Pourquoi la Banque centrale du Yémen a-t-elle interdit les services de paiement électronique à Sanaa ? Des experts répondent
La Banque centrale du Yémen, basée dans la capitale temporaire d’Aden, a annoncé aujourd’hui la décision d’interdire les transactions avec dix entités, portefeuilles et services de paiement électronique non autorisés, qui se trouvent sous le contrôle des milices Houthi. Cette mesure s’inscrit dans le cadre des efforts de la Banque pour renforcer la surveillance des activités financières et garantir que les fournisseurs de services financiers respectent les procédures légales et réglementaires en vigueur.
Détails de la décision d’interdiction
La décision d’interdiction concerne les portefeuilles suivants : Cash Wallet, Floosak Wallet, Yemen Wallet, International Money Wallet, Saba Cash Wallet, E-Rial Wallet, My Mobile Wallet, Mobile Money Wallet, Rial Mobile Wallet et Jib Wallet.
La Banque centrale a précisé dans son communiqué que ces entités exerçaient, annonçaient et promouvaient des services de paiement et de transfert électronique sans obtenir les autorisations officielles requises de la Banque, ce qui constitue une violation flagrante des lois, des instructions en vigueur et des normes et procédures approuvées pour fournir des services et des activités de paiement électronique.
Raisons et mesures de l’interdiction
Cette décision s’inscrit dans une série de mesures prises par la Banque centrale pour limiter les activités financières non autorisées, qui pourraient constituer une menace pour la stabilité financière et économique du pays.
Dans son communiqué, la Banque a souligné que les transactions avec ces entités et portefeuilles électroniques représentent un danger pour la sécurité du système financier et augmentent les risques de manipulation et de fraude financière, ainsi que la possibilité de financement d’activités illégales.
La Banque centrale du Yémen a donc demandé à toutes les banques et aux entreprises de change de se conformer à l’interdiction de traiter directement ou indirectement avec les entités et services de paiement électronique mentionnés.
Elle a insisté sur la nécessité de respecter pleinement et strictement ses directives, affirmant qu’elle prendrait des mesures punitives et légales strictes à l’encontre des contrevenants.
Dans ce contexte, la Banque a souligné l’importance de la coopération totale entre les institutions financières et de surveillance pour garantir l’application de cette décision, contribuant ainsi à protéger l’économie nationale et à maintenir la stabilité du système financier.
Conséquences légales et réactions
La Banque centrale a clairement indiqué que toute négligence ou non-conformité de la part des banques et des entreprises de change aux instructions émises serait sanctionnée par des mesures punitives strictes.
Cela inclut l’imposition d’amendes financières et de sanctions administratives pouvant aller jusqu’à la suspension de l’activité ou le retrait des licences. Ces mesures visent à garantir la conformité totale aux directives de la Banque et à protéger le système financier de toute infraction ou abus pouvant affecter la confiance du public dans le système bancaire.
Dans une démarche reflétant le mélange des intérêts publics et personnels, des sources locales ont révélé aujourd’hui que les milices Houthi ont saisi la maison du gouverneur de la Banque centrale à Aden, Ahmed Ghaleb Al-Mabaqi, dans la capitale yéménite Sanaa.
Les sources ont indiqué que ce que l’on appelle le « gardien judiciaire » affilié aux milices à Sanaa a saisi la maison d’Al-Mabaqi à Sanaa, ajoutant que le « gardien judiciaire » a écrit sur la maison l’inscription « Saisie par le tribunal pénal » en vue de sa confiscation.
La Banque centrale exerce ses pouvoirs
Pour sa part, l’analyste politique yéménite Wadih Ben Atia a déclaré que la Banque centrale à Aden a pris la décision de demander à toutes les banques et aux entreprises de change de cesser de traiter avec les entités, portefeuilles financiers et services de paiement électronique non autorisés, qui exercent leurs activités à Sanaa sous le contrôle des milices Houthi.
-
Le Yémen accuse les Houthis d’avoir entravé la deuxième série de consultations en Jordanie
-
Le gouvernement yéménite accuse les houthis d’ « affamer » le peuple à des fins politiques
Il a ajouté – via son compte sur le réseau social « X » – en réponse à des questions sur la rétraction de la Banque centrale de ses décisions, que la Banque centrale ne monte pas d’escalade contre Sanaa mais exerce ses pouvoirs légaux.
De son côté, l’analyste politique yéménite Abdul Hafiz Al-Hatami a déclaré que la décision de la Banque centrale reflète une préoccupation légitime concernant les activités financières non autorisées qui pourraient menacer la stabilité financière du pays.
-
Le Présidentiel du Yémen a toujours fait preuve de retenue à l’égard des violations des Houthis
-
Les rebelles Houthis continuent de piller les biens des Yéménites
Al-Hatami a affirmé que cette mesure est nécessaire pour organiser le secteur financier et garantir la transparence et la responsabilité.
Il a également indiqué que la mise en place d’un cadre réglementaire clair et accessible pourrait encourager les entreprises émergentes à se conformer et à obtenir les licences nécessaires, renforçant ainsi la confiance des investisseurs locaux et internationaux dans l’économie yéménite.