Politique

Pourquoi faut-il classer le mouvement des Frères musulmans et le mouvement islamique comme organisations terroristes ?


L’écrivain soudanais Alaa Khairawi a appelé à la nécessité de classer le mouvement des Frères musulmans ainsi que le mouvement islamique au Soudan comme « organisations terroristes », estimant que cette démarche ne constitue pas une attaque contre la religion, mais plutôt une « libération de la foi de la domination de l’organisation », et une exigence légitime du « droit du monde à la justice » et du salut du Soudan.

Dans un article publié sur le site Sudanile, Khairawi explique que le mouvement des Frères musulmans, depuis sa fondation par Hassan Al-Banna en 1928, n’a été que « la plus récente expression de l’illusion de l’État sacré ». Rapidement passée de la prédication à la politique, elle a mis en place un « appareil spécial » armé, responsable d’assassinats politiques, dont celui du Premier ministre Mahmoud Fahmi Al-Nuqrashi.

Khairawi souligne que le mouvement s’est étendu à l’échelle mondiale en utilisant les associations caritatives et éducatives comme outils de recrutement, tout en véhiculant la logique de « l’avant-garde croyante », qui considère la société « impie » comme un ennemi. Il rejette l’argument de la séparation des branches locales du mouvement, affirmant que « la multiplicité apparente des filiales n’annule pas l’unité de la pensée » fondée sur les doctrines d’Hassan Al-Banna et de Sayyid Qutb. Selon lui, la structure décentralisée du mouvement a été « conçue comme un bouclier protecteur permettant d’échapper à la responsabilité », et le discours de l’excommunication (takfir) et de l’hégémonie est « le même, celui dont sont issus les groupes les plus extrémistes ».

L’auteur s’appuie également sur des rapports occidentaux, notamment une analyse publiée par le Hudson Institute en 2023, qui considère « l’appareil spécial » des Frères musulmans comme « le premier modèle des mouvements jihadistes modernes ». Il mentionne aussi les aveux implicites de certains anciens dirigeants reconnaissant que la violence faisait « partie de leurs outils dès les années 1940 ».

Khairawi rappelle que le coup d’État de 1989 au Soudan fut un tournant décisif au cours duquel les islamistes consolidèrent leur pouvoir sous le slogan de « l’habilitation », érigeant « la loyauté envers l’organisation au-dessus de la loyauté envers la patrie ». Le régime d’Al-Ingaz (le « Salut ») brandit alors les drapeaux du « jihad » contre ses propres citoyens du Sud, créant les milices de la « Défense populaire » et les « Janjawid » au Darfour, responsables de « crimes de génocide et de purification ethnique ».

L’écrivain met en garde contre le fait que le mouvement islamique au Soudan demeure un « danger structurel » et constitue une « véritable État profond », puisque ses réseaux économiques et sécuritaires « continuent d’agir dans l’ombre » même après la chute d’Omar el-Béchir en 2019, finançant aujourd’hui « le chaos et l’affaiblissement de l’État ».

Il évoque par ailleurs les initiatives renouvelées au sein du Congrès américain,notamment le Muslim Brotherhood Terrorist Designation Act of 2025, un projet de loi obligeant le Département d’État à inscrire le mouvement sur la liste des organisations terroristes, soutenu par une conviction croissante selon laquelle l’idéologie des Frères musulmans constitue « la principale source intellectuelle du terrorisme contemporain ».

Khairawi conclut que tout accord politique au Soudan, y compris la « feuille de route du Quatuor », restera « incomplet » tant que ces structures profondes ne seront pas démantelées. Le véritable danger, selon lui, « ne réside pas dans le retour explicite des islamistes au pouvoir, mais dans leur maintien comme classe de l’ombre contrôlant les leviers de décision ».

L’auteur achève son article en affirmant que l’idéologie des Frères musulmans est « l’antithèse même de l’islam », car ils ont placé « la loyauté envers l’organisation au-dessus de la loyauté envers Dieu ». Il considère que leur désignation comme organisation terroriste constitue une « nécessité nationale pour protéger le concept même de l’État contre l’effondrement » et une étape indispensable vers « la guérison du pays du cancer de l’idéologie ».

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