Quand les assiégés se soulèvent… Gaza crie face au Hamas

Sur les ruines de Gaza, la colère et l’exaspération envers le Hamas ne cessent de croître parmi les habitants de la bande, épuisés par la guerre et la faim.
Amal Ashraf, une Palestinienne originaire de Beit Lahia, au nord de Gaza, a perdu trois de ses enfants depuis le début du conflit déclenché par l’attaque du Hamas contre des localités israéliennes le 7 octobre 2023.
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Dans une interview accordée à la chaîne australienne ABC, Amal confie : « J’ai perdu trois de mes fils, ils ont laissé derrière eux des orphelins. À chaque fois que je regarde mes petits-enfants, mon cœur se brise — mes enfants sont partis. »
Malgré un profond chagrin et un cancer nécessitant une intervention chirurgicale urgente, Amal est descendue dans la rue, comme des centaines d’autres Palestiniens, pour manifester contre le Hamas après la reprise des bombardements israéliens en mars dernier.
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Elle poursuit : « J’ai perdu mes enfants, bien sûr que je vais manifester. Je veux crier : non à la guerre, non à la guerre. Nous sommes nombreux à rejeter cette guerre, mais rien ne change. Nous soutenons les manifestations pacifiques qui réclament la fin de la guerre. Nous voulons un gouvernement qui nous apporte la sécurité — nos enfants ont faim, nous sommes exténués. »
« Le peuple veut la chute du Hamas »
Ces manifestations ont été qualifiées de plus grandes protestations contre le Hamas depuis le début de la guerre à Gaza.
Les Palestiniens y ont exprimé leur tristesse face à la destruction massive causée par l’armée israélienne, tout en tenant le Hamas pour responsable de la poursuite de cette catastrophe.
Les manifestants ont scandé : « Dehors, dehors Hamas », « Le peuple veut la chute du Hamas ».
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Rafed Mohammed Atta, l’un des protestataires, a déclaré à la chaîne ABC : « Nous exigeons que le Hamas quitte Gaza aujourd’hui. Nous ne pouvons plus attendre. »
Et d’ajouter : « Nous voulons qu’Abou Mazen (le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas) gouverne Gaza… Nous voulons qu’il prenne le pouvoir, car le Hamas détruit notre peuple. »
Mahmoud Abbas, chef du mouvement Fatah, dirige l’Autorité palestinienne depuis 2005, mais aucune élection n’a eu lieu depuis.
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Des manifestations réprimées dans le sang
Les manifestations contre le Hamas n’ont pas été sans conséquences. Amnesty International a documenté un schéma inquiétant de menaces, d’intimidations, d’arrestations et de tortures exercées par les services de sécurité du Hamas à l’encontre des manifestants.
Erika Guevara-Rosas, directrice des recherches à Amnesty, a déclaré : « C’est honteux et révoltant : alors que les Palestiniens de Gaza subissent des atrocités commises par Israël, le Hamas aggrave leur souffrance en intensifiant menaces et intimidations contre ceux qui osent dire : nous voulons vivre. »
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En mai, le Hamas — qui a pris le pouvoir par la force en 2007 et exerce un contrôle sécuritaire strict — a annoncé l’exécution de six personnes et a tiré dans les jambes de treize autres, accusées de pillage.
Ces dernières semaines, le Comité pour la protection des journalistes a rapporté que plusieurs journalistes à Gaza ont été menacés et agressés par le Hamas pour avoir couvert ces manifestations.
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Une idéologie autoritaire
Hassan Ayyoub, professeur de sciences politiques à l’université An-Najah en Cisjordanie, a expliqué à ABC que : « Le Hamas adopte une idéologie religieuse, politique et sociale particulière, et exerce parfois des méthodes répressives contre l’opposition. »
La famille d’Adi Al-Rubai, 22 ans, a révélé en mars que leur fils avait été kidnappé et torturé pendant des heures par le Hamas, avant que son corps ne soit jeté devant leur maison.
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Israël : une guerre ciblant le Hamas ?
De son côté, Israël affirme que sa guerre vise exclusivement le Hamas, non les civils. Pourtant, le ministère de la Santé à Gaza annonce plus de 54 000 morts, suscitant de nombreuses accusations internationales contre Israël pour bombardements indiscriminés.
Israël déclare vouloir faire pression sur le Hamas pour obtenir la libération de 58 otages, dont seulement 21 seraient encore en vie. Mais les négociations sont dans l’impasse, et le Hamas refuse de désarmer sans garanties sérieuses de fin de guerre.
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Le Hamas tire profit du conflit
Hamadeh Al-Zaanoun, qui a perdu sa maison et des proches, estime que les dirigeants du Hamas profitent de la guerre : « Nous refusons leur pouvoir, car il ne profite qu’à leurs partisans. Même avant la guerre, ils gouvernaient pour une élite, laissant les autres dans le besoin. »
Et d’ajouter : « Nous rejetons la politique du Hamas durant cette guerre. Nous voulons que cela s’arrête. Nous aimons la vie, nous ne voulons pas mourir. En tant qu’enfants et jeunes, nous voulons simplement vivre. »