Macron ne s’excusera certainement pas auprès de l’Algérie pour les années de colonisation
Le président français Emmanuel Macron a mis fin à des prédictions qui, dans le sillage de la convergence entre la France et l’Algérie sur la question de la mémoire et de la possibilité qu’il présente lui-même des excuses pour les années de colonisation et les crimes qu’il a commis contre les Algériens, alors que le passé colonial est au cœur des tensions entre les deux pays et jette une ombre sur une relation agitée, surtout si des signes sont apparus au cours des derniers mois indiquant qu’ils entreront dans une nouvelle phase, plus solide, après la crise précédente.
Macron, dans une longue interview donnée à Kamel Daoud et publiée dans l’hebdomadaire français « Le Beau-Temps » mercredi soir, a affirmé qu’il ne demandera pas aux Algériens « pardon » pour la colonisation française de leur pays, mais qu’il espérait recevoir son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune à Paris cette année afin de continuer à travailler ensemble sur le dossier de la mémoire et de la réconciliation.
La question des excuses présentées par la France pour son passé colonial en Algérie (1830-1962) est au cœur des relations bilatérales et des incohérences récurrentes entre les deux pays.
Et Macron a dit, « Vous n’avez pas besoin de demander la permission, ce n’est pas le but. Le mot va rompre tous les liens, expliquant que « le pire qui puisse arriver est de dire pardon et que chacun d’entre nous est sur son chemin », soulignant que « l’action de la mémoire et de l’histoire n’est pas une simple abstraction de calcul, c’est tout le contraire ».
Le travail de mémoire et d’histoire « implique la reconnaissance du fait que, dans ce contexte, des choses indescriptibles, des choses incompréhensibles, des choses qui ne sont pas démontrées, des choses qui peuvent être impardonnables ».
L’évocation de la colonisation française (1830-1962) et la guerre sanglante de libération déclenchèrent un intense antagonisme entre les deux pays à l’automne 2021, à la suite des répressions de Macron. À cet égard, le président algérien a déclaré que « la France doit se libérer du complexe du colonialisme et de l’Algérie du complexe du colonialisme ».
En 2020, l’Algérie a reçu avec enthousiasme un rapport rédigé par l’historien français Benjamin Stora à la demande de Macron, appelant à une série d’initiatives en faveur de la réconciliation entre les deux pays. Le rapport ne contient aucune recommandation tendant à présenter des excuses ou à exprimer des regrets, ce que l’Algérie n’a cessé de demander.
Le président français a déclaré « J’espère que le président Tebboune sera en mesure de venir en France en 2023 pour poursuivre une amitié sans précédent » après la visite de Macron en Algérie en août 2022.
En réponse à une question sur la question de savoir si cette visite imminente de Tebboune en France pourrait être suivie par la participation du Président invité à une cérémonie en l’honneur de l’Émir Abdelkader d’Algérie au cimetière des héros de la résistance coloniale d’Amboise (sud-ouest de Paris), Macron a déclaré qu’un tel moment serait « un moment très beau et très puissant », ajoutant « j’espère que cela arrivera ».
Macron considérait que l’organisation d’une telle cérémonie aurait un sens dans l’histoire du peuple algérien. Pour les Français, ce sera l’occasion de comprendre des vérités souvent cachées.
L’Émir Abdelkader (1808-1883) est arrêté à Amboise avec plusieurs membres de sa famille de 1848 à 1852.
Macron multiplie les initiatives dans le dossier mémoire, en reconnaissant la responsabilité de l’armée française dans l’assassinat du mathématicien Maurice Audin et de l’avocat national Ali Boumendjel lors de la « Bataille d’Alger » en 1957, et en dénonçant les « crimes injustifiés » commis par l’armée française lors du massacre des contestataires algériens à Paris le 17 octobre 1961.
Mais les excuses de l’Algérie pour sa colonisation ne sont jamais venues, ce qui a déjoué les initiatives de Macron et aggravé l’incompréhension entre les deux parties.
Le voyage que le président français a effectué en Algérie en août dernier a permis de remettre les relations bilatérales sur les rails après la crise qui a enflammé les déclarations qu’il a faites en octobre 2021 dans lesquelles il accusait le « système politique militaire » algérien de créer une « rente de mémoire » et aussi remis en question l’existence de la nation algérienne avant le colonialisme.
Lors de son entretien avec Le Point, Macron admet que ces déclarations étaient erronées. Il déclare: « Ce n’est peut-être pas une expression maladroite qui a blessé les sentiments » des Algériens, tout en estimant que « ces moments de tension nous apprennent.. Vous devez savoir comment rajouter votre main ».
En décembre 2022, le président algérien a clairement laissé entendre que les relations avec la France s’étaient calmées après des mois de tensions, mais le prix de la détente est encore loin d’être évident, alors que de nombreux dossiers litigieux entre les deux pays sont en suspens.
Il a salué ce qu’il a appelé les nouvelles « relations de confiance » entre la France et l’Algérie, ainsi que sa « amitié mutuelle » personnelle avec le président Emmanuel Macron, un signe supplémentaire du renouveau de relations bilatérales souvent tumultueuses.
Dans un entretien avec le journal Le Figaro, il a souhaité à la France une « nouvelle ère » six mois après la visite de son homologue français à Alger. Il a également annoncé qu’il se rendrait en France en 2023.
Il a déclaré: « Nous avons un certain accord » avec le chef de l’État français, en ajoutant: « Je vois là l’incarnation d’une nouvelle génération qui peut sauver les relations entre nos deux nations », et en ajoutant: « Nous avons une amitié mutuelle ». Bien sûr, lui et moi avions des formules malheureuses, mais c’était la première fois qu’il me semblait qu’il existait une telle relation de confiance entre nos deux pays.
Les deux chefs d’État ont repris leur coopération dans une déclaration conjointe signée à une grande émotion, ce qui a notamment ouvert la voie à l’assouplissement du régime des visas accordé à l’Algérie, en échange d’une coopération accrue de l’Algérie dans la lutte contre l’immigration illégale.
Macron, qui se prépare à se rendre à Rabat, appelle à « apaiser » les tensions entre l’Algérie et le Maroc, excluant ainsi toute guerre entre les deux voisins ennemis.
L’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant Rabat d’ « actes d’hostilité », dans une décision qu’il considérait « totalement injustifiée ».
La visite prévue au Maroc de Macron par le Président français, M. Emmanuel Macron, au cours des premiers mois de l’année, est susceptible de donner un aperçu d’une feuille de route pour le renforcement des relations entre la France et le Maroc.
La diplomatie marocaine s’est engagée sur plusieurs fronts pour que la correction des relations soit solide et s’appuie sur un certain nombre d’exigences pressantes, notamment la position française explicite sur le dossier du conflit du Sahara marocain et la restitution des archives coloniales revendiquées par Rabat comme faisant partie d’une étape importante de l’histoire du Royaume, tandis que les dossiers de partenariat économique et sécuritaire feront également l’objet d’un débat qui s’ouvrira sur l’impact des étapes de la réconciliation en cours.