M23 et exécutions sommaires : le visage le plus sanglant du conflit à l’est du Congo

Un rapport de Human Rights Watch a récemment déclenché une nouvelle vague d’inquiétude internationale. Il y est révélé que le mouvement du 23 mars (M23) a exécuté 21 civils dans la ville de Goma, à l’est de la République démocratique du Congo. Au-delà de la gravité des violations, c’est la direction inquiétante que prend le conflit qui suscite les plus vives préoccupations.
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Selon ce rapport, les exécutions ont eu lieu en l’espace de deux jours en février dernier. Certaines victimes ont été retrouvées mortes près de chantiers de construction, à proximité de camps militaires, tandis que d’autres ont été abattues alors qu’elles tentaient de fuir des arrestations de masse.
Ces événements ne semblent pas être des actes isolés, mais plutôt le reflet d’une pratique systématique de la violence sur le terrain, en violation flagrante du droit international humanitaire et des droits humains.
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La violence comme outil de domination
Ces exécutions sommaires s’inscrivent dans une stratégie plus large mise en œuvre par le M23, visant à imposer son autorité par la terreur, notamment dans les zones où l’armée congolaise était auparavant présente.
Le calendrier de ces actes n’est pas non plus anodin : ils ont coïncidé avec une intensification des combats, au cours de laquelle le groupe a pris le contrôle des villes de Goma et Bukavu, provoquant la mort de milliers de personnes et le déplacement de centaines de milliers de civils.
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Accusations extérieures
Le gouvernement congolais et plusieurs organisations internationales accusent régulièrement le Rwanda de soutenir le M23 en fournissant des armes et un appui logistique ou politique. Kigali rejette fermement ces accusations, affirmant que la crise est le résultat d’un échec interne de Kinshasa à gérer ses propres conflits.
Ces soupçons trouvent cependant un écho dans divers rapports onusiens, qui évoquent des preuves indirectes d’un soutien structuré, notamment face à l’évolution rapide de l’arsenal et des capacités militaires du M23. Toutefois, des enquêtes indépendantes et transparentes restent nécessaires pour établir les faits de manière crédible.
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L’impunité persiste, les craintes grandissent
L’absence de réaction efficace, tant sur le plan régional qu’international, face à l’expansion du M23, renforce un sentiment d’impunité. Depuis début 2025, les signalements de violations se sont multipliés sans réponse concrète ni mesures dissuasives.
Des organisations de défense des droits humains s’inquiètent de voir les exécutions sommaires devenir une pratique récurrente, alors que la confiance entre les civils et les groupes armés est pratiquement inexistante, et que la mission de l’ONU (MONUSCO) peine à assurer une protection efficace.
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Human Rights Watch appelle à des poursuites pénales contre les responsables de ces violations — une exigence qui dépasse le cadre moral pour devenir une nécessité sécuritaire et politique, afin de prévenir la répétition de telles atrocités dans d’autres régions du pays.