Politique

Peut-elle Israël dissuader le Hezbollah ? Des scénarios sombres pour un affrontement potentiel


À mesure que l’intensité du discours entre Tel-Aviv et Téhéran augmente, la ligne bleue séparant le Liban et Israël devient un point focal, et l’idée généralement admise que le moindre affrontement sur ce front pourrait conduire à une guerre totale refait surface.

Cependant, pour la première fois depuis longtemps, la crainte d’une telle guerre est devenue tangible. Les Libanais ont commencé à stocker des produits de première nécessité et à acheter de la nourriture et du carburant en grande quantité.

Certaines nations occidentales ont placé leurs forces en état d’alerte, prêtes à mener des opérations d’évacuation, tandis que d’autres pays ont appelé leurs citoyens à quitter le territoire libanais. Quelques vols commerciaux restent disponibles.

La probabilité d’un affrontement augmente

Selon le magazine américain Foreign Policy, tout le monde au Liban semble s’accorder sur le fait que la probabilité d’une guerre totale avec Israël est plus élevée que jamais depuis le conflit de 2006.

Mais si l’objectif d’Israël est la dissuasion permanente du Hezbollah, une guerre pourrait ne pas être la meilleure stratégie à adopter, selon la source.

Certains estiment que la situation avant l’attaque israélienne contre Gaza, le 7 octobre dernier, était peut-être le meilleur scénario pour Israël, car les frontières étaient pour la plupart calmes depuis la guerre de 2006. Dans le même temps, l’opposition au Hezbollah au Liban se renforçait, surtout après l’explosion du port de Beyrouth.

Une stratégie envisagée par Israël serait de limiter ses attaques aux zones dominées par le Hezbollah, dans le sud du Liban, la banlieue de Beyrouth, et la vallée de la Bekaa.

Une telle stratégie perturberait davantage l’économie libanaise, déjà en ruine, mais l’objectif stratégique principal serait de pousser les partisans du Hezbollah à se déplacer vers d’autres régions, augmentant ainsi les tensions sociales. Les Israéliens pensent que cela pourrait dissuader localement le Hezbollah.

Eran Lerman, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale d’Israël, déclare : « Je m’inquiète pour les partisans chiites du Hezbollah. Beaucoup de gens ont des comptes à régler avec le Hezbollah depuis l’explosion de Beyrouth. »

Selon Lerman, « les Israéliens n’ont rien contre le peuple libanais, et même en cas de guerre à grande échelle, Tel-Aviv s’efforcera de ne pas attaquer les infrastructures libanaises. »

Au cours des dernières années, avec la chute de la monnaie libanaise, la crise économique, et l’explosion du port qui a tué plus de 200 personnes, l’opposition au Hezbollah est devenue plus vocale, y compris au sein d’une partie de la communauté chiite. Mais il n’existe pas de chiffres précis.

Certains analystes pensent qu’il est incertain de savoir comment les Libanais réagiront face à Israël.

Le conflit entre Israël et le Hezbollah a-t-il une fin ?

Selon Foreign Policy, si Israël souhaite créer les conditions favorables à la destruction du Hezbollah par les Libanais eux-mêmes, elle doit d’abord « comprendre comment gérer les armes du Hezbollah et ses partisans sans aller trop loin, ce qui pourrait entraîner l’effet inverse de sa campagne. C’est une tâche difficile. En temps de guerre, il est peu probable que tous les éléments s’alignent parfaitement pour qu’Israël atteigne ses objectifs. »

D’après certaines estimations, le Hezbollah dispose d’environ 20 000 combattants, bien que son leader, Hassan Nasrallah, affirme en avoir 100 000.

Concernant tout scénario où Tel-Aviv bombarderait les zones dominées par le Hezbollah, il y aurait de lourdes pertes en vies humaines, et le front pourrait être entraîné dans une guerre prolongée sans issue claire, avec des attaques du Hezbollah au cœur d’Israël.

Elias Farhat, ancien général de l’armée libanaise, affirme que, bien qu’il soit certain qu’Israël est militairement plus puissant avec ses armes conventionnelles, « le Hezbollah a recours à la guerre asymétrique ».

Le Hezbollah « déploie aussi ses unités dans des cachettes, des tunnels, et des grottes invisibles », selon Farhat, soulignant qu’Israël pourrait ne pas savoir qui est l’ennemi.

L’ancien général estime que « l’invasion complète permettrait au Hezbollah de causer d’importants dégâts au cœur d’Israël, entre Tel-Aviv, Haïfa, et Jérusalem… et nous n’excluons pas que le Hezbollah avance en Galilée. »

Lerman, quant à lui, souligne qu’Israël comprend les coûts potentiels, mais si le Hezbollah ne recule pas – ce qui signifie cesser ses attaques sur Israël et se retirer vers le fleuve Litani, comme convenu dans la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies – alors Tel-Aviv sera obligée de mener une offensive.

L’auteure de l’analyse, Anchal Vohra, conclut qu’une manière de sortir de cette impasse serait de commencer des pourparlers de paix avec les Palestiniens et de résoudre ce conflit. Cela permettrait de régler deux problèmes existentiels en même temps

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