Grand Maghreb

Marzouki condamné à 22 ans de prison pour des accusations liées à la sûreté de l’État


Un tribunal tunisien a prononcé, vendredi, une peine de 22 ans de prison par contumace à l’encontre de l’ancien président Moncef Marzouki, de son ancien conseiller Imed Daïmi, ainsi que de l’ancien bâtonnier des avocats, Abderrazak Kilani, pour des accusations liées à l’atteinte à la sûreté de l’État.

Dans une autre affaire distincte, un autre tribunal a condamné le dirigeant du mouvement Ennahdha, Sahbi Atig, à 15 ans de prison dans une affaire de blanchiment d’argent.

Marzouki, qui a dirigé la Tunisie de 2011 à 2014, est l’un des critiques les plus virulents du président Kaïs Saïed, qu’il accuse de démanteler les institutions démocratiques de l’État depuis sa décision de dissoudre le Parlement en 2021 et de gouverner par décrets, concentrant ainsi l’essentiel des pouvoirs entre ses mains.

Le président Saïed justifie ses mesures comme nécessaires pour restaurer la stabilité dans un pays en proie à des crises politiques et économiques chroniques.

Il s’agit de la troisième condamnation par contumace contre Marzouki, après deux précédentes peines de quatre et huit ans de prison dans des affaires distinctes.

Dans sa première réaction à ce nouveau jugement, Marzouki a déclaré : « Je dis à ces juges : vos verdicts sont nuls et vous êtes illégitimes… Vous serez jugés à votre tour. » Il a également publié sur sa page Facebook : « La démocratie reviendra. »

Plus tôt dans la journée de vendredi, un autre tribunal avait prononcé une peine de 15 ans de prison contre Sahbi Atig pour blanchiment d’argent, selon son avocat.

Le porte-parole du tribunal de première instance d’Ariana, Yassine Marzouk, a indiqué que « quatre autres accusés » avaient également été condamnés, avec des peines allant d’un à quinze ans de prison, et des amendes comprises entre 3 000 et 60 000 dinars tunisiens (environ 1 000 à 20 000 dollars).

Les accusations incluaient la constitution d’un réseau en vue de blanchir de l’argent, la détention illégale de devises étrangères, l’incitation à faux témoignage et la participation à la dissimulation de preuves avant leur saisie par les autorités.

Les faits remontent à 2016, lorsque d’importantes sommes d’argent en dinars et en devises étrangères ont été découvertes dans une maison louée par un responsable du mouvement Ennahdha, en référence à Sahbi Atig.

De son côté, Zineb Maraihi, épouse d’Atig, a nié les accusations sur Facebook, les qualifiant de « mensongères et montées de toutes pièces ». Elle a affirmé que « l’accusation repose sur une plainte de vol déposée en 2016, alors que les enquêtes ont prouvé que son mari n’avait aucun lien avec l’argent volé ni avec la maison concernée ». Elle a ajouté que « tous les témoignages, y compris ceux de membres des forces de l’ordre, ont prouvé son innocence ».

Ces jugements s’inscrivent dans une vague de poursuites visant des opposants politiques. En avril dernier, un tribunal tunisien avait déjà prononcé des peines allant jusqu’à 66 ans de prison à l’encontre de plusieurs leaders de l’opposition, avocats et hommes d’affaires accusés de complot contre la sûreté de l’État.

La majorité des dirigeants politiques d’opposition sont actuellement emprisonnés, parmi eux Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, et Rached Ghannouchi, chef historique du mouvement Ennahdha, deux figures majeures de l’opposition à Kaïs Saïed.

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