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Port-Soudan n’est plus sûr pour Al-Burhan

Des milices tribales s'affrontent avec les forces soudanaises dans la ville côtière après des critiques virulentes de leur chef envers des responsables gouvernementaux ayant déménagé dans l'est du Soudan


La ville de Port-Soudan, sous contrôle de l’armée soudanaise, n’est plus sécurisée pour le président du Conseil de Souveraineté, Abdel Fattah al-Burhan, car elle a été le théâtre de violents affrontements lundi soir entre les forces soudanaises et des éléments de milices tribales, selon des témoins, lors des premières batailles dans la ville côtière qui était encore à l’abri de la guerre qui sévit au Soudan depuis avril.

Port-Soudan revêt une grande importance pour al-Burhan, notamment car c’est la ville où il a eu l’opportunité d’effectuer une tournée extérieure pour obtenir du soutien pour ses forces, alors que les aéroports de Khartoum ne sont plus sûrs. De plus, la ville abrite des responsables gouvernementaux qui ont fui la capitale à la suite de l’intensification des combats.

L’attention s’est récemment portée sur la ville côtière après que des responsables du Conseil de Souveraineté ont évoqué la possibilité de former un gouvernement de guerre, ce qui a fait penser à beaucoup que Port-Soudan deviendrait la capitale du nouveau gouvernement si Khartoum tombait complètement aux mains des Forces de Soutien Rapide.

Des observateurs ont interprété le ciblage par l’armée des locaux des ministères souverains et des sites gouvernementaux vitaux comme faisant partie d’un plan visant à transformer la capitale de Khartoum, une fois ses infrastructures détruites, en une ville de Port-Soudan. Cependant, cette dernière s’est avérée aussi peu sûre que le craignait Al-Burhan, et elle est désormais le théâtre de chaos et de combats.

Le commandant des Forces de Soutien Rapide, Mohammed Hamdan Dogolo, également connu sous le nom de « Hemeti », a affirmé que ses forces étaient capables de conquérir l’est du Soudan et de repousser l’armée, mais il a souligné qu’il continuait à nourrir l’espoir de solutions politiques pour épargner au peuple soudanais les conséquences de la guerre.

Depuis le 15 avril, le Soudan connaît un conflit violent entre l’armée dirigée par Al-Burhan et les Forces de Soutien Rapide dirigées par Dogolo.

Un témoin dans la ville donnant sur la mer Rouge a signalé « des échanges de tirs entre l’armée et une milice dirigée par Shibah Darrar », un leader de la tribu Bija au centre de Port-Soudan. Il a déclaré que « des soldats étaient déployés dans la région après le démantèlement des points de contrôle érigés par la milice », tandis que d’autres ont fait état d’un « retour au calme » après une courte période d’affrontements.

Port-Soudan abrite le seul aéroport encore en service au Soudan, et elle accueille des responsables gouvernementaux et des membres de la communauté internationale qui ont fui la capitale, Khartoum, pour échapper aux combats.

Port-Soudan est restée à l’écart de la violence jusqu’à ce que les affrontements éclatent lundi soir.

Au cours des trois dernières semaines, Port-Soudan est devenue une base pour al-Burhan, qui est resté retranché dans le quartier général de l’armée à Khartoum, assiégé par les combattants des Forces de Soutien Rapide.

A présent, le chef de l’armée soudanaise a effectué six voyages depuis Port-Soudan, une initiative que les analystes estiment être une tentative diplomatique visant à renforcer sa position en cas de négociations pour mettre fin au conflit.

Shibah Darrar, qui avait initialement soutenu l’armée au début de la guerre, est revenu sur ses critiques virulentes à l’encontre de responsables gouvernementaux ayant déménagé dans l’est du Soudan, mais il n’a pas annoncé de ralliement à une alliance avec les Forces de Soutien Rapide. Cependant, d’autres tribus de l’est du Soudan ont promis leur soutien à l’armée.

Depuis le début des combats en avril, environ 7 500 personnes ont été tuées, et il est probable que les chiffres réels soient beaucoup plus élevés. Environ cinq millions de personnes ont été contraintes de quitter leurs foyers et de se déplacer à l’intérieur du Soudan ou de traverser les frontières vers les pays voisins, en particulier l’Égypte et le Tchad.

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