples.

Il convient également de souligner un autre aspect souvent négligé : l’impact métabolique des sucres, qu’ils soient naturels ou ajoutés, est souvent similaire.

Le corps ne fait pas de distinction entre le glucose d’un fruit et celui d’un biscuit : une fois absorbé, il suit les mêmes voies métaboliques. C’est pourquoi l’index glycémique, la charge glycémique et le contexte de consommation (présence de fibres, de protéines, etc.) sont des paramètres essentiels à prendre en compte. De plus, certaines alternatives sucrantes, bien que ne figurant pas sous forme de « sucre ajouté », peuvent être métabolisées comme tel. Par exemple, les jus concentrés ou les purées de fruits utilisées comme sucrants « naturels » dans certains produits bio sont techniquement « non ajoutés » mais ajoutent tout de même une charge glucidique significative.

En conclusion, la distinction entre « sans sucre » et « sans sucres ajoutés » est bien plus qu’un simple jeu de mots marketing. Elle reflète deux réalités nutritionnelles fondamentalement différentes et soulève des enjeux de transparence, d’éducation du consommateur et de santé publique. Dans un monde où les maladies liées à la surconsommation de sucre explosent, il est essentiel que les consommateurs développent une compréhension fine du langage nutritionnel. Lire attentivement les étiquettes, comparer les valeurs glucidiques, et comprendre les nuances entre les mentions légales permet non seulement de mieux manger, mais aussi de reprendre le contrôle sur sa santé. Car derrière ces formules anodines se cachent souvent des différences majeures aux conséquences bien réelles.

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