Politique

Pekaks : le secret de la montagne qui abriterait la bombe nucléaire iranienne


Lorsque le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a demandé des explications à l’Iran sur ce qui se trame sous la montagne de Pekaks, la réponse de Téhéran fut tranchante et choquante : « Cela ne vous regarde pas. » Cette déclaration a coïncidé avec des frappes aériennes menées par les bombardiers furtifs américains B-2 contre les principales installations d’enrichissement iraniennes à Fordo et Natanz, utilisant des bombes anti-bunkers de 30 000 livres, dans une opération que le président Donald Trump a qualifiée de « destruction totale du programme nucléaire iranien ».

Évacuation préventive et plan de secours en montagne

Selon le Telegraph, seize camions avaient été repérés devant le site de Fordo avant les frappes. Un expert du programme nucléaire iranien a révélé que le régime avait transféré de grandes quantités d’uranium hautement enrichi vers un site secret avant les bombardements.

D’après Sima Shine, ancienne responsable au sein de la sécurité israélienne, Téhéran cacherait des installations renfermant des centaines, voire des milliers de centrifugeuses avancées capables de produire de l’uranium à usage militaire.

Toujours selon le journal, l’installation de Pekaks, située sous la montagne Kuh-e Kolang Gaz La, à environ 145 km au sud de Fordo et près de Natanz, pourrait être ce site secret alternatif. Ce complexe, encore en construction, a connu d’importantes extensions secrètes et renforcements défensifs ces quatre dernières années.

Inquiétude croissante et matériaux non déclarés

En avril dernier, Rafael Grossi a confirmé que l’AIEA avait demandé des éclaircissements sur les activités menées sur ce nouveau site montagnard, sans obtenir de réponse satisfaisante.

Grossi a indiqué que l’utilisation possible de ces tunnels pour stocker des matériaux nucléaires non déclarés ne pouvait être exclue, et a appelé à autoriser l’accès des inspecteurs dès que possible pour évaluer les stocks d’uranium enrichi.

Le président français Emmanuel Macron a, de son côté, mis en garde contre un risque accru que l’Iran tente de poursuivre l’enrichissement dans le secret, dans un contexte de trêve fragile avec Israël imposée par l’intervention de Trump.

Frappes américaines limitées et crainte d’une course aux armements

Un rapport secret du renseignement américain a révélé que les frappes n’avaient pas détruit entièrement les installations, contrairement aux affirmations de Trump. Seuls deux sites ont été temporairement désactivés, sans effondrement des structures souterraines, ce qui signifie que l’Iran conserve la majorité de ses matériaux et pourrait fabriquer une bombe d’ici six mois.

Face à cela, le Parlement iranien a voté mercredi la suspension de la coopération avec l’AIEA, accentuant l’inquiétude internationale.

Pekaks, la nouvelle forteresse nucléaire

Des analystes estiment que l’Iran pourrait intensifier la production d’uranium à Pekaks, une installation souterraine renforcée.

Behnam Ben Taleblu, expert à la Fondation pour la défense des démocraties, a déclaré que la question centrale est désormais de savoir si l’Iran a déjà stocké des matières fissiles à Pekaks ou ailleurs.

Des images satellites révèlent de nouvelles extensions sur le site, renforçant l’hypothèse qu’il s’agisse d’un site de remplacement pour l’enrichissement. Les experts estiment que sa taille et sa profondeur pourraient dépasser les capacités de Fordo.

Le site comprend quatre entrées de tunnel, contre seulement deux à Fordo, et pourrait atteindre plus de 100 mètres de profondeur, contre 60 à 90 mètres pour Fordo, rendant l’action des bombes anti-bunkers plus difficile.

Des armes conventionnelles inefficaces à ces profondeurs

Malgré l’usage de bombes américaines GBU-57 capables de pénétrer 60 mètres de sol, la profondeur de Pekaks pourrait dépasser cette capacité.

Roel Marc Gerecht, expert en sécurité, estime que ce nouveau complexe est conçu pour offrir à l’Iran une infrastructure nucléaire quasi indestructible, même face aux armes les plus puissantes de l’US Air Force.

Il ajoute que la construction de nouveaux tunnels et la mise en place d’un périmètre de sécurité rendent toute opération de sabotage ou d’infiltration de commandos extrêmement complexe, comme cela avait été tenté avec le Hezbollah.

Stratégie iranienne de dispersion et de résilience

Le site de Fordo, construit en secret, avait été dévoilé en 2009 par les renseignements occidentaux, ce qui avait conduit à de lourdes sanctions et joué un rôle central dans l’accord de 2015, qui imposait la conversion du site en centre de recherche.

L’Iran a repris l’enrichissement à Fordo après le retrait américain de l’accord en 2018, et a même porté l’enrichissement à 60 % après l’attaque de Natanz en 2021, frôlant le seuil de 90 % nécessaire à la fabrication d’armes nucléaires.

Des rapports de renseignement indiquent que l’Iran suit une stratégie de « dispersion » de ses capacités nucléaires pour assurer la continuité du programme en cas d’attaque.

L’Institut pour la science et la sécurité internationale estime que des milliers de centrifugeuses avancées pourraient être installées à Pekaks, rendant le programme quasiment ininterrompu même après une frappe.

La direction iranienne : la bombe n’est plus exclue

Ali Shamkhani, conseiller du guide suprême Ali Khamenei, a affirmé que « le jeu n’est pas terminé », même en cas de destruction des sites, car les matériaux, les connaissances et la volonté politique subsistent.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Majid Takht-Ravanchi a rejeté les exigences internationales, déclarant : « Personne ne peut nous dicter ce que nous devons faire. »

L’Iran semble donc déterminé à activer au plus vite le site de Pekaks, renforçant sa sécurité, tandis que les observateurs redoutent que, face à une menace existentielle, Téhéran abandonne son discours officiel sur le nucléaire civil et se dirige vers l’arme nucléaire.

Escalade militaire et course à l’arme nucléaire

Pendant 12 jours, l’Iran et Israël ont échangé des frappes, jusqu’à ce que Trump ordonne une attaque inédite contre le programme nucléaire iranien.

Téhéran a riposté en visant la base américaine d’Al-Udeid au Qatar, la plus grande du Moyen-Orient, également utilisée par la Royal Air Force britannique, provoquant la fermeture de l’espace aérien au-dessus du Golfe.

Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu par Trump, Israël a poursuivi ses frappes en territoire iranien. Furieux, Trump a téléphoné à Netanyahou pour exiger le respect de la trêve, déclarant ensuite : « L’Iran et Israël ne savent même plus ce qu’ils font. »

Face à cette escalade et une trêve fragile, la direction iranienne pourrait considérer que le régime est désormais en danger existentiel — ouvrant la voie à une véritable course à l’arme nucléaire.

 

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